Le Royaume des Voleurs



Moscou, 1936. L’inspecteur Korolev mène l’enquête quand on retrouve le corps torturé d’une jeune femme sur l’autel d’une église reconvertie en salle de réunion pour la jeunesse communiste. Il y aura d’autres corps, et le lecteur comprendra assez vite que toute cette histoire tourne autour de la recherche d’une icône qui vaut du pognon. Korolev va devoir nager en eaux troubles car il y a comme une odeur de purge dans l’air, le NKVD semble impliqué dans l’affaire et lui-même n’est pas le plus parfait des camarades (car il est croyant).

Ça commençait mal : ça ne faisait pas deux phrases que l’auteur alignait pour décrire son héros qu’il parlait déjà d’une gueule de bois à la vodka (sic). Ajouté à cela un passif d’ancien soldat qui a souffert ainsi qu’un divorce et un fils qu’il ne voit pas souvent, ça fleurait bon le cliché ambulant. Et bien la suite est du même tonneau. On retrouve dans Le Royaume des Voleurs une très belle image d’Épinal à la russe. Il y a un poète qui n’a pas peur du régime, un complot du NKVD, un homme de main qui fait son travail mais qui a des remords, des mafieux tatoués, un héros qui se fait casser la gueule régulièrement. Tout est prévisible autant dans l’atmosphère que dans l’intrigue. C’est écrit pour ne surtout pas ébranler le lecteur.


Et avec un titre pareil, vous vous attendez à en apprendre de belles sur la mafia russe : manque de bol tout ce que vous apprendrez, c’est qu’ils ont des tatouages, chose que tout le monde sait depuis qu’on a vu Viggo Mortensen incarner un certain Nikolaï dans Eastern Promises. Vous n’apprendrez rien non plus sur la Milice ou le NKVD. Rien non plus sur le contexte social de cette période charnière qu’est 1936. Même la foi du héros, qui est son seul trait réellement distinctif, est au final un truc purement esthétique. C’est du polar aseptisé garanti sans âme ni style.

Commentaires

  1. Je suis très déçu. En suivant le lien depuis Twitter je m'attendais à un livre dont vous êtes le héros.

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  2. Je ne l'ai même pas vu/lu comme un polar (en Anglais il n'était pas du tout marketé comme ça). Je me souviens d'une lecture divertissante, mais qui ne m'a pas laissé d'impressions impérissables.

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    1. Je lis un autre polar russe en ce moment, mais de Marinina.
      L'auteure est russe et était lieutenant-colonel dans le Milice de Moscou avant de vivre de sa plume.
      Disons que le fossé est énorme entre les deux livres. D'un côté, c'est une Russie de façade, de l'autre c'est vécu de l'intérieur avec bien moins d'effets de manche.

      Pour Le Royaume des Voleurs, l'éditeur avait mis un bandeau indiquant "Satisfait ou remboursé".
      Quand quelqu'un prend ce genre d'engagement, je m'attends à ce que le roman soit irréprochable.

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  3. Des icones et des services secrets ça me fait penser aux icones noires et au GRU-SV8 de delta-green

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