Vert-de-gris


Je disais à la fin de mon billet sur Une douce flamme que j'allais devoir faire une pause dans la série de Philip Kerr pour ne pas faire une indigestion volontaire des enquêtes de Bernhard Gunther. Et bien je me suis menti, comme souvent. J'ai lu Hôtel Adlon (que je n'ai pas chroniqué pour ne pas reconnaître publiquement que j'avais rechuté) à sa sortie et je viens de dévorer Vert-de-gris. C'est devenu un réflexe tant la série est de qualité.

En 1954, Gunther se fait capturer par les Américains dans les eaux de Cuba. Il est alors déporté en Allemagne pour répondre à de nombreuses questions sur son passé pendant la guerre. Si bien que ce brave Bernhard raconte plusieurs épisodes de sa carrière dans la SS, toujours ballotté entre les exigences historiques de l'époque et son don pour trouver les emmerdes. La France, les camps, Berlin divisé, la prison russe... Ce n'est évidemment pas une enquête au sens polaresque du terme, mais l'intrigue principale est, à l'instar de cette période de la vie de Gunther, compliquée et faite de beaucoup de faux-semblants. Américains, Allemands, Français et Russes ne veulent pas la même chose de notre Bernhard, aussi il ménage la chèvre et le choux dans ces mémoires un peu menteuses car un peu honteuses.

C'est à la fois un livre dans la droite ligne de la saga berlinoise et un récit complètement différent car le lecteur doit faire le tri dans les mensonges de Gunther. Mais c'est terriblement efficace. Un récit tout en teintes de gris (comme l'indique le titre), où la guerre cesse d'être mondiale pour devenir froide. Et le personnage est encore plus complexe, surtout pour le lecteur français puisque Gunther n'est pas tendre avec les Français (mais il y a peu de pays qui trouvent grâce à ses yeux, il faut bien l'avouer).

C'est à se demander ce qu'attendent HBO ou la BBC pour adapter toute cette saga à la télévision. 

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