Tu blogueras mon histoire.
Tu blogueras mon histoire, car au terme d'un marathon de lecture où tu as enchaîné les deux premiers tomes de ma trilogie Rois du Monde, Même pas mort et Chasse royale, tes oreilles résonnent de ma voix et le ressac puissant de ma narration ne t'a pas encore relâché.
Tu ne peux pas me le refuser. Cette histoire, c'est celle que tu appelais de tes voeux avec ta critique mesquine de Gagner la guerre, quand tu m'enjoignais de mettre mon érudition et ma virtuosité au service d'une histoire et de personnages qui le méritent. C'est maintenant chose faite, avec l'histoire de Bellovèse fils de Sacrovèse, prince des Turons et des Bituriges. Si tu ne blogues pas mon histoire, je te couperai la tête, je la oindrai de camphre, d'iode et d'huile de coude, et je la fixerai sur l'écran de mon PC, pour l'avoir en face de moi alors que je suis en train d'écrire le troisième tome de ma trilogie, celui dont tu te languis maintenant.
Grâce à moi - et au dictionnaire intégré de ta liseuse - tu connais maintenant le sens des mots guède, gutuater, volcelest, nemeton, et de tant d'autres, que jusqu'au alors tu ne savais même pas ne pas savoir. Demain, tu les auras oubliés, mais mon histoire continuera de t'habiter, et tu ne confondras plus gaulois et animations d'aires d'autoroute.
Laisse-les dire, les bouviers, les paysans, que mon roman est moins inspiré, plus lent, que ce que je faisais avant; laisse-les regretter l'absence d'elfes. Tu l'as compris, toi, que mes mots parlent à la fois à ta tête et ton coeur, que les émotions qu'ils suscitent sont aussi importants que les rêves qu'ils provoquent. Mon récit t'a touché, tu en as lu chaque page, chaque phrase, avec délice, et tu es même sorti de ton breuil coupé d'Internet pour en parler.
Tu blogueras. Tu me pasticheras grossièrement, te faisant passer pour spirituel, pour accrocher une part de mon succès, plaire à ma soldature et rendre visible ton billet au milieu de la cacophonie d'Internet. Mais quand le concert des retweets se sera tu, quand ton billet aura été enterré sous la production de tes comparses, plus féconds et moins paresseux que toi, mon livre, lui, sera encore là.
J'ai arraché la celtitude aux fest-noz et aux concerts de Tri Yann. Je lui ai donné une voix, j'ai habillé de chairs et d'émotions des noms que tu n'avais lus que dans Astérix (la forêt des Carnutes) ! Je t'ai donné les images qui te manquaient pour imaginer quoi faire, il y a près d'un siècle, de Premières Légendes Celtiques. Je t'ai réconcilié avec nos ancêtres les Gaulois, j'ai fait voler en éclats l'image d'Epinal d'un chef de guerre aux moustaches de Village People étranglé aux pieds d'un dictateur de péplum. Je t'ai rendu ce que tu ne savais même pas avoir perdu. Tu as retrouvé grâce à moi la rationalité féérique de l'imaginaire celtique, tu as respiré à pleins poumons les effluves que tu percevais dans les livres de Holdstock.
Et pour tout ça, mon ami, tu blogueras mon histoire.
Je suis tellement soufflé par "Chasse Royale" que j'ai même du mal à articuler mes pensées. Sur le cul je suis...
RépondreSupprimerLe 1er tome était super naz... je me rappel de rien du tout... et là celui ci est different ? c'est pour ça que vous dite qu'il est super ? ( pas lu l'article pas envie d'etre spoilé..)
RépondreSupprimerTu peux lire le billet, ça ne spoile #RIEN#. J'y ai fait très attention.
SupprimerOki doki
SupprimerJ'ai adoré le tome 1, malgré sa lenteur (et peut-être aussi pour elle) car, comme tu le dis mieux que moi, on renoue avec l'histoire des celtes et des gaulois comme on n'a jamais su nous la conter ! Merveilleux. J'ai acheté Chasse Royale, y a plus qu'à le lire !
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