Say nice things about Detroit


David Halpert, dans la quarantaine, est forcé de faire un truc incongru : retourner s’installer à Détroit, la ville que tout le monde cherche à fuir. C’est comme monter à bord du Titanic après l’impact avec l’iceberg. Il faut dire que son mariage est parti en vrille après la mort accidentelle de son fils unique, et que la mère de David verse dans la démence. Alors c’est le retour du fils prodigue, quelque part. Sauf qu’en retrouvant le goût de Détroit, David tombe dans le journal sur l’annonce de l’assassinat d’une femme qui a été son amour de jeunesse il y a 25 ans. Elle était dans un des nombreux quartiers qui craignent de Détroit, dans une belle voiture, en compagnie de son demi-frère, qui bossait pour le FBI. Un drôle de cadeau de bienvenue pour David.

Et donc le lecteur va se promener sur deux fronts temporels : 2006, quand David revient à Détroit, et 1994, quand débute une banale histoire de voisinage qui va se conclure bien plus tard par le double assassinat. Mais si le personnage de David est avocat, ne pensez pas pour autant que ce roman est un polar. Certes le héros dépressif embringué dans des histoires personnelles compliquées (il va se mettre à la colle avec la sœur de son ex-copine assassinée puis acheter la maison de cette famille) est le véhicule idéal pour ce genre d’histoire, mais David n’est pas ce genre d’avocat. C’est une créature de bureau, qui facture des heures à ses clients pour les conseiller, pas pour mener l’enquête. Au final, toute cette histoire n’est qu’une malheureuse affaire de circonstance qui se résout malgré les protagonistes.


Si j’ai lu ce livre de blanche, c’est qu’Elmore Leonard en disait du bien et que certains évoquaient The Wire comme filiation. C’est vrai qu’on retrouve un zest de David Simon dans l’approche, en particulier dans le portrait du gamin à la dérive qui veut redevenir un honnête citoyen. Mais en dehors de ce léger emprunt simonien, tout le reste n’est pas très inspiré. C’est plus une histoire d’amour qu’autre chose. Il y a bien quelques considérations sur le face-à-face racial à Détroit, mais ça ne va pas plus loin que quelques banalités sur la méfiance réciproque. L’auteur étant né à Détroit, je m’attendais à une plongée implacable dans la ville, mais c’est au final une enfilade de lieux communs sur le déclin et certains lieux iconiques, on ne voit rien de personnel dans cette écriture. L’histoire pourrait se passer à Cincinnati ou Auckland sans qu’il soit nécessaire de changer grand-chose au texte.

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