Les 81 Frères de Romain d'Huissier



Je vous ai assez bassiné avec pour que vous sachiez que je mène actuellement une campagne de Mage située à Hong Kong. Du coup, quand Les 81 Frères de Romain d'Huissier est sorti, avec sa promesse d'exorcisme taoïste à l'ombre des gratte-ciels de Kowloon, je l'ai commandé. Je partais du principe que même si ça ne me plaisait pas il y aurait bien quelques idées à y glaner pour ma campagne.

Johnny Kwan, le personnage principal, est un exorciste taoïste. Il traque les fantômes, esprits malins et petits dieux Chinois qui vivent en marge de la société des hommes. Tous ne sont pas à éliminer, certains vivent parmi nous sans faire de vagues, mais d'autres abusent de leurs pouvoirs ou se laissent griser par l'énergie vitale des humains, et à ce moment là il faut intervenir.

L'histoire démarre lorsque Kwan est appelé par un riche homme d'affaires de Hong Kong qui s'est fait voler des vieux grimoires de collection dans des circonstances macabres. Le client n'est pas expert dans le surnaturel mais y touche assez pour savoir que c'est du ressort d'un exorciste. En enquêtant, Kwan va être confronté à un vaste complot occulte qui risque de mettre en péril Hong Kong et plus encore.

Dire que Romain d'Huissier maîtrise son sujet serait un euphémisme. Il parvient à dépeindre une ville de Hong Kong à la fois familière et mystérieuse, baignée dans la tradition taoïste qu'il décrit en détail. Du coup, à quelques petites scènes près, la suspension d'incrédulité tient la route tout le long du récit malgré les incursions violentes du surnaturel dans le récit. On sent bien qu'outre les aspects mystiques, l'auteur est influencé par le cinéma d'action débridée de Hong Kong, et qu'il ne s'interdit par conséquent pas grand chose. C'est frais, exotique et échevelé.

L'aspect qui m'a plus gêné par contre à la lecture des 81 Frères c'est la forme. Le style d'écriture manque cruellement de nervosité pour une histoire d'action aussi débridée, et l'auteur a trop souvent recours à des tournures de phrase lues et relues, des expressions toutes faites. Enfin, les longues descriptions des traditions Chinoises ou des styles d'arts martiaux au milieu de scènes d'action ou de dialogues donnent le sentiment que, peut-être, Romain d'Huissier compense sa distance avec Hong Kong par un excès d'érudition qui nuit au déroulement du récit. Ce n'est pas suffisamment rédhibitoire pour m'avoir fait décrocher, mais c'est fréquemment gênant.

Au final, les 81 Frères est un roman d'aventure honnête qui pêche par son style. Il y a des suites prévues, et j'envisage de leur donner leur chance en espérant un travail plus poussé sur l'écriture pour qu'elle colle mieux au genre.

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