La musique du sang débute comme un téléfilm d'horreur allemand, vous savez, ces histoires de guêpes modifiées génétiquement qui deviennent follement mortelles ou bien un barrage qui menace de se rompre pendant que le héros ingénieur traverse une passe difficile sur le plan conjugal. Ainsi, les 100 premières pages mettent péniblement en scène la vie d'un insupportable scientifique qui trifouille des gènes dans son labo. Sauf que, quand il reçoit l'ordre de détruire les cultures de cellules qu'il a bidouillées, il préfère s'injecter son expérience plutôt que de la perdre. Et son corps se met à muter, muter, muter...
Et puis tout à coup, le roman devient un vrai bouquin de SF. Les cellules mutantes développent une intelligence phénoménale et infectent le monde. Et là, on parle de la relation entre le micro et le macro, de la cohabitation cellulaire dans le corps humain, de la toute petite place de l'homme dans le grand bordel cosmique. Et pendant 100 pages, c'est intéressant. On spécule, on tâtonne dans l'improbable, et c'est plutôt bien gaulé pour un texte écrit en 1985. Bon, il y a bien un côté rétro (la guerre froide est encore d'actualité, les protagonistes n'ont même pas de mails...), mais c'est charmant.
Et dans les dernières 100 pages, on retombe dans la melasse initiale. La pandémie mondiale qui doit faire flipper le lecteur est bâclée, l'auteur, Greg Bear, ne sait pas trop quoi faire avec son idée. Mais bon, le bouquin a reçu une tripotée de prix en 1986, j'imagine qu'à l'époque, c'était branché ce genre de récit sur l'évolution accélérée.
Sauf qu'à la fin du livre, l'auteur nous explique qu'à la base, son histoire était une nouvelle, mais quelqu'un l'a convaincu d'en faire un roman à part entière en allongeant la sauce. J'ai la flemme d'aller lire la nouvelle originale, mais ça ne m'étonnerait pas si elle ne cernait que les 100 pages du milieu que j'ai trouvé bien plus intelligentes que l'intro poussive et la conclusion mal branlée.
Par contre, Benjamin Carré au dessin, c'est toujours aussi beau. C'est d'ailleurs à cause de cette couverture que j'ai acheté ce livre.
Bref, il me restera de ce livre autant de souvenir qu'un téléfilm catastrophe mettant en scène une eruption solaire avec des acteurs de publicité et des effets spéciaux faits sur un Amstrad CPC.
Je suis très déçu. Moi qui pensait Bob infaillible, il n'a pas repéré le talent de Greg Bear à temps pour le signer dans ses auteurs.
RépondreSupprimerJ'ai déjà dit deux fois totu le mal que je pense de ce scribouillard dans deux posts dont le premier est ici : http://quoideneufsurmapile.blogspot.com/2008/06/dcidment-depuis-quelques-temps-je-nai.html
Feignasse de Bob !
Bob est occupé à enseigner le creative writing dans un séminaire très haut de gamme aux participants triés sur le volet. Il revient bientôt !
RépondreSupprimerJ'irai voir la nouvelle originale à l'occasion. Merci pour l'info et les quelques euros ainsi sauvés.
RépondreSupprimerHé bien vu la chronique, je pense doucement à retirer ce livre de ma liste de possibles achats... Pourtant, en général on en disait du bien. L'effet "a reçu le prix machin" ?
RépondreSupprimer