Il y a des livres qui vous font une promesse tacite dès la
couverture. Le Lecteur de Cadavres est
de ceux-là : le titre me dit clairement que je vais lire un bon gros polar
historique des familles et l’illustration de la couverture met en scène un
ersatz du juge Ti ou du juge Bao, donc je sais que je m’embarque pour une
enquête bien velue. Et pourtant, grosse surprise en attaquant ce pavé de 750
pages : les 400 premières pages forment un long récit pathétique (au sens « bourré
de pathos ») où le héros, Cí Song, est le digne croisement entre Rémi sans famille et Le tombeau des luciolles. Écoutez-moi
ce background de loser : obligée de revenir dans leur village d’origine
après avoir vécu une belle vie à la capitale quand le père travaillait pour un
juge, la famille de Cí vit sur une ferme. Son frère le frappe, son père lui
fait la gueule et il a déjà perdu deux sœurs à cause d’une maladie héréditaire.
Il trouve un cadavre, son frère se fait accuser, ses parents meurent quand la
maison est soufflée par la foudre et on l’arnaque puis l’accuse de d’avoir volé
une petite fortune. Il fuit donc en direction de la capitale avec sa jeune sœur
à la santé hyper fragile. Et là, il va enchaîner les coups de pas-de-bol en
faisait systématiquement confiance à des bons à rien et en prenant des
décisions débiles qui vous donne envie de baffer le héros à longueur de pages. Et
vas-y que la vie n’est pas facile dans la Chine d’antan. Mais bon, c’est le
héros, il est bon comme le bon pain, alors il finit par se faire une réputation
comme lecteur de cadavres, c’est-à-dire comme tout premier médecin-légiste de l’Histoire.
Et enfin, à la page 400, il est confronté à une vraie enquête bien comme il
faut avec des Chinois fourbes, des complots, des gens de pouvoir qui mentent, une
ancienne prostituée aveugle plus forte qu’un ninja, des eunuques et tout le
tralala. L’intrigue centrale est bien troussée et on comprend finalement que
les 400 premières pages n’étaient pas si gratuites que ça quand le grand complot
est révélé. Mais forcément, arriver à la page 750 n’est pas une sinécure tant de
nombreuses facettes du roman sont téléphonées.
Bref, le livre aurait pu facilement être dégraissé de sa grosse
moitié. Et à la fin, l’auteur nous dit qu’il a passé des mois à faire des
recherches pour reconstituer une Chine du XIIIe siècle réaliste, mais bien
franchement, ne vous attendez pas à être enseveli sous une avalanches de
véracité historique. On n’apprend pas grand-chose sur ce coin du monde et cette
époque, si ce n’est quelques clichés sur le confucianisme et les femmes qui se
bandent les pieds. Reste le portrait d’une science de la mort qui émerge, qui n’est
pas désagréable mais dont le traitement littéraire est loin de m’avoir
convaincu. Ce CSI : Lin’an est
toutefois une source d’inspiration pour
quiconque veut mettre en scène une enquête sur un meurtre dans un décor
médiéval (comme, au pif, dans un jeu de rôles où l’on jouerait des gardoches).
Comme trop souvent, Gromovar nous avait prévenu, mais je ne l'ai pas écouté
Comme trop souvent, Gromovar nous avait prévenu, mais je ne l'ai pas écouté
On est bien d'accord, c'est pas fameux.
RépondreSupprimerJe sais pas si c'était présent dans la VO, mais à la fin, l'auteur t'explique comment il a bossé des mois sur son scénario et fait de la recherche à gogo... J'ai du mal à comprendre comment des mecs passent des mois sur un sujet qui les obnubile pour finalement te pondre un truc passe-partout qui ne t'apprend rien. C'est juste pour justifier le retard du manuscrit à Bob l'éditeur, m'est avis.
SupprimerMoi je le dis : je ne fais que recopier Wikipédia.
Personnellement je l'ai jeté à la poubelle...
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