Putain, neuf ans !

Soda, si vous connaissez pas, c'est l'histoire d'un flic du NYPD qui raconte à sa mère cardiaque qui vit recluse qu'il est pasteur pour la ménager. Cela fait partie de ce que Marcinelle a produit de meilleur, avec les Innommables et Gaston Lagaffe mais, surtout, c'est une série qui, pour moi, a un charme particulier : j'ai vieilli avec. J'ai lu mon premier album de Soda à la sortie du tome 4 et, après avoir récupéré les autres, j'ai acheté religieusement (pouf, pouf) chaque nouvel opus à sa sortie. La particularité étant que la série devient plus mature et plus sombre à chaque album, allant toujours de pair avec le degrè de maturité (ou plutôt d'immaturité) qui était le mien au même moment.

Au-delà de ça, faut avouer que le personnage a de la gueule, avec son gros gun et son costard de prêtre. Les scénarios sont très bien construits, les dialogues bons et si les dessinateurs ont réussi à maintenir le niveau graphique, il faut avouer que le scénariste a écrit une longue, très longue lettre d'amour dédiée à la ville de New York, avec une petite note d'humour dans une noirceur réussie.

Si on fait exception du très étrange volume "Lettres à Satan" qui détonne par rapport au reste, même s'il reste bon dans une vision plutôt intimiste/horreur du polar, il y a un approfondissement régulier du personnage, une augmentation des enjeux et un assombrissement du ton général. Soda commence comme un flic, qui poursuit des méchants et les arrête, défourraillant son énorme flingue et cassant de la bagnole pie par douzaine. Peu à peu, les relations entre le crime, le pouvoir et la politique vont aller croissant et Soda sera de plus en plus amer, cynique, désabusé et dépressif. Au point même d'envisager sa reconversion dans certains albums ou de s'enfuir avec l'argent du crime dans d'autres.


La série a vu le délai entre ses volumes croître de manière impressionnante, entre autres à cause je suppose de l'emploi du temps surchargé de ses auteurs. 5 ans entre le tome 11 et le 12. 9 ans pour le tome 13. Je n'y croyais plus du tout mais l'arrivée d'un nouveau dessinateur a changé la donne. Il a su reprendre le style tout en ajoutant sa touche et c'est une réussite.

Ce dernier tome se penche, enfin, sur l'événement qui a marqué les esprits il y a plus de dix ans : le 11 Septembre et l'évolution sécuritaire du travail de flic dans cette ville. L'enquête de Soda se fait donc sur fond de surveillance Orwellienne, de chasse au terroriste et de drones policiers, en profitant pour jouer de certains clichés avant de les détruire dans un ricanement.
Surtout, la fin de l'histoire est très très ambigue et je n'ai qu'une hâte : lire la suite. J'espère seulement que l'attente exponentielle entre les albums ne va pas se maintenir, parce que 9 ans c'était très très long.

Commentaires

  1. Le délai entre les albums étaient d'abord du au manque d'idée du scénariste (il avoue que le coup de l'amnésie dans le tome je sais plus combien c'était facile), et ensuite parce qu'il ne savait plus comment raconté New York après le 11 septembre.
    Et quand il a trouvé, ça n'a pas convenu au précédent dessinateur (Gazzoti), qui est de toute façon très pris sur l'excellente série "Seul(s)".

    RépondreSupprimer
  2. Il le fait dans le tome même où il l'utilse,ce que je trouve élégant.
    Tome 10 page 25 case 3

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire