Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour, de S.G. Browne

Et sa suite, 
Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël


Andy Walker était un agent immobilier banal jusqu’à ce qu’un accident de voiture fasse de lui un zombie. En soi, ce n’est pas dramatique : les zombies existent depuis des siècles. La société les tolère, à peine et du bout des lèvres, mais il n’est pas traqué et exécuté à vue.

Reste qu’entre les mutilations consécutives à l’accident, les shoots réguliers de formol pour ralentir sa décomposition et une espérance de vie réduite à quelques mois, Andy se traîne une grosse dépression.


L’attitude de ses parents, qui l’ont enfermé dans leur cave et l’ignorent, n’aide pas. Son groupe de soutien, composé de zombies moins abîmés que lui, non plus. Son thérapeute non plus. Bref, tout va de mal en pis jusqu’au jour où…


Apparaissant partout, dans tous les domaines, le zombie ne fait plus vraiment peur, et sert surtout à raconter autre chose. S. G. Browne opte pour la satire, et par moments, j’y ai trouvé des échos de Robert Sheckley.

« Hé, les gars, dit Mykle. Vous croyez qu’on arriverait à survivre à l’apocalypse zombie ?
— Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, lance Jeff, c’est nous, l’apocalypse zombie.
— Je ne nous qualifierais pas franchement d’apocalyspe, intervient Cameron. On est plutôt un léger désagrément quotidien… »

Dans le premier volume, on suit un zombie malheureux dans une Amérique intolérante et mesquine, où les zombies qui enfreignent le couvre-feu finissent à la SPA ou pire, sont enrôlés de force dans des émissions de téléréalité. Les tentatives d’Andy pour retrouver une place dans une société qui ne l’accepte que dans le rôle du paria tournent invariablement mal, et plus elles sont prometteuses, plus il tombe de haut.

Tout cela démarre un peu lentement, s’avère un peu prévisible par moments, mais raconté avec juste ce qu’il faut d’humour grinçant pour qu’on ait du mal à lâcher le bouquin. Et à un moment donné, tout s’accélère, jusqu’à une fin joyeusement sanguinolente.




Quant au deuxième tome, c’est un conte de Noël zombie avec un savant fou, une petite fille triste, des lutins carrément pas nets… et toujours Andy, qui a talent très zombiesque pour survivre à n’importe quoi. Beaucoup plus court que le premier volume, il se lit très vite. L’angle change légèrement – on n’est plus dans la lutte pour les droits civiques mais dans la traque aux terror… aux zombies – mais le ton reste le même.

Les bons mythes sont ceux que l’on peut mettre à toutes les sauces. Je suis curieux de voir comment S. G. Browne cuisinera son zombie dans le troisième volume…

(Mirobole Editions, 21 et 19 €. Traduction de Laura Derajinski)

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