Spotless


Jean Bastière est un français installé à Londres. Il a une jolie maison bourgeoise, 2 enfants, une femme sur le point de devenir designer après quelques années de vie de femme d’intérieur, une jolie maîtresse, mais surtout une boite de nettoyage spécialisée dans les scènes de crime. Familles endeuillées par le suicide d’un proche, policiers désirant faire nettoyer les lieux d’un meurtre, services sociaux découvrant qu’un vieux a moisi pendant des semaines dans son vieil appartement : les petits gars de Jean Bastière nettoient tout ça avec diligence et sens du travail bien fait. Sauf que bon, l’économie ne va pas fort, et sa petite entreprise connaît la crise (contrairement à ce que racontait Bashung).

Bien évidemment, c’est un milieu qui ne fonctionne que sur recommandation. Si Jean Bastière obtient le contrat pour nettoyer une chambre d’hôtel quand un client décide d’en finir avec la vie, c’est parce que le gérant de nuit lui a téléphoné. En échange, le gars reçoit un petit billet ou deux pour le tuyau. Et c’est pareil avec la Police : les contrats sont attribués par favoritisme, et sans les bakchichs que verse Jean Bastière, sa boite ne serait pas viable. D’ailleurs, quand débute cette première saison de dix épisodes, les comptes sont au plus bas et les contrats de la Police londonienne doivent s’arrêter soudainement. Il faut trouver une solution, sinon Jean va devoir mettre la clé sous la porte.

Et c’est à ce moment-là que débarque Martin, le frangin de Jean qu’il n’a pas vu depuis des années. Il a dans son coffre le corps mort d’une mule qui transporte dans son estomac assez de drogue pour résoudre bien des problèmes. Enfin, surtout pour en causer, car évidemment rien ne va bien se dérouler. Et de fil en aiguille, Jean et Martin vont (re)devenir partenaires et se retrouver à travailler pour la mafia londonienne. En effet, les gangsters ont besoin des talents de nettoyeur (et pas au sens Nikita/Léon du terme) de Jean, qui peut faire disparaître les indices compromettant et se débarrasser des corps.

On se retrouve donc au croisement entre Breaking Bad (le type coincé par la vie qui verse dans le crime) et Dexter (le gars qui travaille sur les scènes de crime mais qui est également criminel). Le tout avec une indéniable touche anglaise. Jean est incarné par le québécois Marc-André Grondin (qui traverse la saison entière sans arriver à exprimer un seul sentiment, un exploit) et Martin par Denis Ménochet (si, vous le connaissez : c’est le français taciturne de la looongue scène d’introduction d’Inglorious Basterds). Et ces deux personnages ne parlent jamais en français, même quand ils sont seuls. Tout ce qui tourne autour de Jean est assez sérieux : il est censé être rongé par ce que la mafia l’oblige à accomplir, il est sur le point de tout perdre dans sa vie… Martin, en revanche, est l’élément comique : avec son physique pataud d’ours balourd et son comportement systématiquement à rebrousse-poil, il allège la série et évite qu’elle ne se transforme en une descente aux enfers. Par contre, Londres est censée être la capitale de la surveillance vidéo, et je trouve que tout ce petit monde magouille bien tranquillement. Moi, s’il y avait un van garé plusieurs heures devant chez mon voisin qu’on vient de retrouver mort, j’en glisserais un mot au DCI.


Travailler pour la mafia est compliqué, et les frères Bastière vont passer un mauvais quart d’heure au service de Nelson Clay. Ils prendront des coups, mentiront, tenteront de se défiler, passeront des accords avec les mauvaises personnes… À ce stade-là, normalement, vous me voyez venir. Oui, c’est du Noir. Oui, une société de nettoyage qui bosse en sous-main pour la mafia, c’est parfaitement recyclable à Hellywood. Je n’attends pas nécessairement une suite avec impatience, mais si elle est du même acabit que la première, je pourrais très bien me laisser retenter par cette série de Canal+.

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