Partir à l'aventure dans l'Empire d'Emeraude

Ca fait longtemps qu'on vous as pas parlé de Legends of the Five Rings (L5R) dans le coin. Faut dire que Cédric semble être revenu de cette nouvelle édition. Moi aussi. Je suppose d'ailleurs que le jeu aura une nouvelle édition en 2027 au plus tard (ce seront les 30 ans du jeu).

Mais entre temps, est sorti Adventures in Rokugan (AiR), un jeu motorisé avec Donjons & Dragons 5ème édition, se déroulant dans le même univers, Rokugan.

Adventures in Rokugan

"KEUWAH ? Tu veux faire jouer du L5R avec les règles de Donjons & Dragons ? Mais ça marche pas, c'ets toupourri, on a déjà vu ce que ça donnait à l'époque de la bulle d20."

Oui. C'est vrai. La seconde édition de L5R passa de son fameux système Roll & Keep au système d20 et ça ne fonctionnait pas. D&D n'est pas adapté pour raconter les histoires que L5R raconte. MAIS. Mais AiR n'est pas L5R et ne veut pas l'être. Le livre le dit explicitement dans ses premières pages, dans un encadré. Je crois que c'est cet encadré qui m'a convaincu le premier : AiR veut raconter des histoires de vagabonds héroïques, dans une ambiance plus high fantasy, plus shonen. Ca va fritter dru, va y avoir des sorts lancés, des créatures fantastiques et des personnages qui vont s'en prendre plein la mouille mais se relever et y retourner.

Et j'ai trouvé cela bien fait. On y retrouve les éléments clefs du jeu, tant au niveau personnages qu'au niveau univers : les grands clans, l'Outremonde, Iuchiban, etc. Niveau personnages, les classes seront le guerrier, le duelliste, le shugenja (lanceur de sorts) mais aussi le courtisan, le cèlerin, le shinobi, etc.

En quoi/comment AiR raconte-t-il des histoires différentes de L5R ? La mécanique de Donj est fondée sur le "rags to riches" et le "murder hobo". En gros, des types qui se baladent par la pampa, se bastonnent beaucoup et deviennent de plus en plus balaises. Beaucoup de Shonen sont basés sur cette construction (Bleach, One Piece, Yu Yu Hakusho, etc.) C'est aussi pour ça que le jeu propose immédiatement de jouer aussi des peuples non humains (comme les hommes-serpents et les hommes-corbeau). Les personnages sont aussi plus solides, les dommages infligés moins létaux, du fait de la structure de D&D. Autre élément indicateur : la Souillure de l'Outremonde. Dans L5R, il s'agit d'une lente corruption du corps et du mental, qui va ronger le personnage de l'intérieur et qu'il faut éviter à tout prix. Dans AiR, on est dans la "tentation du mal": être Souillé est un Don qu'un PJ peut choisir de prendre (si il a des raisons intradiégétiques de le faire, hein). Et ça va le rendre très très balaise mais au prix de son abandon de toute humanité, insérez ici votre arc rédemption/contrôle du mal qui est en moi, un grand classique du Shonen, par exemple Bleach (Ichigo), One Punch Man (Garoh), Yu Yu Hakusho (Hiei)... On peut aussi regarder du côté de Usagi Yojimbo ou encore Les Manuscrits Ninja (et Ninja Scroll qui, malgré le titre, ne fait que s'inspirer légèrement du roman).

L'Honneur est une notion qui existe, bien sûr, dans AiR mais n'est pas ouvertement mécanisée. Cependant, il existe bel et bien une règle sur le sujet dans D&D 5 ! Elle se trouve page 264 du Dungeon Master Guide et est, là aussi, légère et adaptée au type d'histoires racontées par Donj (et donc AiR). Pourquoi elle n'y est pas de base ? Parce que les personnages de AiR auront à coeur de parler d'Honneur et de Bushido, mais que les histoires abordées auront, comme dans Les Manuscrits Ninja, une vision plus souple de celui-ci, moins gravée dans le marbre. Personnellement, j'encourage à utiliser la règle de D&D5, sans chercher à faire plus.

Bref, j'ai senti une immense satisfaction et un rafraîchissement à lire AiR. L'écran est très joli (et correspond tout à fait, là aussi, à ce que AiR veut raconter comme histoire).



Enfin, Tomb of Iuchiban a été publié récemment en VO pour ce jeu. Les moqueurs qui n'ont jamais lue l'originale diront "Ah, ouais, le donj de L5R ressort pour D&D5R ! Logique !". Là aussi, la campagne originale est loin du cliché de ceux qui la ramènent toujours à son hommage à Tomb of Horrors. La boîte v1 contient une campagne bien cool qui, en plus, se connecte à l'excellent City of Lies  et à Night of a 1000 Screams, tout deux exceptionnels, pour une immense fresque dont, au final, la visite de la tombe elle même n'est que l'anecdote finale, le point d'orgue d'une très très longue campagne de longue haleine. J'ai hâte de lire ce qu'ils en ont fait dans AiR. J'en reparlerai ici.

Commentaires