Ravenor


Je vous ai parlé il y a quelques lunes de Eisenhorn, la trilogie inquisitrice phare de Dan Abnett. Et bien il est temps de parler de Ravenor, le spin-off d'Eisenhorn, toujours par le même auteur.

Ravenor était déjà un personnage de la première trilogie. Sans vous spoiler, disons qu'il disparaissait de la saga à la suite d'un gros accident. Et comme dans les meilleurs soaps, le personnage n'est pas mort, il a survécu à la catastrophe. Enfin, survécu, c'est vite dit. Ravenor n'est plus qu'une montagne de tissus cicatriciels, de moignons et de brûlures. Il vit désormais dans une sorte de caisson de protection qui ressemble à une chaise. Mais il a d'énormes capacités de psyker. Alors il peut suivre télépathiquement ses sbires, voire même prendre temporairement le contrôle de leur corps quand le plan A part en sucette et qu'il faut passer au plan B (celui avec le minigun et les grosses explosions). Du coup, Ravenor n'est pas un clone sans saveur d'Eisenhorn. Certes les deux sont inquisiteurs et psykers, mais là s'arrête la comparaison. Le roman Ravenor est moins moraliste que son prédécesseur.

L'intrigue ? Oh, le prétexte est cette fois de remonter un trafic de drogue jusqu'au producteur à l'origine de tout ce merdier. Infiltration, enquête, pouvoirs psy et coups de feu à gogo. Les acolytes de Ravenor sont variés, et c'est là le bémol que je mets à ce roman. Comme dans Eisenhorn, Dan Abnett veut étourdir le lecteur avec un éventail de personnages, mais du coup il n'a pas la place pour développer de belles intrigues secondaires ou un semblant de profondeur psychologique chez ses seconds couteaux. Alors une fois de plus, les protagonistes manquent cruellement de relief et sont un brin caricaturaux : le gros bourrin de service qui collectionne les armes lourdes, la fille assassin acrobate et méfiante, la psyker, le type un peu précieux qui manque de courage... Le tout sans un brin de sentiment (ou alors de vagues allusions genre "eux deux, c'est des ex"), ce qui confère au récit une froideur émotionelle malvenue. Je ne réclame pas des coucheries à tous les étages, mais un peu de mélodrame, ça ferait pas de mal entre deux fusillades.

L'univers de Warhammer 40,000 est toujours aussi bien brossé par Dan Abnett et le lecteur en quête de repère et de background sera heureux d'en apprendre un peu plus sur les cités-ruches, les planètes d'élevage, la vie dans l'espaaace. Il y a peu ou prou pas de Chaos, de xenos et Space marines dans ce roman, ce qui n'est pas un mal. Ce n'est bien évidemment que l'introduction d'une intrigue plus vaste qui se poursuit dans d'autres romans, mais je trouve ce roman d'ouverture plus agréable qu'Eisenhorn. Ça reste une collection de scènes d'action justifiées par des enquêtes très légères, mais je trouve ça moins brut de décoffrage que les premiers romans sur l'Inquisition de l'auteur.

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