Cornes


Un lendemain de biture, Ignatius Perrish se réveille avec un mal de crane épouvantable, et à raison : il a deux cornes qui lui ont poussé sur la tête pendant la nuit. Et ces cornes viennent avec un pouvoir incroyable : les gens avec qui parlent Ignatius se sentent obligés de lui déballer leurs pensées les plus intimes. Or notre héros est bien connu dans sa bonne ville de Gideon (New Hampshire) : tout le monde le soupçonne d'avoir violé et tué sa copine Merrin il y a un an de cela. Si bien qu'Ignatius a désormais accès à toute la haine qui était jusqu'à maintenant en sourdine. Sa famille qui regrette qu'il vive encore, sa nouvelle copine qui n'arrive pas à égaler le souvenir de la fille parfaite qu'était Merrin, l'ami de toujours qui n'en pense pas moins... Et en écoutant les confessions sous influence de tout ce petit monde, Ignatius comprend enfin qui et pourquoi Merrin a été assassinée.

Et ce pitch démoniaque ne tient le choc que pendant les 100 premières pages sur les 500 du roman. Les 300 pages du milieu servent à mettre en scène en flashback l'adolescence de tout ce petit monde, puis l'histoire d'amour des deux tourtereaux et enfin le meurtre. Entendons-nous bien : ce ne sont pas 300 mauvaises pages, mais ce n'est pas ce que m'avait vendu le quatrième de couverture. J'étais là pour suivre la mutation d'un homme en démon, pas pour suivre dans le détail les amours maladroits d'un groupe d'adolescents. En l'état, le coup des cornes démoniaques ne sert qu'à faciliter l'enquête en lui donnant accès aux pensées des protagonistes. L'auteur aurait décidé que son personnage était soudain doté d'une mutation psy lui permettant de lire dans les pensées ou bien que les fées lui avaient appris un sortilège du même genre, le roman ne changerait pas vraiment. Il suffirait alors de remplacer les allusions infernales aux chansons d'INXS ou des Stones. Le démoniaque fait bien un retour dans les 100 dernières pages, mais c'est trop tard trop peu.

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