The secret history of Moscow


Ça commence comme le mélange parfait :
- une couverture qui met en scène deux corbeaux,
- un livre d'urban fantasy qui prend pour décor Moscou,
- un commentaire très élogieux de Neil Gaiman qui dit que c'est un peu le Neverwhere moscovite.
300 pages plus tard, c'est la déconfiture.

L'histoire débute dans un Moscou des années 90. Des gens disparaissent et se transforment en oiseaux. C'est mal. Une schizophrène, un flic et un alcoolique s'unissent pour découvrir ce qui se passe et leur enquête les mène très rapidement dans un monde souterrain en dessous de Moscou. Un lieu étrange, où les résidents de l'endroit ne vieillissent pas. Il y a là des gens qui viennent de la surface, comme les héros, mais surtout des dieux anciens et des êtres féériques issus du folklore. Et un peu comme dans Le magicien d'Oz, nos trois amis parcourent ce monde étrange en faisant des rencontres hallucinantes. Ils discutent avec une vache sacrée, ils tchatchent avec des oiseaux, ils parlotent avec des entités païennes... Ils cherchent à la fois un moyen de revenir à la surface et une explication à la transformation de certains Moscovites en oiseaux.

Le hic, c'est que le lecteur n'en a rien à foutre. Le décor souterrain, cette mystérieuse prison pour anciens dieux russes, est totalement vide. Aucune description inspirée, aucune envergure. C'est aussi excitant qu'un cours magistral de droit municipal un lendemain de nuit blanche. Les personnages rencontrent des dieux ou des créatures folkloriques, d'accord. Mais ce sont des entités pratiquement inconnues de notre côté du rideau de fer. Il y a sans doute des allusions subtiles à des contes pour enfants, une superbe allégorie néo-pagano-stalinienne derrière tout ça, mais ça m'a totalement échappé. J'ai juste vu des héros (peu intéressants au demeurant) parler avec une créature qui leur dit d'aller voir une autre déité qui leur dit d'aller voir une autre divinité. Je n'ai pas perçu d'angoisse ou de danger pour les protagonistes, leur quête me paraissait tellement artificielle.

Bref, The secret history of Moscow d'Ekaterina Sedia, c'est pas ça. Malgré les deux corbeaux sur la couverture, le pitch urbano-moscovite et l'enthousiasme de Gaiman.

À moins que j'ai définitivement perdu mon âme d'enfant, mon petit cœur sensible qui veut croire aux contes de fée malgré le cynisme ambiant. Mouais, ça doit être ça...

Commentaires

  1. Anonyme14/10/08

    Ca m'a laisse froid aussi. £8 que je ne reverai pas. C'est pas toi, c'est nul.

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  2. Merci de me rassurer.

    L'urban fantasy demande une capacité minimum de la part du lecteur à se laisser émerveiller. Mais il faut quand même que l'auteur fasse un effort pour rendre son récit intéressant.

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  3. avec des corbeaux sur la couv tu aurais pu te douter que le ramage ne vaudrait pas le plumage...

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  4. "Le hic, c'est que le lecteur n'en a rien à foutre."

    Ca ferait un bon titre de roman policier ça...

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  5. Anonyme16/10/08

    Encore une promotion disproportionnée par rapport au contenu réel ! Moi aussi, je préfère quand l'histoire va quelque part, quand il y a un enjeu.

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  6. Je dois dire que perso, j'ai bien aimé. Suffisament pour acheter son dernier roman, que j'ai également apprécié.

    C'est vrai qu'il n'y a pas vraiment d'enjeu, voir pas du tout. Mais ce n'était pas spécialement ce que je recherchais, et on ne peut pas dire que l'auteur mente sur la marchandise. On voit rapidement que l'intrigue principale n'est qu'une excuse pour raconter les histoires des différentes protagonistes secondaires, et par ce biais, donner un aperçu de la vie d'une génération russe (celle de l'auteur), à la fin du 20ème siècle. Après, que le lecteur s'en foute, je le conçois parfaitement :)

    Concernant la "promotion disproportionnée", je crois qu'il faut *légèrement* relativiser. Comparez le nombre de hits pour "The Secret History of Moscow" et par exemple "Toll the hounds" sur Google...c'est plus que raisonnable.

    bref, your mileage may vary...

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  7. > et par ce biais, donner un aperçu de la vie
    > d'une génération russe (celle de l'auteur), à
    > la fin du 20ème siècle. Après, que le lecteur
    > s'en foute, je le conçois parfaitement :)

    J'adore le point de vue social des romans, surtout sur la Russie. J'ai lu un quintal de livres qui parlaient du quotidien moscovite et j'aime ça. Mais je trouve que ce livre là ne réussit pas son pari. L'aspect urban fantasy m'a déplu dans son traitement et l'approche sociale n'est pas une réussite de mon point de vue. Bref, je préfère un bon livre d'urban fantasy ou un bon livre de social-réalisme plutôt qu'un mélange des deux qui peine à rendre justice à l'ambition initiale de l'auteur.

    Mais bon : l'égout, l'écouleur...

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  8. Anonyme20/10/08

    "The secret history of Moscow" est un des livres dont j'attends le plus une hypothétique traduction dans notre langue. Comme j'ai beaucoup lu sur les mythologies scandinave, slave et ougro-finnoise, j'espère apprécier le récit à ce niveau.

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