Une des grandes joies de la paternité dont je me délecte en ce moment c'est celle de faire découvrir à ses enfants des oeuvres (films, livres, BD, autres) qui nous plaisent. A cette occasion, j'ai pu montrer récemment à mon fils de 11 ans le dernier film de Jeunet et Caro, la Cité des Enfants Perdus. A sa sortie je l'avais vu plusieurs fois, puis acheté en DVD il y a une dizaine d'années, mais je ne me souviens pas l'avoir regardé en DVD jusqu'à hier soir.
Je suis retombé sous le charme d'un film qui est déglingué et féerique à la fois, sombre et étrangement lumineux. Je me suis demandé si ça valait le coup de chroniquer ça ici. J'imagine que la plupart des lecteurs de ce blog l'auront vu déjà. Et puis je me suis dit que si ça motivait quelques lecteurs plus jeunes à aller fouiner dans des vieilleries cinématographiques (15 ans, c'est une éternité dans la culture populaire...) ça valait le coup de tenter.
Le pitch en un mot: la Cité des Enfants Perdus se passe dans une ville côtière indistincte, industrielle et déliquescente. Le héros, One est un colosse un peu simplet dont le "petit frère" (qu'on suppose adoptif) est enlevé par une secte d'hommes aux yeux mécaniques. A la recherche de son petit frère et un peu désespéré, il croise la route de Miette, une orpheline assez sûre d'elle qui bosse avec d'autres gamins des rues pour le compte de La Pieuvre. One se retrouve embauché pour faire un casse et trimbaler le coffre fort...
Je ne m'attarderais pas sur l'aspect esthétique du film. La photographie est magnifique et les effets spéciaux passent bien même quinze ans après. Ce qui fait ce film, ce sont surtout ses références et ses acteurs. Comme dans Delicatessen, Jeunet et Caro nous plongent dans ce qu'on suppose être un futur proche, ou un présent décalé, mais dont l'ambiance est éminemment première moitié de XXè siècle Français. Du coup, le spectateur français est plongé dans un inconscient collectif qui lui parle immédiatement. Tout le film s'articule autour de cette ambiance très particulière.
Bien sûr, il y a aussi du Gilliam dans ce film, de la gueule des acteurs (Emilfork est époustouflant, Pinon et ses nombreux seconds rôles ne l'est pas moins, Dreyfus en assassin au coeur d'artichaut est plus vrai que nature, et même la belle bouille de Ron Perlman se fond dans ce casting de "gueules") aux détails mécaniques omniprésents, sans parler de la secte des Cyclopes, qui ne dépareillerait pas dans un film de l'ex-Monty Python. Mais le côté Français de la chose est palpable et en fait bien plus qu'un film inspiré par Gilliam.
Bref, une ambiance du tonnerre, un film sombre à souhait dont les seules lumières sont les enfants (Miette et son amour impossible, Denrée et ses saucissons...), un conte de fées moderne et déjanté et quinze bonnes idées à repiquer pour des inspis rôlistes: si vous ne l'avez pas encore vu, il est grand temps!
Je l'ai vu il y a fort longtemps, il m'avait beaucoup marqué, surtout cette histoire de vol des rêves, c'était très fort.
RépondreSupprimerEt l'image était effectivement très belle, un bien beau film ^^