Gods behaving badly


Je...
Il semble que...
J'ai l'impression que je me suis taillé une réputation de chroniqueur un poil aigri. Hugin le Tristus et Munin le Rigolus. Le clown blanc et l'Auguste. N'y-a-t-il pas un coeur qui bat sous cette armure du chroniqueur qui aime détester ?
Ce billet va vous démontrer que moi aussi, je peux dire du bien de mon prochain, comme ça, par altruisme. C'est mon petit côté Hugin-les-bons-tuyaux.

Gods behaving badly est la rencontre improbable en Neil Gaiman et le roman Harlequin. L'action prend place de nos jours, à Londres. Dans une vieille maison délabrée vivent les membres de la famille la plus dysfonctionnelle de l'Histoire. Il y a Aphrodite, qui travaille comme animatrice sur une ligne téléphonique porno. Il y a Apollon, qui tourne en ce moment le pilote d'une émission de voyance pour la télévision. Il y a Artémis, qui promène les chiens du quartier. Il y a Dionysos, qui gère une boite de nuit plus sordide que branchée en buvant son fonds de commerce. Il y a...

Tout ce petit monde survit parmi les humains sans comprendre réellement comment les mortels fonctionnent. Ils radotent sans arrêt sur le bon vieux temps, quand ils s'habillaient en toge et qu'ils étaient révérés par la multitude. Ils se déchirent, comme au temps de l'Olympe, en multipliant les crises de jalousie et les bassesses pour oublier l'espace d'une colère qu'ils se meurent doucement comme des petits vieux sur la Croisette. Sauf qu'un jour, Artémis a l'idée folle d'engager une femme de ménage pour s'occuper de la maison. Et l'arrivée de cette mortelle va chambouler le traintrain divin de la maisonnée.

Des entités mythologiques plongées dans le marasme de notre modernité, ça pitchait fort. Et je dois avouer que la rencontre avec ces Olympiens fanés a bien fonctionné... jusqu'au chapitre 4, où Marie Phillips, l'auteur, incorpore une romance entre deux nigauds pour justifier le drame qui va se nouer. Et le ton romantique tendance roman-photo à la Nous Deux ne cadre pas bien avec le décor décadent d'une mythologie en perdition. Quand on évoque en arrière fond la pensante beauté d'Hélène de Troie, les amourettes d'un ingénieur puceau et d'une femme de ménage prennent un méchant coup dans le bec. Et la bonne idée de départ vient s'empêtrer dans un récit que je qualifierai de "naïf" parce que j'ai promis de rester gentil dans ce billet.

Au final, l'auteur ne fait qu'effleurer son univers. La cohorte d'Olympe pourrait fournir quantité de personnages truculents dans cette confrontation avec notre réalité, mais Marie Phillips se contente de quelques dieux et ne prend pas le temps d'aller plus loin que la simple modernisation d'un vieux symbole. Arès provoque des guerres ? Ah, ah, très bien, mais encore ? Hermès est le dieu de l'argent omniprésent ? Alors pourquoi croupit-il avec sa vieille parenté déracinée ? Seul Eros, qui est devenu chrétien, offre un début de réflexion qui va plus loin que la simple transposition moderne d'un panthéon.

Pour le reste, ces sont 276 pages très légères. La description des enfers manque de bonnes idées. Le cataclysme qui menace le monde n'a aucune dimension. Et l'écriture n'a pas assez d'humour pour faire oublier les problèmes structurels. Chaque bonne idée qui est évoquée est systématiquement mal employée et tourne au pétard mouillé. À croire que les Muses faisaient le piquet de grève.

Qu'apprends-je en flânant sur la Toile ? Ben Stiller a mis une option pour adapter ce premier roman à la télévision ? Finalement, les Dieux ont le plus terrifiant des sens de l'humour...

Commentaires

  1. Rhoooo, c'est dommage ! J'étais toute enthousiasmée par le début, et voilà t'y pas qu'en fait c'est pas bien ...
    Je le lirais quand même, l'idée de départ est trop sympa !

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