Quai d'Orsay



Arthur Vlaminck, jeune diplômé, est engagé par le ministre des affaires étrangères pour écrire ses discours et ses indispensables fiches. Le ministre Taillard de Vorms est grandiloquent, brasse de l'air et des idées et a une certaine idée de la France. Et son cabinet ministériel orbite autour de cet énorme égo qui est autant capable de désamorcer des bombes diplomatiques à l'autre bout du monde que de s'astiquer l'amour propre devant le parterre diplomatique de l'ONU. Et notre Arthur découvre les joies byzantines de cet univers feutré. Il écrit, réécrit et reréécrit des discours vides de sens que son ministre de patron critique sans lire, plus occupé qu'il est à stabyloter des aphorismes à deux balles. On regarde le ministre virevolter et faire des effets de manche avec une verve gaullienne qui semble à la fois au dessus de tout et en même temps emplie de principes fumeux. On croise des collaborateurs de cabinet jésuitiques qui se tirent dans les pattes tout en jonglant avec la personnalité écrasante du ministre.

Directement inspiré par Villepin, le ministre a toutefois des postures chiraquiennes. Le genre à gloser de la fracture sociale sans toutefois faire quoi que soit pour la réduire. Pur produit de l'élite, il jongle avec des grands mots et des phrases toutes faites qui n'ont aucun lien avec le réel. D'ailleurs la BD le compare à X-Or, un type qui vous entraine dans sa dimension parallèle où il est le plus fort et où vous met KO avec ses imprécations héraclito-gaulliennes. Inspiré de Villepin donc, mais surtout véridique, car le scénariste (qui utilise un pseudo) a effectivement roulé sa bosse dans les ministères. C'est un quai d'Orsay pour de rire, mais on sent que malheureusement, le gag n'est jamais loin du vraisemblable. Par contre, il n'y a pas d'intrigue centrale, si ce n'est le quotidien d'Arthur qui change au contact de cet énarque flamboyant. D'ailleurs, je suis un peu resté sur ma fin en refermant le livre tant ça s'arrête soudainement sans réel enjeux. Mais j'ai découvert depuis qu'il y avait un second volume et que Bertrand Tavernier était  pressenti pour réaliser l'adaptation cinématographique de la série.

MAJ du 2 juin 1012
Le tome 2 a effectivement toutes les qualités du tome 1, je ne vais donc pas en remettre une couche. Le film L'Exercice du pouvoir creuse un sillon différent, mais les deux oeuvres sont entrées en résonance chez moi.

Commentaires

  1. Le tome 2 est très bon également.

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  2. C'est très bon et je trouve que le dessin illustre parfaitement la frénésie d'activités de De Villepin.

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  3. Tome 2 lu, et effectivement, c'est dans la droite ligne du premier.

    Je me demande comme Villepin a pris ce portrait déformant.

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