Stalin's ghost


J'ai une tendresse particulière pour le personnage d'Arkady Renko. Il est, avec Harry Bosch, l'un des flics que j'ai le plus de plaisir à retrouver. Mais si Michael Connelly propose une vingtaine de romans se déroulant dans le boschivers, Martin Cruz Smith est lui moins prolifique avec les enquêtes de son personnage (6 romans à date).

J'avais parlé de la précédente enquête d'Arkady Wolfes eat dogs qui mettait en avant le décor post-apocalyptique de Tchernobyl. Stalin's ghost débute à Moscou avec une étrange affaire d'apparition dans le métro moscovite : des témoins affirment avoir vu Staline. En pleine période électorale, c'est le genre de fait divers qui attire l'attention et l'enquête finit par être attribuée à Renko. Mais ce n'est pas tout : une poignée de morts domestiques, des menaces sur un maître des échecs, des échos de la guerre de Tchétchénie, une vie amoureuse qui se délite, un enfant adoptif en cavale... On ne peut pas dire que c'est la joie pour Arkady qui va se mettre, comme toujours, sa hiérarchie à dos pour aller au fond des choses.

J'ai adoré les termes abordés dans ce roman. On en apprend plus sur le père de Renko, ce général intraitable qui était proche de Staline. De manière générale, la seconde guerre mondiale est très présente dans cette histoire, mais je ne tiens pas à vous dévoiler toutes les surprises. Le thème de la Russie moderne hantée par son passé communiste n'est pas originale, j'en conviens aisément, mais Martin Cruz Smith n'est pas du genre à brader ce thème comme dans un mauvais roman d'espionnage à la Tom Clancy.

Pourtant, malgré les qualités indéniables de ce nouvel opus, j'ai été très chagriné par un passage du livre. Disons pour ne pas vous spoiler qu'Arkady est à un moment miraculeusement sauvé par l'auteur par un deus ex machina assez indigne de la qualité d'écriture habituelle du romancier. C'est non seulement énormément absurde comme explication (même si c'est scientifiquement justifiable), mais ça n'apporte rien ni à l'intrigue ni au personnage. C'est juste un évènement très artificiel (pour les curieux qui n'ont pas peur d'être spoilés Arkady prend une balle dans la tête et s'en sort sans réelle séquelle) qui est censé pimenter un récit pourtant déjà bien assez relevé à mon goût.

Bien que non Russe, Martin Cruz Smith reste un très grand évocateur de la Russie actuelle. Il n'abuse pas des clichés sur les nouveaux russes ou la mafia, il s'amuse avec certains moments historiques qui restent habituellement dans l'ombre. J'espère qu'Arkady Renko a encore quelques belles enquêtes qui l'attendent.

Commentaires

  1. Bon, il va vraiment falloir que je me penche sur cet auteur...

    RépondreSupprimer
  2. Gorky Park est un moyen simple pour savoir si on accroche ou non à Martin Cruz Smith. C'est un polar très 80's.

    Ça fait 25 ans qu'Arkady Renko existe, du coup il a été témoin des différentes ères récentes de la Russie. Le monde change, mais pas Arkady.

    RépondreSupprimer
  3. L'adaptation ciné de Gorky Park, par Michael Apted avec William Hurt et Lee Marvin, reflète assez bien le livre. Même s'il ne peut pas entrer dans autant de détail que le fait le roman.

    A mes yeux, le meilleur des romans mettant en scène Arkadi Renko est "Polar Star / L'étoile polaire". Un thriller particulièrement inventif, ayant pour cadre principal un navire-usine de pêche soviétique dans les eaux grises et brumeuses du grand Nord Pacifique.

    Xaramis, fan de

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire