Si j'y vais d'un titre aussi pompeux sur ce blog généralement assez léger, c'est la faute de notre voisin virtuel et de plume Laurent-de-chez-Smith-en-face. Dans un récent billet, il faisait de la publicité pour certains cours du Collège de France qui sont désormais en téléchargement gratuit sous la forme de podcasts. Voulant goûter cette proposition éducative, je me suis mis à suivre un premier cours à propos de la piété chez les Romains. Sujet intéressant, si ce n'est que l'orateur passait plus de temps à dire que ses collègues étaient des truffes qu'à réellement nous enseigner la chose romaine. J'ai donc bifurqué vers une relecture de Confucius qui semblait démontrer que comme le marxisme, le confucianisme peut servir à défendre tout et son contraire dès qu'il s'agit de surinterpréter un texte. Hélas, l'oratrice avait, euh... un, euh... défaut d'élocution particulièrement, euh... lourd qui, euh... rendait l'écoute plus pénible qu'une séance de roulette chez un dentiste atteint de Parkinson.
J'en étais à me dire que le Collège de France, ce n'était pas fait pour moi. Or sur les conseils de Laurent, j'ai tenté l'aventure d'un cours de littérature médiévale intitulée : Que cherchaient les quêteurs du Graal ? Non, en fait, le vrai titre du cours, c'était Non pedum passibus, sed desideriis quaeritur Deus, mais comme j'ai fait une allergie au latin dès ma première page de déclinaison (saloperies de rosa, rosae, rosam), je ne chercherai pas à faire mon latiniste à deux sesterces.
Que cherchaient les quêteurs du Graal ? Une belle question. Que les fans du Da Vinci Code et de Rennes-le-Château se rendorment illico presto (moi aussi je peux me la jouer avec des latinismes, non mais...), ce cours de 9 séances d'une heure chacune ne parle absolument pas d'ésotérisme. C'est réellement une approche littéraire du mythe qui est proposée. Mais en posant cette question, l'orateur aborde de nombreux thèmes connexes qui sont passionnants. Comme la relation entre les romans du Graal (car la littérature médiévale est riche d'une belle pléiade de romans interconnectés) et la liturgie chrétienne (et surtout l'évangile apocryphe de Nicodème qui explique ce que Jésus a fait pendant les 3 jours qui suivent sa mort avant la résurrection). La transposition d'une histoire moyen-orientale vers le monde celte. Le sens de l'aventure chevaleresque et des valeurs transmises par ces histoires de chevalerie. La définition même du Graal (qui est probablement un plat à viande. Oui, un mythe s'écroule). Le fait que les romans du Graal sont rarement achevés par leurs auteurs qui ne savent pas trop comment finir cette histoire. Le rôle du pèlerinage dans la mystique médiévale. Je vous la fait courte, mais la liste des sujets abordés à travers cette étude est longue et touche à plein d'aspects du mythe et de son époque.
Pour ne rien gâcher, l'orateur est le philologue Michel Zink (comme son nom ne l'indique pas clairement, un philologue étudie la langue d'un point de vue historique). Il est titulaire de la chaire de Littératures de la France médiévale. Bref, il sait de quoi est-ce qu'il parle. Il a un accent charmant qui me fait penser à celui de Pierre Bénichou et a surtout beaucoup d'humour, ce qui aide à faire passer la pilule.
Pourquoi en parler sur ce blog, qui aborde plus souvent de sword & sorcery que de l'influence proto-cathare sur la poétique new-age dans le bas-Poitevin ? Et bien ces 9 heures d'écoute ont été très bénéfiques à l'ignorant que je suis pour remonter aux racines du mythe arthurien. Je ne le cache pas, ma connaissance du royaume de Logres est composée de parties juvéniles de Pendragon où le mythe était totalement absent, d'une poignée de romans de Marion Zimmer Bradley et sa fameuse vision féministe de l'histoire, d'un bouquin de Barjavel, de souvenirs lointains d'une lecture fiévreuse de Prince Valiant, et pour finir, des plusieurs centaines d'épisodes de Kaamelott que j'ai vus, revus et archirevus. Autant dire que je suis un béotien.
Et en revenant aux origines de l'histoire du Graal à travers ces romans d'aventure, j'ai trouvé plusieurs pistes de réflexion sur la manière dont nous pouvons raconter des histoires dans notre écriture fantasy. Parce que mine de rien, les Chrétien de Troyes et autres Robert de Boron de cette époque écrivaient de sacrées histoires medfan. Pas d'elfe, pas de guilde d'assassin, mais du récit qui dépote et un symbolisme un peu plus complexe que Lanfeust de Troy (pour en citer un, hein).
Bref, un bien beau voyage auditif (ça fait bizarre de suivre les cours du Collège de France à distance alors que l'on marche dans le quartier des affaires de Montréal) et pas mal d'eau pour mon petit moulin personnel. J'ai de quoi ruminer pendant des heures sur le sens et la fonction de ma fantasy.
Ceci dit, à chaque fois que Michel Zink parle de Perceval et de sa destinée, difficile de ne pas avoir l'image de Franck Pitiot dans Kaamelott en train de dire "C'est pas faux" ou d'inventer des récits d'aventure avec des vieux.
Au passage, j'ai enfin compris les scènes de la campagne L'Enfant-Roi de Pendragon avec le Roi Pêcheur et tout le tintouin. Il faut dire que j'avais 16 ans quand j'avais lu ces scénarios, je ne comprenais pas bien ces histoires de lance de Longinius et d'hostie. C'est vrai, quoi, la vraie question, à l'époque, c'était combien de points de légende ça rapportait, le Graal.
Merci Laurent.
Pour les curieux, un petit tour sur votre iTunes Store vous ouvrira les portes virtuelles du Collège de France.
J'en étais à me dire que le Collège de France, ce n'était pas fait pour moi. Or sur les conseils de Laurent, j'ai tenté l'aventure d'un cours de littérature médiévale intitulée : Que cherchaient les quêteurs du Graal ? Non, en fait, le vrai titre du cours, c'était Non pedum passibus, sed desideriis quaeritur Deus, mais comme j'ai fait une allergie au latin dès ma première page de déclinaison (saloperies de rosa, rosae, rosam), je ne chercherai pas à faire mon latiniste à deux sesterces.
Que cherchaient les quêteurs du Graal ? Une belle question. Que les fans du Da Vinci Code et de Rennes-le-Château se rendorment illico presto (moi aussi je peux me la jouer avec des latinismes, non mais...), ce cours de 9 séances d'une heure chacune ne parle absolument pas d'ésotérisme. C'est réellement une approche littéraire du mythe qui est proposée. Mais en posant cette question, l'orateur aborde de nombreux thèmes connexes qui sont passionnants. Comme la relation entre les romans du Graal (car la littérature médiévale est riche d'une belle pléiade de romans interconnectés) et la liturgie chrétienne (et surtout l'évangile apocryphe de Nicodème qui explique ce que Jésus a fait pendant les 3 jours qui suivent sa mort avant la résurrection). La transposition d'une histoire moyen-orientale vers le monde celte. Le sens de l'aventure chevaleresque et des valeurs transmises par ces histoires de chevalerie. La définition même du Graal (qui est probablement un plat à viande. Oui, un mythe s'écroule). Le fait que les romans du Graal sont rarement achevés par leurs auteurs qui ne savent pas trop comment finir cette histoire. Le rôle du pèlerinage dans la mystique médiévale. Je vous la fait courte, mais la liste des sujets abordés à travers cette étude est longue et touche à plein d'aspects du mythe et de son époque.
Pour ne rien gâcher, l'orateur est le philologue Michel Zink (comme son nom ne l'indique pas clairement, un philologue étudie la langue d'un point de vue historique). Il est titulaire de la chaire de Littératures de la France médiévale. Bref, il sait de quoi est-ce qu'il parle. Il a un accent charmant qui me fait penser à celui de Pierre Bénichou et a surtout beaucoup d'humour, ce qui aide à faire passer la pilule.
Pourquoi en parler sur ce blog, qui aborde plus souvent de sword & sorcery que de l'influence proto-cathare sur la poétique new-age dans le bas-Poitevin ? Et bien ces 9 heures d'écoute ont été très bénéfiques à l'ignorant que je suis pour remonter aux racines du mythe arthurien. Je ne le cache pas, ma connaissance du royaume de Logres est composée de parties juvéniles de Pendragon où le mythe était totalement absent, d'une poignée de romans de Marion Zimmer Bradley et sa fameuse vision féministe de l'histoire, d'un bouquin de Barjavel, de souvenirs lointains d'une lecture fiévreuse de Prince Valiant, et pour finir, des plusieurs centaines d'épisodes de Kaamelott que j'ai vus, revus et archirevus. Autant dire que je suis un béotien.
Et en revenant aux origines de l'histoire du Graal à travers ces romans d'aventure, j'ai trouvé plusieurs pistes de réflexion sur la manière dont nous pouvons raconter des histoires dans notre écriture fantasy. Parce que mine de rien, les Chrétien de Troyes et autres Robert de Boron de cette époque écrivaient de sacrées histoires medfan. Pas d'elfe, pas de guilde d'assassin, mais du récit qui dépote et un symbolisme un peu plus complexe que Lanfeust de Troy (pour en citer un, hein).
Bref, un bien beau voyage auditif (ça fait bizarre de suivre les cours du Collège de France à distance alors que l'on marche dans le quartier des affaires de Montréal) et pas mal d'eau pour mon petit moulin personnel. J'ai de quoi ruminer pendant des heures sur le sens et la fonction de ma fantasy.
Ceci dit, à chaque fois que Michel Zink parle de Perceval et de sa destinée, difficile de ne pas avoir l'image de Franck Pitiot dans Kaamelott en train de dire "C'est pas faux" ou d'inventer des récits d'aventure avec des vieux.
Au passage, j'ai enfin compris les scènes de la campagne L'Enfant-Roi de Pendragon avec le Roi Pêcheur et tout le tintouin. Il faut dire que j'avais 16 ans quand j'avais lu ces scénarios, je ne comprenais pas bien ces histoires de lance de Longinius et d'hostie. C'est vrai, quoi, la vraie question, à l'époque, c'était combien de points de légende ça rapportait, le Graal.
Merci Laurent.
Pour les curieux, un petit tour sur votre iTunes Store vous ouvrira les portes virtuelles du Collège de France.
Merci beaucoup pour cette suggestion.
RépondreSupprimerJ'en suis au 4e cours, je kiffe trop.
RépondreSupprimerC'est fort, hein ?
RépondreSupprimerJ'ignorais que la philologie pouvait être aussi intéressante.