La Nef des fous


L'Argonos est un vaste vaisseau qui glisse dans l'espace depuis tellement longtemps que ses habitants en ont oublié sa raison première. La vie à bord est difficile car cela fait 14 ans qu'ils n'ont pas fait escale sur une planète. Le vaisseau est divisé par une lutte des classes qui s'annonce rude, et l'Église semble cacher des choses à tout le monde. Mais une planète habitable apparaît tout à coup sur le radar. Est-ce juste une étape de plus dans un marathon stellaire ou bien le point de chute tant attendu ?

La Nef des fous de Richard Paul Russo déboule avec son prix Philip K. Dick en 4e de couverture et sa superbe couverture signée Pascal Casolari (qui n'est pas mancho, si l'on en croit son site). Un vaisseau à la dérive, un équipage divisé, un mystère bien mystérieux... tous les éléments sont là pour une sorte de Battlestar Galactica. Mais malgré toutes ses promesses, la sauce ne prend pas.

Déjà, la faute au narrateur : Bartolomeo, sensé être d'une intelligence hors du commun, est un personnage sans épaisseur. Oh, il est difforme de naissance, équipé d'un exosquellette et doté d'un rôle important à bord (il est conseiller du capitaine) mais c'est un protagoniste plus plat qu'une limande passée sous un rouleau compresseur. Son insupportable histoire d'amour impossible avec un prêtre féminin finit d'achever le peu d'intérêt qu'on peut ressentir pour lui.

Ensuite, l'histoire : aucune des prémisses du pitch n'est tenue. L'origine du vaisseau ? Pas expliqué. La lutte des classes ? Expédiée en 3 chapitres. Le rôle de l'Église ? Moins intéressant que dans le Da Vinci Code. Le mystère mystérieux ? Le sempiternel truc de la rencontre du 3ème type qui passe du rêve au cauchemar. La vie à l'intérieur du vaisseau est survolée, les phases d'exploration font penser à un mauvais remake du film "Cube", les relations entre les personnages sont insipides. Pour plomber le tout, le rôle de l'Église en grand antagoniste est risible même pour un athée comme moi : le coup de l'évêque magouillard qui place ses intérêts avant la foi est indigeste.

Reste un roman d'exploration qui est sensé inquiéter le lecteur. Franchement, après la saga Aliens, Event Horizon, Sphère, Pandorum et toutes les séries télé basées sur l'espaaace, croire que la peur de l'inconnu suffit à faire un sujet de roman de SF tient de la naïveté. Surtout que le piège à con dans lequel tombe l'équipage de l'Argonos est risible de mise en scène.

Ça m'apprendra à me fier au prix Philip K. Dick.

Commentaires

  1. Ouille, il est dans ma pile depuis près d'un an... Maintenant je ne risque pas d'être déçu, c'est déjà ça. ;)

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  2. Totalement d'accord avec toi. Ca monte, ça monte, ça monte, et la déception est immense à l'arrivée.
    Ne lis pas Efelle, tu n'as pas de temps à perdre avec ça.

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  3. Tu m'aurais demandé avant, Cédric, je te l'aurais déconseillé aussi. Je l'ai lu en diagonale et je n'ai même pas été jusqu'au bout. Au fait, tu as lu récemment un autre prix PK Dick (celui de 1984). :-)

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  4. D'où l'importance de blogguer même quand c'est mauvais, pour pas que ses petits camarades se vautrent en piochant au hasard.

    Finalement, le prix K. Dick, c'est comme le Fémina, c'est pas un gage de qualité, c'est juste de la copinerie ou la reconnaissance du milieu.

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