Wolves eat dogs

Le héros de Martin Cruz Smith est le même depuis 5 romans : le commissaire Arkady Renko, un policier en rupture de ban qui n'arrive pas à s'adapter aux changements que la Russie connaît après l'ère soviétique. Arkady est un russe atypique qui refuse la fascination pour l'ancien régime, ne cède pas aux sirènes du capitalisme et laisse ses instincts de flics le mettre dans des situations complexes où sa hiérarchie aime à le voir nager pour garder la tête hors de l'eau. Bref, c'est un flic parfait pour un roman policier.

Dans la dernière aventure en date d'Arkady, notre héros est confronté à plusieurs morts qui le mène en Ukraine, à Tchernobyl pour être plus précis. Oubliez ici tous vos fantasmes d'un no man's land digne d'un post-apo : la Zone (l'espace qui entoure le réacteur nucléaire de funeste réputation) est au contraire un lieu peuplé de plusieurs communautés qui cohabitent pour différentes raisons : soldats qui surveillent les lieux, scientifiques qui étudient le phénomène, population locale qui refuse de partir, pillards qui vendent tout ce qui trouve (même si c'est irradié)...

Le roman donne une étrange vision de la Zone : c'est une sorte de purgatoire où des gens sont punis ou se punissent. C'est clairement un monde à part, avec ses lois et ses usages. Arkady n'y détonne pas plus que les autres. Évidemment, il y a une enquête à mener et c'est l'occasion de revenir sur le jour fatidique où le réacteur nucléaire à exploser. C'est donc une très bonne source d'inspiration pour parler des conséquences d'une catastrophe, de la culpabilité et pour briser certains clichés sur la radioactivité. C'est une mine d'idées à coupler avec le Stalker de Tarkovsky pour glisser vers l'iréel.

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