White Tiger de Aravind Adiga



J'avais découvert le roman indien à travers Q&A de Vikas Swarup (qu'il faut lire même si vous avez vu son adaptation au cinéma Slumdog Millionaire), suivi de Six Suspects du même auteur. White Tiger (Le Tigre Blanc en VF) était sur ma pile de lecture depuis des lustres, je l'ai finalement pris avec moi lors d'un récent voyage en avion.

Ce qui m'a d'abord accroché dans ce roman c'est le ton. D'un cynisme extrême, le roman prend la forme d'un courrier adressé par un entrepreneur de Bangalore au premier ministre Chinois en visite en Inde pour s'inspirer de l'entreprenariat Indien. Balram Halwai, qui se présente comme une sorte de start-upper, explique au dit premier ministre que les belles histoires du gouvernement Indien ne lui permettront pas de comprendre comment on devient entrepreneur. Seule son histoire à lui l'éclairera sur ce qu'est le parcours d'un entrepreneur en Inde.

Au fil de 7 chapitres nerveux (chacun rédigés la nuit), Balram raconte sa vie de fils de tireur de rickshaw dans un village de l'Inde Obscure. Il raconte la prédestination de sa caste, l'exploitation de son père par une grand-mère abusive, les mariages arrangés, les dots à consentir pour marier les filles, les dots à exiger pour marier les garçons. Balram refuse cette vie, et finit par trouver un emploi comme chauffeur chez un des riches qui saignent son village.

Son maître part vivre à Delhi, et c'est l'illumination à tous les sens du terme: la capitale, c'est la ville lumière, et qu'importe si des millions de pauvres crèvent au bord de la route, Balram lui, se croit en chemin vers quelque chose. Mais peu à peu il ouvre les yeux sur la réalité du système, et il échafaude un plan pour s'en sortir.

White Tiger, c'est l'histoire d'une émancipation par le crime. C'est un conte dérangeant sur la manière dont la moralité enferme les gens dans leurs origines, fussent-elles insupportables et invivables. On aura vite fait d'attribuer le déterminisme social du roman au système de castes Indiens, mais j'y sens une vérité plus universelle.

Bref, une lecture à la fois drôle (bien que très sombre) et intéressante de par ce qu'elle nous dit sur l'Inde moderne, et plus largement sur notre société inégalitaire.

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