La Fille Automate de Paolo Bacigalupi


The Windup Girl (La Fille Automate) est un roman de SF qui avait été grandement encensé à sa sortie. Je me souviens d'ailleurs d'une critique d'Antoine Boegli qui m'avait fait franchir le pas et acheter le bouquin il y a deux ans. Et puis la vie passe par là, il prenait la poussière sur une étagère. Mais dernièrement je l'ai exhumé et lu, juste avant (c'est un hasard intéressant) un voyage à Bangkok.

Parce que ce roman se passe à Bangkok, ou plutôt à Krung Thep qui est son nom Thaï. On se situe dans un futur indistinct (plusieurs dizaines d'années, peut-être une centaine?) et très incertain. Il ne nous est pas décrit par le menu, et on ne le voit que par la petit bout de la lorgnette à travers Krung Thep et ce qui reste de la Thaïlande qui survivent par leur sagacité (nous disent les personnages Thaïs) là où New York, la Nouvelle-Orléans, Shanghaï et tant d'autres ont fini sous les eaux.

Le futur que nous dépeint Bacigalupi n'est pas joyeux: le réchauffement climatique, la pénurie de fossiles et les manipulations génétiques agricoles se sont combinés pour dévaster la planète. Krung Thep a résisté entre autres grace à l'autorité du Ministère de l'Environnement, qui a expulsé de force les géants de l'agro-alimentaire américains à l'origine des pandémies et autres maladies des récoltes qui ont causé tant de famines ailleurs. Mais le royaume dispose également d'une arme secrète que convoitent ces mêmes Calorie Companies Américaines.

Sans être un roman choral, The Windup Girl gravite autour de plusieurs personnages: Anderson Lake est un américain, entrepreneur à la tête d'une société qui entend révolutionner le stockage de l'énergie cinétique mais en réalité employé d'une des Calorie Companies en mission secrète en Thaïlande. Hock Seng est un réfugié Malais, ancien magnat du commerce dont l'empire a été détruit par une rebellion religieuse. Il travaille pour Mr. Lake mais oeuvre en secret à rebâtir sa fortune. Jaidee est le chef des Chemises Blanches,  force armée du ministère de l'Environnement. Surnommé Le Tigre par la presse il est incorruptible et n'hésite pas à secouer le cocotier malgré l'avis de ses supérieurs. Enfin, Emiko est la fille automate, une japonaise génétiquement créée et abandonnée par son propriétaire à Krung Thep. Elle est condamnée à se prostituer pour éviter que les Chemises Blanches ne la retrouvent et ne la détruisent.

Le destin de ces quatre personnages (et de quelques autres) se croise sur fond de crise politique majeure: depuis quelques années Krung Thep est dirigé par une coalition instable entre le ministre de l'Environnement et celui du Commerce. Chacun veut accéder au pouvoir, aucun n'en a les moyens... jusqu'à ce qu'Emiko fasse voler ce délicat équilibre en éclat.

The Windup Girl est un tour de force narratif qui arrive à être à la fois plausible, exaltant et lourd de sens. On pourrait penser au vu du contexte décrit ci-dessus que c'est une déprimante dystopie, mais au fil du récit, et particulièrement à la fin on est pris dans le tourbillon d'espoir qui agite certains des personnages clés. La fin est d'ailleurs aussi bien menée que surprenante.

Comme toute bonne science-fiction, The Windup Girl immerge le lecteur par le grand bain, et les premiers chapitres sont un peu ardus parce qu'on ne comprend pas grand chose: on ne sait pas comment on en est arrivé là, de nombreux détails de cet avenir Thaïlandais sont incompréhensibles au départ (l'énergie cinétique, les maladies bio-ingéniées...) Pour couronner le tout, on est dans un environnement lui-même exotique à savoir la plus grosse ville de Thaïlande. Mais cette immersion est efficace, et au bout de quelques chapitres on est vraiment à fond dans l'univers de Bacigalupi.

Bref, vraiment une perle, et très chaudement recommandé.

(La secrétaire de Bob me signale qu'une chronique de cet ouvrage par le sieur Ferrand alias Hugin avait déjà été commise il y a un an. Elle est ici pour un autre avis (mais positif aussi). 

Commentaires

  1. il faut bien patienter 200 pages avant de comprendre qui fait quoi, mais après c'est une tuerie !!!

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  2. 200 tu forces un peu le trait Atreyou, mais oui, il faut un moment pour plonger dedans et être happé par l'intrigue et l'univers.

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  3. Anonyme7/4/15

    Publié en 2012 en VF... Et toujours dans ma Wishlist :) je reste intriguée.

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  4. non j'ai vraiment attendu 200 pages... pour comprendre les couleurs et les oppositions... avant ça je captais rien, bien que je me laissais voguer dans un univers super étrange... et pour une fois de la vraie anticipation sans "pisto-laser" ni autre truc à l'ancienne.

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