Caryl Férey : polars maoris


Lorsque nous avons initié ce blog, notre but, à Cédric et moi, était de choisir les critiques que nous faisions en fonction de leur intérêt pour des rôlistes. On pourrait dire qu'il s'agissait d'une sorte d'hommage inconscient à l'Inspi Universalis du défunt Casus Belli, que tenait Tristan Lhomme. Avec le temps - et la raréfaction de mes billets - ont commencé naturellement d'apparaître des coups de coeur. Les livres de Férey appartiennent à cette catégorie : il ne s'agit pas plus d'inspis,que n'importe quel ouvrage de bonne littérature. S'ils se situent en Nouvelle-Zélande, ils alimenteront autant le MJ en infos sur le pays que la lecture de Wikipedia ou le visionnage de l'Âme des guerriers. L'exotisme n'est donc pas le prétexte de leur existence, à la différence des trop nombreuses variations ethniques et/ou historiques que nous propose en ce moment le marché du polar. Et d'ailleurs, il ne s'agit pas de polars mais de romans noirs : l'intrigue policière n'est que le fil directeur du cheminement des personnages, ou plutôt de leur chute. Dans ces romans, la tension est palpable tout au long de l'intrigue et les deux protagonistes du diptique sont hallucinants de magnétisme et de puissance.

S'ils peuvent se lire tous les deux dans n'importe quel sens, autant les prendre dans l'ordre chronologique : dans Haka, Fitzgerald, un commissaire d'origine maori incontrôlable et hanté par la disparition, 30 ans plus tôt, de sa femme et de sa fille, poursuit un serial killer. Cette enquête lui fera découvrir des aspects insoupçonnés - ou maintenus dans l'ombre - de la société néo-zélandaise moderne. Dans Utu, un ancien adjoint de Fitzgerald, flic blanc spécialiste de la culture maorie, est rappelé de sa retraite pour enquêter sur des aspects laissés de côté lors de l'enquête précédente. Ce flic complètement cramé aux drogues va lever une piste brûlante qui mettra là aussi en lumière la société de son pays. Dans les deux cas, les maoris, composante essentielle de la nation, sont complètement liés à la trame, mais il ne faut pas s'attendre à un exposé didactique ou une mise en valeurs des clichés associés (tatouages, hakas, etc.).
S'ils sont violents, ces livres sont beaucoup moins sordides et malsains que ceux de Grangé et ses imitateurs - sans compter qu'ils sont superbement écrits, et que leurs scénarios tiennent la route, deux qualités auxquelles les livres de Grangé ne peuvent prétendre.

Un nouveau polar de Férey, Zulu, consacré cette fois-ci à l'Afrique du sud, vient de sortir. Autant dire que je vais le lire à la première occasion.

Commentaires

  1. D'ailleurs, pour faire le lien avec le JdR (en dehors de COPS) : existe-t-il un jeu qui mette en avant la culture maorie ? Je ne parle pas d'un L'âme des guerriers RPG (encore que...) mais d'un jeu qui parlerait de l'âge d'or des maoris : des pirogues, des tatouages magiques, des guerres entres îles, des légendes océaniques, des dieux lointains...

    Merci pour cet éclairage polar maori, je vais aller chercher ça chez mon dealer.

    On glisse de lus en plus de la fantasy au polar...

    Cédric

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  2. Il me semble qu'à un moment traînait un JdR amateur sur le modèle de "Premières légendes", qui parlait de la Polynésie ? OK, c'est pas maori à proprement parler, mais on se rapproche. Et puis, les tahitiens, après avoir lu "le couloir de la pieuvre" d'Olivier Descosse, je sais maintenant qu'ils peuvent être aussi hargneux que les maoris.
    Par contre, Descosse, même si on transforme notre blog en critiques polars, je vais pas en faire la critique : ca fait partie des clones de Grangé auxquels je faisais allusion.

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  3. Je viens de terminer Utu.
    Très fort. Très très fort, même.
    Comme par hasard, il y avait un spécial Nouvelle-Zélande à Thalassa ou Faut pas rêver sur TV5 Monde ce qui fait que ma lecture a été nourrie d'images superbes.

    Je continue de rêver soit d'une version maori de Wyrd is bond, soit d'un jeu bourré de mokos, de mana et de haka...

    D'ailleurs, il faut que je trouve Haka, maintenant.

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  4. Content que tu aies aimé ! Tu me diras des nouvelles de Haka. :)

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