Le Pingouin


Bon j'avoue, Le Pingouin n'est pas réellement un roman russe puisqu'il se déroule à Kiev, mais l'Ukraine a longtemps fait partie de l'URSS, donc cette petit entorse géographique n'est pas bien grave. Que dire de son auteur, Andreï Kourkov ? Qu'il a été gardien de prison et qu'il a commencé à distribuer presque artisanalement ses romans à ses débuts ? Ça serait un peu court, mais je ne suis pas biographe.

Le Pinguoin raconte l'histoire d'un mauvais écrivain qui n'arrive pas à être journaliste. Il trouve un emploi de biographe pour un journal de Kiev. Mais les nécrologies que rédige notre héros ont une particularité : elles concernent des gens vivants. Ses textes attendent avec impatience que d'importantes personnalités ukrainiennes daignent décéder pour enfin connaître la gloire de la publication. Mais quand les morts commencent à tomber comme des mouches, la donne change du tout au tout.

Andreï Kourkov s'amuse énormément avec l'absurde post-soviétique. Son héros est par exemple lié à un pinguoin qu'il a récupéré dans le zoo de Kiev quand la municipalité n'avait plus les moyens de nourrir ses animaux. Du coup, ils partagent leurs solitudes dans une étrange cohabitation silencieuse. Le Pinguoin n'est pas un roman d'aventure ou d'espionnage (encore que...) : c'est une allégorie sur les incohérences de la vie slave moderne. Les personnages de Kourkov sont faibles mais une fois de plus très éloignés des clichés occidentaux sur la Russie. La réputation de génie qui entourre Kourkov est un peu galvaudée à mes yeux, mais il faut avouer que Le Pinguoin est attachant.

À noter qu'il existe une suite à ce roman et qu'Andreï Kourkov a signé d'autres oeuvres très critiques sur l'ex-bloc soviétique.

Commentaires