La Kabbaliste de Prague


Dans la Prague de la fin du XVIe, le rabbi David Gans est le témoin d'une étrange promesse entre deux amis : ils jurent que leurs enfants (qui ne sont pas encore nés, car leurs femmes ne sont même pas enceintes) se marieront afin de sceller durablement une amitié indéfectible entre les deux familles. Le temps passe, David grandit spirituellement dans l'ombre du plus grand homme de Prague : le rabbi Loew. Il rencontre Tycho Brahé et Johannes Kepler, fuit la peste et les pogroms et est le témoin de l'existence du légendaire golem de Prague. Ah oui : la promesse initiale des deux amis va également dégénérer en malheur, comme il se doit.

Le Kabbaliste de Prague est mon premier roman de Marek Halter. Je ne connais pas le bonhomme, si ce n'est qu'en lisant sa fiche Wikipédia en diagonale j'apprends qu'il a offert des fleurs à Staline et a été l'élève du mime Marceau (ce qui est toujours mieux que de faire l'inverse). Une chose est sûre : ce type-là est un amoureux de sa culture. Ce livre raconte donc un chapitre important de la mythologie juive qui préfigure bien des questions actuelles et à venir sur la robotique. Le sous-texte est assez évident, même pour une andouille comme moi. Mais pour apprécier les disputations sur le Verbe et l'enseignement de la kabbale, il faut être doté d'un minimum de spiritualité qui me fait défaut. Du coup, moi, au lieu de lire une parabole sur l'émancipation et/ou le danger d'utiliser du matériel militaire à des fins civiles, je vois surtout une communauté qui donne toute puissance à un vieux monsieur barbu qui base toutes ses décisions sur l’interprétation très subjective d'un vieux texte ou en faisant des maths approximatives avec l'alphabet. C'est tout le problème avec les mécréants comme moi. 

Bon, passe encore que la matière religieuse me passe haut dessus de la tête, reste un contexte historique, me direz-vous. Eh bien on ne peut pas dire que ce roman soit instructif de ce point de vue-là. On cite un nom historique ou deux, on fait référence à une date célèbre et c'est bien à peu près tout. À aucun moment je n'ai eu le sentiment d'être en 1600 à Prague. On pourrait pratiquement utiliser le même texte pour raconter la même histoire dans la Jérusalem de 1913.

Ça donne donc un livre sur des traditions qui ne me parlent pas, dans un contexte historique mal décrit et avec un personnage central qui ne fait rien de bien intéressant si ce n'est être paralysé par son supérieur spirituel. Autant dire une mauvaise pioche pour moi. Mais j'ai amélioré mon Yiddish et j'ai appris à me méfier de la légende de Marek Halter.

Commentaires

  1. Ozen9/9/12

    Alors il y a un indispensable ouvrage sur les légendes praguoises de cette époque, c'est "La Nuit sous le pont de Pierre" de Leo Perutz. Je me suis penché dessus histoire de retrouver les excellents souvenirs que m'avait laissé l'Assemblée du seuil, la campagne Nephilim; et c'est tout bonnement magnifique, pas prétentieux pour un sou et plein de légendes savoureuses qui dépeignent la ville sous un jour mythique assez complet. Traditions juives, guerres de religion, intrigues alchimiques, empereur à la fois béni et complètement fou. C'est d'une toute autre trempe.

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    1. Merci Ozen, ça m'a l'air d'être bien mieux, en effet. Je le note sur ma liste.

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  2. Anonyme10/9/12

    Leo Perutz est un auteur fabuleux. "La 3e balle" et "le cavalier suédois" sont aussi des bijoux.
    Dans le genre plus difficile d'accès, il y a aussi "le Golem" de Gustav Meyrink.

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  3. Je sais que j'ai mauvais fond mais le nom Marek Halter aurait suffit à m'arrêter. Il ne suffit pas de vociférer sans cesse sur un ton de grand-mère catarrheuse pour être un écrivain important.

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    1. Je ne connais pas le bonhomme médiatiquement parlant.
      J'imagine qu'il a l'indignation facile ?

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