Élire domicile dans les ruines de la réalité...

Décidément, dans le coin, on aime bien les Yog-Sothotheries. Déjà, Tristan vous a déjà parlé et de nouvelles cthuliennes et de Thomas Ligotti, auteur injustement ignoré par les français, dans la matière Lovecraftienne. (J'inaugure donc pour ce billet le tag "Tristan l'a déjà fait", pour toutes les fois où... Ben... Il l'a déjà fait, quoi.) 
Thomas Ligotti, donc, vient d'être traduit en français pour la première fois, par les excellentes éditions Dystopia. J'espère que ce ne sera pas la dernière, car ce recueil m'a décidément bien fait plaisir et s'intègre bien dans la ligne éditoriale de l'éditeur, à qui on doit déjà la publication de la série Yirminadingrad (Henry, Mucchielli et, plus récemment, Kloetzer). 



Chants du cauchemar et de la nuit est un recueil de onze nouvelles publiées pour la première fois entre 1982 et 1996 dans divers magazines qui parleront aux amateurs de Yog-Sothotheries : Weird Tales, Eldritch Tales, Crypt Of Cthulhu... ainsi qu'en recueil.

On m'avait vendu Ligotti comme l'un des meilleurs continuateurs de Lovecraft. Je dois dire que cela me semble vrai - je n'en ai pas lu tant que ça - car l'horreur présentée dans les nouvelles de ce recueil sont bien empreintes d'une horreur cosmique indicible, qui fait perdre la raison à ceux qui y sont confrontées ou bien les amène à des actes obscènes et blasphématoires.

Dans Petits jeux, plus ancienne des nouvelles, un psychologue de prison est confrontée à un prisonnier atteint d'une démence qui n'est pas dénuée d'une certaine clarté et se sent désarmé. Assez peu Lovecraftienne et plus ancienne nouvelle du recueil, c'est aussi nettement la plus faible.

Les suivantes sont nettement plus ancrée dans l'horreur cosmique, à l'exception de L'Art perdu du crépuscule, une variante intéressante sur le mythe du vampire. Vastarien nous montre comment le grimoire impie, image d’Épinal du jeu de rôles L'Appel de Cthulhu, peut fonctionner réellement, choisissant son lecteur et le transformant doucement en sectateur. L'Ombre au fond du monde nous révèle les noirceurs qui ensemencent la Terre et Le Tsalal pourrait voir changer son titre en "Azatoth", nous montrant l'étrange chemin qui mène un homme à monter son culte maudit et transforme un village. Cette dernière est directement transposable en jeu de rôles, d'ailleurs.

La qualité des nouvelles suit une progression en qualité et en horreur pour atteindre un sommet avec Le Tsalal. Dystopia annonce qu'une douzième nouvelle sera publiée dans leur Anthologie 02 (la première était très bien) et j'ai hâte de la lire.

Chants du cauchemar et de la nuit de Thomas Ligotti, chez Dystopia, avec une superbe couverture de S. Perger, 10€

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