GRR Martin parle de beaucoup de choses dans ce roman.
L’écrivain qui peine à la tâche, la compromission de la vie petite-bourgeoise,
la tentation de la normalité, les excès de la drogue, la fuite dans le new age,
l’extrémisme révolutionnaire, la fureur juvénile, le cynisme… À mesure que
Sandy Blair confronte son passé à la triste réalité, c’est le festival des renoncements.
Musicien de génie bedonnant qui cachetonne dans des bars de seconde zone,
exaltée qui vit dans sa bulle sans viande et sans télé, hippie devenu yuppie…
Ces portraits font mal. La nostalgie en prend plein la gueule. Ils se donnent
rendez-vous dans 10 ans sur la
Place des grands hommes, mais le résultat n’est pas à la
hauteur des espérances.
Martin évoque superbement cette époque de tous les possibles
qui est retombée comme un soufflé au fromage. Il sait parler de la musique avec
un enthousiasme communicatif qui donne envie d’aller sur Youtube pour voir
jouer devant public tous les groupes qu’il convoque dans son roman. Il met
également en scène les ratonnades d’antan, quand les droits civiques étaient
incertains. Et il parle superbement des espoirs trahis. Des valeurs corrompues.
De l’inévitable inertie. Ça forme un drôle de mélange, entre énergie rock et
mollesse de l’échec. Une inconfortable langueur post-coïtale. L’auteur arrivant
au final le tour de force de vous donner la nostalgie d’une époque que vous
n’avez pas connue.
Il y a une petite erreur : ce livre a été traduit dès parution, à La Découverte. Là, il ne s'agit que d'une nouvelle traduction.
RépondreSupprimerJe l'avais lu aussi, en anglais à l'époque, il y a bien 20-25 ans. En fait, pour moi, GRR Martin est le mec qui a écrit "Armaggedon Rag", pas celui qui a écrit "A Game of Thrones" (que je n'ai d'ailleurs pas l'intention de lire).
RépondreSupprimerUne autre dimension de ce bouquin, au-delà de la galerie de portrait nostalgique, c'est aussi la dimension mystique et fantastique de l'intrigue principale: ce chanteur bizarre foudroyé en plein concert par un tireur qu'on a jamais retrouvé, une musique qui parle de fin du monde et l'histoire qui se répète, comme un vieux vinyle rayé...
Purée, il faudrait que je me le relise...
Il était effectivement en rupture (comme la majorité des publications de Martin) mais bien disponible depuis un sacré bout de temps, avec une sortie en poche chez fleuve noire il me semble.
RépondreSupprimerBon je suppose que c'était l'envie trop grande de basher tous les éditeurs qui ressortent du Martin à la pelle en ce moment :D
"L’auteur arrivant au final le tour de force de vous donner la nostalgie d’une époque que vous n’avez pas connue." C'est exactement ça.
RépondreSupprimerMerci Gilles, comme il n'en ait pas fait mention dans les crédits de la présente traduction, je ne me doutais pas qu'il y avait eu une précédente édition française. La
RépondreSupprimerPlus j'entends parler de ce livre, et plus ça me donne envie de le lire.
RépondreSupprimer"Une inconfortable langueur post-coïtale."
Magnifique !
A.C.
Un très chouette roman, par contre tu ne parles pas de l'aspect "surnaturel" pourtant très présent dans l'époque décrite :
RépondreSupprimerhttp://artemusdada.blogspot.fr/2011/10/absolute-directors.html
comme d'ailleurs dans le roman :
http://artemusdada.blogspot.fr/2011/05/armageddon-rag.html
J'avoue que le surnaturel ne m'a pas plus marqué que ça à la lecture. Je ne nie pas qu'il est présent, hein, mais à mes yeux c'était assez secondaire.
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