Bien que nous ayons tenté de le cacher en migrant 2 ou 3 fois de plate-forme de blog et en laissant derrière nous les billets compromettants, Cédric et moi avons signé, ensemble et séparément, une vingtaine de scénarios dans Casus Belli. Après la disparition prématurée du magazine, nous envisagions, avec quelques autres pigistes, de faire un gros PDF de ces textes, revus et enrichis des parties coupées au montage pour cause de taille de l'article, et de le mettre à disposition gratuitement. Juste pour se faire plaisir.
Le dernier numéro de Casus datant de l'automne 2006, il était temps de faire un bilan de ce projet : soit on faisait quelque chose de moins ambitieux, soit on léguait à nos héritiers le soin de collecter nos écrits, après notre belle mort au terme d'une retraite paisible passée à jouer aux JdR, siroter des caïpirinhas et regarder la 87e saison de Lost. Afin de ne pas surcharger de travail nos enfants et petits-enfants à naître, nous avons décidé de mettre progressivement en ligne nos scénarios, après le plus léger des dépoussiérages. Nous avons choisi comme formule la page générée par Google Docs liée depuis un billet sur le blog.
- Le billet permet, par les commentaires, de recevoir vos avis, critiques, commentaires, suggestions
- La page générée à partir du doc sur Google permet d'être toujours à jour, au fur et à mesure que les feedbacks seront intégrés au texte.
Je commence avec le scénario pour Orpheus "Marchés publics, services privés". Ce scénario est donc à votre disposition, n'hésitez pas à faire circuler le lien du billet autour du vous (plutôt que l'adresse du document lui-même, pour permettre aux gens de laisser des commentaires) et à laisser votre marque en bas de la page.
Je note ici les points du scénario que j'aimerais développer un peu (SPOILERS)
RépondreSupprimer- Vêpres / Action : présentation de Langlois Inc, des intervenants, et détail des questions posées aux PJ pour encadrer un peu mieux le MJ.
- Matines / Action : étoffer un peu les descriptifs pour donner plus de gras.
- Laudes / Action : idem
- Primes / Action : idem
- Distribution : donner des stats complètes pour les PNJ
Hum, hum....
RépondreSupprimerÇa veut dire que Thaumates farcis va pouvoir également bénéficier de ce traitement ?
\o/
Cédric
Je sais bien que je vais faire mon chiant, mais la possibilité de l'avoir en PDF serait quand même bien pratique....
RépondreSupprimerMais sinon bonne initiative.
Je ne vais pas le mettre en PDF, parce que je sais qu'une fois qu'il sera sous ce format, je ne l'éditerai plus. Je me connais. Pour l'avoir en PDF en attendant qu'il soit figé, il faut avoir une imprimante PDF virtuelle (du genre le plugin PDF Writer, si vous faites partie de la cohorte de gens qui ont le malheur de ne pas être sous Mac où c'est géré en natif) et lancer l'impression depuis la page Google Docs. Ca marche nickel, et il faudra vous contenter de ça pour le moment...
RépondreSupprimerCédric : on pourrait, mais vues nos magnifiques illustrations, ce serait un peu criminel de ne pas faire de zolie mise en page. D'ailleurs, qui se charge déjà de la maquette ? Rappelle-moi QUI est en retard sur le sujet ? :)
RépondreSupprimerAh zut deux Cédric ont répondu à la suite, mon commentaire n'est pas clair...
RépondreSupprimerJ'approuve l'initiative... Mais dans le cas d'Orpheus, ou d'autres jeux exotiques, ça ne vous dirait pas de donner un peu le contexte, l'ambiance du jeu?
RépondreSupprimerJ'aime bien lire des scénarios pour des jeux que je ne connais pas, mais là j'ai été un peu perdu.
Ma foi, on pourrait facilement reprendre nos critiques Casus pour enrichir le billet quand elles existent, ou pointer vers le GROG. Ce serait le minimum.
RépondreSupprimerVoici donc le lien vers la gamme, et le copier/coller de ma critique (sous mon vieux pseudo de "Severian") :
Orpheus est une gemme. Ceci posé, passons à la raison de cette appréciation.
Adepte occasionnel du World of Darkness, j'avais depuis longtemps décroché face à la profusion de jeux, de sous-gammes, de monstres, de secrets, qui ont conduit le metaplot à devenir si étouffant que White Wolf s'est décidé à le tuer une bonne fois pour toutes avec le "Time of Judgement". J'ai bien essayé Demon, dans les productions récentes, et je suis loin d'être convaincu - cf. ma critique sur ce jeu. Mes seules bonnes surprises, chez White Wolf, venaient des alternatives historiques, à savoir Dark Ages : Vampire et Vampire : Victorian Age. Je n'attendais donc plus grand chose de bien avant la mort du World of Darkness, et mon achat d'Orpheus ne s'explique que parce que je suis un vieux fan de Wraith, le plus étonnant et intéressant des jeux du WoD, selon mon point de vue.
Las, Wraith souffrait de graves lacunes de design aussi gênantes que ses innovations étaient géniales. Le côté sombre, par exemple, était un moyen certain de se brouiller avec ses amis, mais surtout, l'existence même des Shadowlands contribuait à recentrer l'univers de jeu sur une version mystico-sado-maso de l'empire romain, au lieu de rester tourné vers les hommes et les sentiments, véritable sujet des histoires de fantômes. Wraith était donc un mauvais jeu de fantôme, tout compte fait, et j'avais envie de trouver autre chose avec Orpheus. Et puis, Wraith faisait partie du WoD, et je frisais déjà l'indigestion de cross-over (avec Mummy, avec la Main Noire, avec les Euthanatos, avec les Giovanni, etc.).
Plein de sentiments mitigés, j'ouvre le livre... De prime abord, le nom de l'éditeur me surprend agréablement : Lucien Soulban était arrivé chez White Wolf sur "Constantinople by Night" et "Montreal by Night", avec son confrère Philippe R. Boulle (actuel éditeur de Dark Ages). Je commence ma lecture. Et là. Bam. Page 21, on me dit que le jeu, bien que dans le même univers que les autres de WW, n'a rien en commun avec eux. J'applaudis. Et on me présente Orpheus comme un jeu d'horreur centré sur les humains. J'exulte. D'un certain point de vue, on peut déjà dire qu'Orpheus est ce que Wraith aurait dû être.
Le concept du jeu est séduisant en diable, et, surtout, facile à appréhender pour tous. "Vous faites partie d'une organisation qui a la technologie pour communiquer avec les fantômes, et vous formez ensemble une équipe d'intervention." Ca a le mérite de la simplicité, à tel point qu'on peut tout à fait imaginer utiliser Orpheus pour un jeu d'initiation. Le monde est le même que le nôtre, et il n'y a aucun pré requis en terme de background touffu. Au contraire, même, Orpheus étant un jeu d'horreur, l'ignorance des joueurs est un plus pour l'ambiance. Mais le jeu est également facile à appréhender pour le MJ, car il n'y a besoin de rien en dehors du livre de base pour jouer, et le jeu ne fait aucune référence en pratique au reste du World of Darkness. L'univers d'Orpheus est un Monde des Ténèbres réduit à sa plus simple expression, tel qu'il était au moment de la première édition de Vampire : sombre et gothique-punk.
Si le jeu est simple, la mise en place de scénario l'est également : l'appartenance des personnages au groupe Orpheus donne un côté "jeu à missions" qui facilite la prise en main. Mais Orpheus n'appartient pas aux forces de l'ordre, et n'ayant pas de pouvoir légal, l'employeur des PJ est loin d'être tout-puissant ¿ sans compter que la société est assez ambiguë. Tout cela incite les personnages à rester soudés, en les faisant se concentrer sur leur Crucible plutôt que de faire appel à leur employeur à tout moment. L'absence de rivalité entre lignées/clans/tribus auxquels appartiendraient les personnages renforce encore la cohésion du groupe. De ce point de vue, Orpheus est un jeu aux mécanismes bien conçus, comme le prouve par exemple la Vitalité, caractéristique qui gère à la fois la survie, la jouabilité et la puissance du personnage. Comme je le disais pour Wraith, la séparation entre le monde des vivants et des esprits, en plus des idées de scénario qu'elle provoque, crée aussi des situations de jeu originales. Imaginez que vous soyez un esprit : vous pouvez suivre une personne, passer au travers des murs, fouiller une pièce à la recherche d'indices... Si la filature ne pose aucun problème, ouvrir un tiroir est nettement plus problématique. Toutes les situations habituelles du jeu sont ainsi renversées, et le passage d'un état à un autre fournit encore plus de possibilités (alors que dans Wraith on ne pouvait pas quitter cet état, ce qui était vite frustrant). Enfin, les pouvoirs des esprits sont intelligents, protéiformes, et n'ont rien à voir avec les listes de sorts indigestes qu'on pouvait avoir dans d'autres jeux.
L'autre aspect d'Orpheus qui m'a séduit est le développement du metaplot sur une gamme limitée, centrée sur six ouvrages et un recueil de nouvelles. C'est selon moi la meilleure façon de présenter un jeu avec metaplot : les auteurs savent où ils vont, et ceux qui ne veulent pas de la storyline ont tout ce qu'ils veulent dans le livre de base. La gamme à terme sera importante sans être d'une profusion impossible à tenir, et adaptée à mes habitudes de joueur éclectique qui passe d'un jeu à l'autre. Pas de splatbook pour Orpheus, puisqu'on n'a pas de clan : qui s'en plaindrait ? On aurait beau jeu de critiquer WW sur sa politique commerciale : à quantité égale, les ouvrages WW sont parmi les moins chers du marché. Quand la qualité est elle aussi au rendez-vous, de quoi se plaindrait-on ? Par contre, je laisse de côté dans cette critique le metaplot lui-même, sur lequel je reviendrai avec les prochains ouvrages de la gamme (car, oui, je suis séduit et achèterai le reste).
Au niveau de la forme, WW maîtrisant sa méthode, le livre de base est gorgé d'informations, pratique (plus pour qui est habitué aux gammes WW, c'est vrai), bien maquetté et bien écrit. Les illustrations sont en général de très bon niveau, et la première partie est un régal à lire, car les changements constants de ton, de style et de présentation rompent toute monotonie. Et ce qui se présente au lecteur titille l'imagination, sans l'enfermer. Témoin, ces dossiers de mission qui, en ne présentant que la face "joueur", donnent de la matière au MJ sans le lier et en stimulant l'imagination.
Mais la principale qualité d'Orpheus, c'est d'être un jeu de fantômes réussi. La fracture entre le monde des morts et le monde des vivants est au centre du jeu et des scénarios, ce qui aurait dû être le cas dans Wraith. Pourtant, le jeu conserve intact le mystère de l'existence des fantômes, et ne tente ni la banalisation, ni la rationalisation de l'énigme qui fait l'attrait du jeu. Peut-être que le jeu déplaira aux fanatiques du WoD et des cross-over, mais il plaira à tous les autres, connaisseurs du World of Darkness ou non. L'horreur contemporaine est un thème qui connaît quelques excellents jeux, comme Kult ou Unknown Armies. Désormais, il faudra aussi compter avec Orpheus.
Ah ben voilà, maintenant ça me donne envie !
RépondreSupprimerMerci bien !
Et encore, tu n'as pas lu la fin de ma critique de End Game, le dernier supplément de la gamme.
RépondreSupprimerLe livre de base d'Orpheus posait un certain nombre de questions, et la lecture des suppléments permet d'y répondre :
Q : Un jeu Monde des Ténèbres affranchi du reste des jeux du Conteur ? C'est possible ? C'est vrai ?
R : Oui, c'est possible, respecté de bout en bout, si on excepte les clins d'oeuil à Wraith. Orpheus est parfaitement autonome, tout en cultivant le gothique-punk cher aux afficionados de WW.
Q : Un jeu en 6 suppléments ? C'est un jeu mort-né ou un jeu à story-line obligatoire ?
R : Ni l'un ni l'autre. Les suppléments peuvent s'utiliser indépendamment de la campagne officielle, celle-ci peut se jouer en 6 mois ou en 10 ans, et comme tous les jeux de rôle Orpheus a un potentiel limité uniquement par l'imagination des joueurs.
Q : Qu'apporte le fait de limiter la gamme à 6 suppléments ?
R : le canevas sur lequel ont brodé les auteurs étant très précis et connu d'avance, les suppléments sont bourrés de contenu, maîtrisés, sans remplissage, utiles, et pourtant dispensables : le livre de base peut se suffire à lui-même.
Un petit mot pour finir : ayant tendance à m'éparpiller, à vouloir pratiquer plein de jeux, à papillonner d'un jeu à l'autre, Orpheus représente pour moi un modèle à suivre en matière de développement de gamme : on peut y jouer 6 mois et passer à autre chose, l'investissement est raisonnable et contrôlé, la qualité des suppléments est homogène et on ne se retrouve à accumuler des splatbooks ou suppléments indigestes et peu utiles. Maintenant que j'ai lu Orpheus, je regarde mes autres jeux en me demandant en quoi ils sont plus attractifs de se répendre en une accumulation d'ouvrages verbeux ? Un exemple à suivre, à décliner pour autre chose que des fantômes gothiques-punks.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour ce très bon scénario.
Il pourrait être possible de l'améliorer encore en estompant un peu le rôle des Langlois. Ainsi, si vous avez plus de temps pour faire jouer ce scénario, il est envisageable de transformer la mère en vamp qui se campe dans un rôle de victime, son fils mal dans sa peau qui se drogue avec l'argent volé au père et le "méchant" capitaliste qui va vers un infarctus et se réfugie (par lacheté) dans le travail pour éviter le constat d'une vie gâchée. Je trouve cette approche un peu plus "humaine".
Merci Alexandre pour cette proposition de variante, que je trouve intéressante, tes commentaires, et les corrections que tu m'as fait parvenir. Je les ai intégrées dans le document.
RépondreSupprimerJ'en profite pour dire que je me suis remis à la publication des scénarios, et que vous verrez dans les jours à venir le scénario Dying Earth promis, et un scénario Unknown Armies pas très longtemps après.