Le Choeur des femmes


J'ai déjà longuement parlé des romans intimédicaux de Martin Winckler dans un billet précédent. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Winckler est en quelque sorte à la médecine ce que maître Eolas est à la justice. Comme je sais que les lecteurs de ce blog ne viennent pas ici pour se faire parler des relations patient/soignant ou d'éthique médicale dans le choix d'un moyen de contraception, je ne vais pas m'étendre sur Le Choeur des femmes. Pour être franc, j'ai débuté la lecture de ce roman en me disant in petto : "Allons bon, encore un roman pour bonne femme." Car le roman raconte comment une jeune interne surdouée va se retrouver coincée dans une unité de gynécologie où le quotidien de ce service va progressivement la mener à une prise de conscience sur le statut de la femme, le rôle du médecin, le lien humain... Le tout passant par la rencontre d'un médecin atypique et en rupture de ban qui pratique une autre médecine. Dit comme ça, c'est comme si Winckler recyclait ses autres romans qui parlent déjà de tout ça depuis plus de 10 ans. C'est vrai. Mais alors que je lisais un roman moralisateur avec un médecin empathique, une jeune interne en quête d'un modèle, des chefs de département odieux et des représentants pharmaceutiques sans morale, je me suis laissé prendre au jeu. J'ai bouffé plus de 600 pages en 3 jours.

C'est donc un bouquin sur les femmes. Sur la pose du stérilet. Sur la pilule qui fait grossir. Sur là où ça fait des papillons dans le ventre. Ce n'est pas un thriller, c'est juste l'histoire d'une fille qui est major de promo et qui doit se coltiner un stage à la con dans un purgatoire médical. Il y a bien un twist final, un truc que je n'avais pas vu venir tellement c'est du n'importe quoi, mais c'est accessoire. C'est un roman sur un univers encore plus mystérieux que les Terres du Milieu ou Azeroth. Un lieu d'horreur comme John Carpenter n'en filmera jamais. Un monde où les femmes en tchador viennent parler sexualité à demi-mot. Un espace où les filles deviennent des femmes en avalant une simple pilule. C'est tantôt un confessionnal, tantôt un salon de thé. C'est juste là, mais c'est son univers à elle. Et ce livre-là permet de zieuter ce monde parallèle par le petit bout de la lorgnette sans jouer les voyeurs.

Et il se murmure que le livre sera bientôt adapté en série à la télévision. Ce n'est pas étonnant, Winckler est passionné par la télévision, son livre fait souvent référence à Urgences ou House. Mais je me demande ce que Le Choeur des femmes va donner à la télé. Une sorte de Pause café, pause tendresse plus actuel, j'imagine.


Commentaires

  1. Oui, Winkler est amoureux de télé. Il a d'ailleurs travaillé sur plusieurs livres sur le sujet.
    Et il me semble qu'il n'est pas très fan du traitement français en fiction TV. J'espère que l'adaptation lui rendra justice.

    C'est aussi un fan de bande-dessinée, et particulièrement de comics : il a animé de très sympathiques rubriques dans Spirou et dans Comic Box, et aussi écris un gros bouquin sur les super-héros.

    Il serai peut-être temps que je lise un de ses livres :)

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  2. ON sent un léger sarcasme ... et pourtant vous avez aimé ! Ce doit être un excellent bouquin alors !
    J'ai déjà lu la maladie de Sach de Winkler et j'avais apprécié, le coeur des femmes me touchera sans doute encore plus qu'un lecteur homme...

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