Presse: Ravage Respawned!

La presse est le principal sujet sur lequel j'avais envie d'écrire sur ce blog. Parce que la presse et moi, c'est un amour déraisonné au possible (1). Où trouver 100 à 200 pages couleurs pour souvent moins 10€? Ou trouver ailleurs le plaisir de la récurrence rituelle, celui là-même qu'évoquait Saint Exupéry dans le Petit Prince?
(1) Et quitte à parler de moi, précisons que j'ai apporté ma plume à Casus Belli v2, Khimaira ou encore Scarce, bien que ma production soit famélique en comparaison de celle de mes comparses qui sévissent sur ce blog
J'éprouve naturellement un certain orgueil à soutenir lourdement une presse qu'on dit moribonde. Mais est-elle en si mauvaise posture?

Si l'on parle de la presse spécialisée, et plus spécifiquement de la presse culturelle qui nous intéresse, pas tant que ça. C'est en effet surtout la presse généraliste qui est en crise et qui l’entraîne avec elle dans sa chute, la faute à un écosystème qui n’est pas pensé pour elle: Kiosquiers dépossédés de leurs compétences, distribution imposée sans possibilité de commande spécifique, volumes minimums inadéquates pour la presse spécialisée...

Pourtant l'offre de presse culturelle a rarement été aussi exceptionnelle.

Après une période difficile (arrêts successifs des historiques Joypad et Joystick et du formidable IG), le jeu vidéo a par exemple vu apparaître une bonne demi-douzaine de titres. A côté des revues d’actualité courant après les news périssables, un combat perdu d’avance face à la presse en ligne, se distinguent quelques revues d'analyses critiques - Canard PC, survivance de l’équipe Joystick période Hachette, JV, héritage lui du Joystick dernière ère, et surtout The Game, dream team de journalistes vidéo-ludiques hexagonaux. Citons aussi le retour de RPG Mag et l'arrivée en mars de RPG Player (2), deux revues dédiées au JdR informatique (alors que le genre semblait condamné à se diluer dans les autres genres du JV il y a encore quelques mois, comme quoi...). Et finissons avec l’intellectuel et arty Games, sorte de Télérama du JV et second spin-off de Chronic'art après celui consacré à la BD, Kaboom.

(2) Même si ce dernier ne connaitra peut-être pas de suite, au vu de la tempête que sa sortie a générée (Voir notamment: http://joypad.fr/rpg-player-le-magazine-de-la-honte/)

Côté BD justement, outre ce Kaboom, citons le retour durable de Comic Box, Case Mate (mutation de BoDoï largement plus réussie que son prédécesseur) ou le luxueux BDM. Le cinéma n'est pas en reste, et a donné naissance à toute une catégorie de revues consacrées plus largement aux cultures geek, même si le 9e art y occupe toujours la principale place - Popcorn, Geek, Sci-Fi Now... Quoique perfectibles sur les contenus, la faute souvent à une ligne éditoriale un peu trop lâche, elles dénotent de l'intérêt pour la presse papier d'une population pourtant biberonnée au high-tech.

Et côté jeu? Malgré le recentrage déplorable de White Dwarf et la disparition de Jeux sur Plateau dans une (vaine) explosion de haine, il faut saluer le renouveau de JdR Mag, qui a enfin trouvé une forme professionnelle digne de ce nom, la pérennisation de Casus Belli, en magasin spécialisé à défaut d'être en kiosque, ou encore l'indéboulonnable Vae Victis (qui changera d'éditeur au prochain numéro).

Et donc, le retour de Ravage, la revue consacrée aux jeux de figurines fantastiques - ce qui regroupe à la fois les jeux de bataille comme Warhammer et les jeux de plateaux avec figurines. Sur la fin de sa première période, sa périodicité avait été mise à mal. Un premier passage sous l'eau, et Ravage nous a fait croire à son retour. Peine perdu, ce "premier nouveau" numéro 1 n'aura pas de suite. Plusieurs mois, un changement d'éditeur et une nouvelle équipe éditoriale plus tard (la plupart des pigistes sont cependant toujours là, à commencer par Croc), et c'est un nouveau numéro 1 qui sort.

Plutôt que de se concentrer sur les sorties les plus récentes, ce numéro fait cependant le choix de privilégier les sorties les plus anciennes qui n'avait pas encore été traitée dans la revue, la faute à sa longue pause. Étonnant. Le numéro 2 qui vient de paraître commence heureusement à rattraper le retard. Des suppléments Warhammer 40k de plusieurs mois côtoient ceux des dernières semaines. End Times, véritable révolution dans le petit monde de Warhammer Battle (et sur lequel il faudra que je revienne un jour) fait enfin l'objet d'un longue article. Il y a bien quelques ratés, dont une impasse surprenante sur les sorties Iron Kingdoms en français. Leur timing absolument parfait, à un moment où Games Workshop boude les traductions (campagnes W40K non traduites, VF d'End Times en quantités limitées et déjà épuisées, choix de ne plus traduire les noms des personnages et unités dans les livres d’armée…) pourrait pourtant bien faire bouger quelques lignes dans l'hexagone.

Mais ne boudons pas notre plaisir : qualité des articles, impressionnante connaissance de l'histoire éditoriale de Warhammer, nombreux jeux de plateau abordés (la fin de JSP en fait la seule revue sur le sujet, mine de rien), et cerise sur le gâteau, un nouveau format plus épais et dos carré, en fait une revue formidable. Long Live and prosper, Ravage!

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