Des femmes qui tombent


Je fais partie de ces gens qui peuvent écouter trois secondes d'un réquisitoire du Tribunal des flagrants délires et vous dire si c'est celui avec Maurice Siegel ou Georges-Jean Arnaud. Car Pierre Desproges est présent dans ma vie depuis plus de vingt ans. J'ai même une biographie qui traîne sur une étagère. Alors j'ai relu Des femmes qui tombent avec une déférence assez marquée car c'est un legs en soi.

Or donc, dans un village français, des femmes meurent en série. Il n'y a aucun lien entre elles si ce n'est leur leur village cocardier et leur appartenance à la tribu des propriétaires de vagin. Et les cadavres s'accumulent. Le lecteur suit un couple local qui traverse la crise en faisant de l'humour noir. Ce n'est jamais une enquête, tout au plus une chronique. Lui, médecin, boit comme un trou. Elle, mère d'un enfant handicapé, trompe son ennui et son mari. Et les femmes du village meurent, encore et encore.

Quand Desproges a fait dans la chanson, il a produit ça. Et son roman est du même tonneau : un pied de nez. On sait qu'il était fait d'un bois capable d'écrire de belles pages qui feraient rougir de jalousie un Alexandre Vialatte. Mais il s'en moquait : il a écri un roman pour de rire. Une blague potache de plus. Bien écrite, car le Pierrot a sa fierté littéraire, mais dont le style génial (toutefois gâché par une constante impression de déjà-lu quand on connait le procureur Desproges) est systématiquement sabordé par une intrigue débile. Les portraits des habitants du village sont somptueux, c'est une vraie peinture à la Desproges, tout en sarcasme et belles lettres. Dommage qu'il s'oblige à se moquer à ce point de l'exercice pour donner au final une pitrerie de plus. J'aurais tant aimé qu'il fende l'armure, pour une fois.

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