Hadassa


Hadassa est un livre de blanche qui raconte deux histoires faussement entremêlées : d’un côté une jeune professeure de français qui enseigne dans une école hassidique pour filles, et de l’autre l’attraction amoureuse d’un immigrant polonais pour une mère de famille hassidique.

L’enseignement de la langue française est obligatoire à l’école, aussi le ministère de l’éducation envoie des professeures dans les écoles religieuses juives de Montréal. Des enseignantes qui n’ont pas le droit de toucher les élèves, de les exposer à l’influence extérieure et de poser des questions sur la vie de la communauté. Les filles ont 11/12 ans, et leur professeure est la seule goya (non juive) avec qui elles peuvent échanger. Il y aura donc de la transgression des deux côtés : la professeure s’intéressera aux traditions hassidiques et à l’avenir déjà tout tracé de ses élèves, et les filles se feront un malin plaisir à questionner cette jeune femme qui porte les cheveux longs et qui n’a ni mari ni enfant.
Les élèves s’expriment dans leur broken français typiquement montréalais, et les dialogues retranscrivent très bien les anglicismes locaux. Ce sont des personnages attachants qu’il est plaisant de suivre tout au long de cette année scolaire où se déroule une adoption croisée entre des filles pétries d’interdits et une femme qui est fascinée par l’accès privilégié qu’elle a sur ce monde habituellement refermé sur lui-même.

L’autre intrigue, c’est cette histoire d’amour impossible, ce coup de foudre au premier regard qui enfièvre deux êtres que tout sépare. C’est, sans surprise, la partie la moins intéressante à mes yeux. Non pas que la tentation de la transgression soit un thème qui m’indiffère, mais le récit de cette passion n’est pas à la hauteur de l’autre narration, la scolaire. Les rendez-vous silencieux, les émois du cœur, la culpabilité… Mouais. Surtout que le récit de cette histoire d’amour s’arrête quand les choses commencent à devenir intéressantes.


C’est un livre très intéressant, qui ne cède ni à l’admiration béate (l’auteure raconte très bien l’indifférence des professeures juives envers leurs collègues goya, l’absence de libre arbitre et les mille et une contradictions du mode de vie hassidique) ni à l’attaque déguisée. Elle réussit très bien à rester en équilibre à la frontière. Faut juste aimer les histoires d’amour où le cœur de la belle manque un battement tandis que l’homme a des sueurs froides en ne sachant pas quoi dire.

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