Bloodsilver


J'ai réagi au quart de tour quand j'ai appris que Wayne Barrow, l'auteur de Bloodsilver, était en fait le pseudonyme utilisé par Xavier Mauméjean et Johan Heliot, dégainant assez vite sur le thème "des Français qui font croire que c'est un livre américain pour en vendre plus, c'est dégueulasse." Je suis le Daniel Schneidermann de la fantasy : je donne vite la leçon. Et puis bon, mon boycott unilatéral n'a pas totalement porté ses fruits : le salopard de bourgeois d'éditeur derrière ce coup marketing n'a pas cédé face à ma vindicte. Je suis passé à un autre combat plus vital comme l'abus de l'usage de l'esperluette dans la SF vosgienne et j'ai oublié Bloodsilver jusqu'à ce que je le recroise chez un bouquiniste où la curiosité l'a emporté sur l'indignation franco-identitaire face à la facilité anglophile.

Bloodsilver est une succession de nouvelles qui raconte la coexistence peu pacifique entre le peuple américain et une communauté itinérante de vampires surnommée les Brookes. De la période des colonies à la mort du far-west, le lecteur suit la vie souvent tumultueuse de différents acteurs de cette cohabitation forcée entre humains et morts-vivants. On y croise Mark Twain, les frères Dalton, un chasseur de sorcière, des indiens... C'est une bien belle uchronie western qui n'a finalement qu'un défaut : celle de ne jamais présenter le point de vue des Brookes. Le livre fait cohabiter les nouvelles avec règlement de compte dans la rue principale et récit de massacre d'indiens. On est très loin d'une succession de clichés western : les protagonistes sont tous intéressants et les histoires racontées ne sont vraiment pas répétitives. C'est tout sauf du Van Helsing avec des revolvers.

Bloodsilver fait un décor de jeu aussi alternatif que parfait pour les adeptes de Deadlands. Ça ferait même un bon scénario de film, bien moins débile que ceux qui font affronter des vampires à Lincoln et sa hache. Et puis merde, je ne peux pas dire du mal d'un livre où l'on croise Charles Ingalls, quoi.

Commentaires

  1. Il y a vraiment Charles Ingalls ?

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    1. Oui, mais c'est juste un clin d'oeil. Dans une des nouvelles, un des héros évoque le bon père de famille, ça ne va pas plus loin.

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  2. Un bouquin très sympa, qui propose un cross-over entre western et vampires bien plus réussi que ce qu'on a déjà pu croiser dans le genre (en fait, surtout au cinéma) : http://www.vampirisme.com/livre/barrow-wayne-bloodsilver/. Quant au fait que les Brookes ne donnent par leur point de vue, n'est-ce pas de toute façon quelque chose d'habituel avec le thème du vampire, avant qu'Anne Rice ne s'en empare ?

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