Encore un détournement de billet de Philippe (publié en avril 2009 à la base).
Je me refusais de lire le livre de Jean-Philippe Jaworski car j'avais une peur affreuse de lire un roman trop proche de mon manuscrit. Je ne voulais surtout pas avoir l'impression de me laisser influencer ou d'avoir l'air de copier.
J'ai pourtant adoré ma lecture. C'est à la fois très proche de ce que j'attends de la fantasy et finalement très éloigné de mon actuel travail. Ouf.
Bon, je ne dis pas que j'ai adoré toutes les nouvelles du recueil (je suis là aussi d'accord avec Philippe) mais j'ai pris mon pied. Enfin de la fantasy française qu'elle est bien. Bon, j'ai trouvé le style parfois un peu trop pompeux, la chute de nécropole m'a fait décrocher, la présence d'un elfe m'a ulcéré, mais c'était quand même une très belle lecture.
J'ai hâte de lire la suite.
Et j'espère que Jean-Philippe va avoir des émules car cette fantasy là, elle est jouissive.
Bon, prochaine étape, trouver les romans de Laurent Kloetzer. Non mais.
Cédric
Une mêlée confuse de soldats piétinant dans la boue plutôt qu'un chevalier en armure étincelante paradant avec une épée disproportionnée... D'emblée, la couverture annonce que le roman n'est pas de la fantasy "traditionnelle". Si, parce que le sieur Jaworski s'est d'abord fait un nom dans le jeu de rôle, vous espériez quelque chose comme le pendant à Tiers Âge ou Te Deum de ce qu'est Drizzt ou Dragonlance à AD&D, passez votre chemin. Je dois d'ailleurs dire qu'après ma série de Keyes, lire de beaux textes intelligemment écrits m'a fait un peu drôle. J'ai failli reposer le bouquin pour aller m'acheter un des romans Warhammer de Cédric pour me remettre du choc.
Donc ça y est, je l'ai dit, Janua Vera est un superbe recueil. Je pourrais très bien m'arrêter là et me contenter de vous renvoyer à la critique du Cafard cosmique, qui lui a décerné son Prix du cafard cosmique 2008.
Je pourrais faire une liste de quelques billets de blogs, élogieux :
- Critique chez Efelle
- Crititique chez Nebal
- Critique chez Lesendar
- Critique chez Gromovar
- Critique chez Cédric Jeanneret
Je pourrais pointer la critique du roman Gagner la guerre, chez Efelle, qui prolonge la nouvelle Mauvaise donne.
Ou, pour que vous puissiez voir par vous-même, je pourrais donner le lien vers Un amour dévorant, une nouvelle qui ne se trouve pas dans le recueil publié par les Moutons électriques, mais qui a été intégrée dans la version poche de Folio SF.
Mais ce faisant, je passerais sous silence l'horrible jalousie qui me dévore les entrailles, à lire une plume aussi habile et versatile, capable de conjurer de magnifiques images de nature lavée par la pluie (Au service des dames) ou de dépeindre les tourments intérieurs de personnages variés, de l'ermite isolé (Le confident) à la petite paysanne (Le conte de Suzelle) en passant par le preux chevalier (Au service des dames) ou le barbare illétré (Une offrande très précieuse). Une plume, disais-je, qui rend hommage sans copier (Chrétien de Troyes dans Au service des dames), qui pastiche sans caricaturer (Pratchett dans Jour de guigne), ou qui compose un récit d'intrigues politiques machiavelien très réjouissant. Je pourrais pointer du doigt, pour me soulager, les quelques menus défauts (les quelques petits liens que Jaworski a gardé avec les univers de JdR : les elfes et les nains, le sort "Chute de nécropole", le fantastique très présent de Jour de guigne; l'humour loufoque trop appuyé de ce même Jour de guigne, la moins bonne du recueil selon moi avec la nouvelle éponyme). Mais je vous dois, chers visiteurs, une totale honnêteté...
Plutôt que de finir sur une exhortation empreinte d'admiration béate (du genre : "Courez l'acheter !"), je laisse la parole à Bob*, l'agent de Greg, que vous connaissez désormais.
"- Tu vois, mon petit Greg, c'est important de lire la concurrence, histoire de voir les trucs qui marchent et les raisons qui font se planter d'autres. Je viens de lire un truc bien naze, là, Janua Vera. Déjà, le titre est incompréhensible.
- Il paraît que ça veut dire "Vraie porte" en latin.
- Ouais, comme je disais, c'est nul. Pourquoi pas "Jolie fenêtre", tant qu'on y est ? Ensuite, la couv est bien naze. Comment le client devine qu'il a affaire à un truc de fantasy, si rien ne le dit, ni dans le titre, ni dans la couv ? Premier loupé. Deuxième loupé, des nouvelles. T'as à peine le temps de t'habituer à une histoire, de retenir les noms des personnages, que tu passes à une autre histoire. La fantasy, ça se mesure en milliers de page. Des nouvelles de la taille d'une description de lignée royale chez un autre, tu n'en écris que si t'es le meilleur écrivain du monde. Et même dans ce cas, vaut mieux éviter : si ton idée de départ est assez bonne pour une nouvelle, autant délayer pour en faire une saga. Bon, là, on a pas affaire au meilleur écrivain du monde.
- Il a quand même fait une sequel, non ?
- Sa seule bonne idée. Mais il est incapable de garder le même style, il fait dans le détournement des romans de chevalerie (Au service des dames) ou l'humour, ça perd le lecteur. En plus, il donne pas toujours la fin explicite de l'histoire (Un amour dévorant, Une offrande très précieuse). Ca, le lecteur de Fantasy, il aime pas, il est pas habitué. Non, c'est vraiment naze, mais le pire, c'est la nouvelle, le conte de Suzelle, c'est juste la vie d'une paysanne, il ne se passe rien, c'est nul, c'est... snirfl... c'est...
- Il paraît que ça veut dire "Vraie porte" en latin.
- Ouais, comme je disais, c'est nul. Pourquoi pas "Jolie fenêtre", tant qu'on y est ? Ensuite, la couv est bien naze. Comment le client devine qu'il a affaire à un truc de fantasy, si rien ne le dit, ni dans le titre, ni dans la couv ? Premier loupé. Deuxième loupé, des nouvelles. T'as à peine le temps de t'habituer à une histoire, de retenir les noms des personnages, que tu passes à une autre histoire. La fantasy, ça se mesure en milliers de page. Des nouvelles de la taille d'une description de lignée royale chez un autre, tu n'en écris que si t'es le meilleur écrivain du monde. Et même dans ce cas, vaut mieux éviter : si ton idée de départ est assez bonne pour une nouvelle, autant délayer pour en faire une saga. Bon, là, on a pas affaire au meilleur écrivain du monde.
- Il a quand même fait une sequel, non ?
- Sa seule bonne idée. Mais il est incapable de garder le même style, il fait dans le détournement des romans de chevalerie (Au service des dames) ou l'humour, ça perd le lecteur. En plus, il donne pas toujours la fin explicite de l'histoire (Un amour dévorant, Une offrande très précieuse). Ca, le lecteur de Fantasy, il aime pas, il est pas habitué. Non, c'est vraiment naze, mais le pire, c'est la nouvelle, le conte de Suzelle, c'est juste la vie d'une paysanne, il ne se passe rien, c'est nul, c'est... snirfl... c'est...
- Mais, Bob, tu pleures ?
- Snirfl. Mais non, crétin, j'ai un truc dans l'oeil."
*J'ai envie de l'appeler Bob, je trouve que ça lui va bien.
Bonsoir
RépondreSupprimerEn effet un très beau moment de lecture.
D'accord avec vous pour la nouvelle éponyme que j'ai personnellement le moins appréciée, non pour l'intrigue mais pour le style que j'ai trouvé ampoulé.
J'attends la sortie en poche du roman pour retrouver ce bon vieux Don Benvenuto.
Au plaisir de relire les chronique de Bob.
(ne serait-ce pas aussi l'agent littéraire de Terry Goodkind ?)
Cordialement
Uglah
Cette unanimité autour de Janua Vera commence à être suspecte. Je vais devoir mettre mon groin là-dedans et trouver du mal à dire, ne serait-ce que pour le principe.
RépondreSupprimerJe l'adore Bob. Et il a bien senti le vent, le conte de Suzelle est surement la plus jolie nouvelle du recueil.
RépondreSupprimerCher Bob,
RépondreSupprimerVous avez raison c'est une véritable honte. Je me procurerai à l'occasion un exemplaire de ce pitoyable recueil de manière à garder bien en tête les écueils à éviter. Merci encore pour votre regard éclairé et oh combien professionnel ;o))
Je pourrais dire que je suis d'accord avec toi mais je crois que tu l'as déjà fait.
RépondreSupprimerUn auteur à suivre...
J'approuve !
RépondreSupprimer@ Uglah
RépondreSupprimerJe suis du même avis pour la nouvelle Janua Vera : même si j'imagine qu'il est volontaire, pour rappeler les contes, le style est moins fluide, plus lourd que dans les nouvelles suivantes. L'histoire, l'initiation de ce roi, a en plus un air de déjà-vu.
@ Cédric
"C'est une honte, ce n'est pas un roman mais des histoires qui ne se suivent même pas ! De qui se moque-t-on ?" :)
@ Gromovar
C'est une petite perle. Le début me faisait penser aux suldrun ou Madouc de Vance, j'ai d'abord pensé que ce n'était pas bien original. Et j'ai été conquis par l'ambiance mélancolique et douce-amère. Ma 2e préférée est Au service des dames, pour les descriptions de la nature et les contre-pieds pris par rapport aux archétypes du roman chevaleresque (j'ai adoré le petit page blond méchant et vicieux)
@ tous les lecteurs de Bob
Devant le succès de ses interventions, il est possible qu'il revienne plus souvent sur le blog.
J'adore Janua Vera. En ce moment, je me délecte de Gagner la Guerre qui est bien meilleur, à mon humble avis. Il ne faudra pas beaucoup pour que les Récits du Vieux Royaume devienne mon cycle préféré devant Le Trône de Fer ou Le Seigneur des Anneaux.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup aussi, livre que j'avais découvert grace a vous. Grosse déception, des nouvelles... je ne suis pas fan. Mais finalement c'est très plaisant.
RépondreSupprimerPour l'instant, je viens de terminer le Conte de Suzelle qui était un peu ennuyeux, mais j'ai adoré Mauvaise donne.
Snif... Suzelle... La pauvre petite...
RépondreSupprimerLa langue se veut précise et "haute en tiques" mais le style s'en trouve quelque peu alourdi, c'est dommage, comme si tout reposait sur le seul lexique (genre dico d'Ancien Francais), cela dit la palette de personnage est riche et chamarrée.
RépondreSupprimerJe suis d'accord, mais seulement pour la 1e nouvelle. Au contraire, dans un texte comme "Le service des dames", le style est puissamment évocateur.
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