La guerre éternelle


En 1997, l'Humanité entre en contact avec les Taurans sur une planète lointaine. Une guerre éclate immédiatement. Le hic, c'est que pour se rendre sur le théâtre des opérations, les soldats humains utilisent une technologie à base de portes dimensionnelles qui a un effet secondaire assez néfaste : la relativité. Tandis que les soldats passent quelques années en voyage et en combat, en réalité, par le truchement du temps objectif, ce sont des centaines d'années qui s'écoulent. Alors quand les survivants reviennent sur Terre, leur monde a tellement changé qu'ils trouvent que les Terriens leur sont finalement aussi étrangers que les Taurans. Ils ont alors une solution pour être dans un univers qu'ils connaissent et maîtrisent : rempiler pour retourner sur le front...

La guerre éternelle est raconté du point de vue de Mandella, un soldat ayant fait des études de physique. Il n'a aucun donc particulier, aucune force, si ce n'est qu'il a la chance de survivre à chaque déploiement. Or l'auteur, Joe Haldeman, a fait la guerre du Viêt Nam et a étudié la physique. Dans le genre écriture cathartique, on ne fait pas mieux. Quand Haldeman raconte comment les soldats ne reconnaissent pas la Terre à leur retour, difficile de ne pas y voir l'expérience personnelle de l'auteur qui ne devait pas reconnaître les USA qu'il avait quitté pour aller patauger dans la jungle.

Bizarrement, les scènes de guerre ne sont pas les plus intéressantes de ce bouquin. Elles sont même très techniques, très scientifiques et assez peu dramatiques d'un point de vue narratif. Le coeur du livre, c'est finalement l'expérience du troufion de base, qui utilise une technologie puissante, qui découvre l'hostilité de l'espace, qui doit gérer ses relations humaines avec les autres bidasses. Les Taurans sont même assez peu présents dans le récit, c'est plutôt une histoire de déracinement que de guerre dans l'espace. On y retrouve toutes les obsessions des années 70 : le sexe (les soldats ont le droit, voire le devoir, de coucher ensemble par rotation) et les drogues. C'est limite si le sol des vaisseaux spatiaux n'est pas recouvert de moquette à poils longs. Haldeman s'amuse à décrire le futur social de la Terre en imaginant une société qui a instauré l'homosexualité comme la norme afin d'empêcher la surpopulation. Du coup, les soldats hétéro de retour sont considérés comme des déviants.

Un ami professeur de physique incite chaque année ses élèves à lire ce livre de SF pour comprendre les effets de la relativité temporelle. Il est dommage que le livre ne soit pas d'une grande qualité littéraire, car son propos est diablement intéressant. Je ne conseillerai pas forcément cette lecture à un adolescent, par contre je lui indiquerai volontiers la version BD de ce roman, dessinée par Marvano. Ce n'est pas tout jeune (1988/1989) mais je me souviens avoir lu ces trois volumes à leur sortie et avoir été subjugué par cette histoire. À mesure que je lisais le roman, des images fugaces de la BD me revenaient en mémoire, preuve qu'elle m'avait marqué.

Bref, pour parler de l'aliénation du soldat, rien de mieux que le point de vue d'un vrai vétéran avec des idées SF intelligentes.

Commentaires

  1. Un excellent roman et une excellente BD.
    Les suites sont par contre à oublier.

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  2. D'accord avec toi. Du point de vue littéraire ce n'est pas fameux. Mieux vaut lire la BD qui évite ce problème.

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  3. Du point de vue littéraire c'est tout à fait bien en anglais...dans ce cas la il faut mieux lire la VO :)

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  4. Je ne pense pas que la traduction soit en faute.
    Je trouve que le bouquin manque de style, tout simplement.
    Ça n'empêche pas ses idées d'être géniales.

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  5. La Guerre éternelle est le seul bon bouquin d'Haldeman, sûrement parce que c'est la transposition directe en SF de son expérience du Viet-nam. Il semble avoir été incapable d'idées originales par la suite, et ses autres romans ressemblent à des succédanés des bouquins de l'Age d'or SF. Heureusement qu'il s'est trouvé une 2e carrière dans la BD.

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  6. J'aime beaucoup le roman, très émouvant, et je trouve la BD tout simplement magnifique.

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