38, rue Petrovka


38, rue Petrovka des frères Vaïner n'est pas tout jeune : ce polar a été écrit en 1975. Le livre a été un tel succès en Russie qu'il est devenu une série télévisée à succès, une sorte de NYPD Blues moscovite. Le numéro 38 de la rue Petrovka correspond grosso modo au 36, quai des Orfèvres parisien. Dans ce quartier général de la Milice, des hommes et des femmes tentent d'éradiquer le crime de l'utopie communiste. Car les criminels sont considérés comme la pire menace contre-révolutionnaire : ils profitent du bien commun en cultivant un individualisme égoïste au possible. Nous sommes en 1945 et la guerre a pris à la Milice ses meilleurs hommes dans le combat contre le fascisme. De officiers démobilisés du front sont donc mutés à la Milice pour redonner du sang neuf à l'institution. Ces militaires sans grande formation juridique doivent apprendre rapidement la vie de flic au contact des miliciens vétérans. Et justement, les vols et les meurtres attribués à une bande organisée insaisissable est l'occasion pour le jeune héros, Chaparov, de basculer de l'héroïsme du front à la réalité de la rue.

Comme souvent dans les romans écrits par des Russes, le réalisme social de la vie au quotidien est saisissant de réalisme et d'immersion. Les moyens pour l'enquête sont réduits, la tâche est vaste et la vie à la Milice est complexe. L'intrigue est simple, mais le traitement pragmatique de l'enquête est agréable et minutieux. Le traducteur aurait toutefois dû mettre des notes de bas de page pour expliquer certains points obscurs pour un lecteur occidental. Mais si vous avez aimé L'Évangile du bourreau, des mêmes auteurs, alors ce classique de la littérature policière vous intéressera.

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