Breaking Bad


Walter est professeur de chimie dans un lycée d'Albuquerque. C'est un ancien chercheur de pointe qui a échoué dans l'enseignement pour des raisons qu'il ne m'appartient pas de révéler ici. Il est marié à Skyler, qui est enceinte, et ils ont déjà un fils adolescent handicapé (Walter Jr). Les fins de mois sont difficiles, mais ils s'en sortent à peu près puisque Walter travaille le soir dans une station de lavage pour voiture. Le vrai rêve américain, quoi. Or Walter vient tout juste d'apprendre qu'il a un cancer des poumons à un stade très avancé. Et, magie du système de santé, la chimio-thérapie qui lui serait nécessaire n'est absolument pas couverte par sa petite mutuelle de prof du fin fond du Nouveau-Mexique. Walter doit donc agoniser sans se plaindre en ayant bien conscience qu'il ne laissera à sa famille que des dettes et des regrets.

Mais tout comme les Cylons, Walter a un plan : il va s'associer avec un de ses anciens élèves (Jesse) et fabriquer de la drogue en utilisant ses compétences de chimiste. Il prévoit que pendant les quelques mois qu'il lui reste à vivre, il aura peut être le temps de mettre de côté assez de dollars pour permettre à sa famille de vivre normalement après son décès. Walter le gentil prof de chimie va donc s'improviser fabriquant de drogue. Mais attention, il n'est pas fou : lui se contente de fabriquer, il laisse à Jesse les risques de la rue. C'est imparable, comme plan. Tellement qu'il ne faudra pas longtemps à Walter pour comprendre qu'il a mis le doigt dans un engrenage qui va le forcer à se transformer. Car Jesse est surtout une source inépuisable d'emmerdes, et le secteur commercial de la vente de drogue est un miLieu assez... exigeant. Et pour arranger le tout, le beau-frère de Walter est un cowboy qui bosse à la DEA.

Après avoir vu le pilote de Breaking Bad, j'étais bien en peine d'imaginer qu'il serait possible d'étirer cette histoire sur plusieurs saisons. L'idée de base était séduisante, mais la transformer en un véritable arc narratif me semblait impossible. D'autant que la première saison, victime de la grève des scénaristes, ne faisait que 7 épisodes et se terminait un peu en queue de poisson. Trois saisons plus tard, je confirme que cette histoire est assez solide pour faire de cette série un bijou. Regarder Walter s'enfoncer inexorablement dans les sables mouvants des emmerdes est un spectacle en soi. Il construit un empire ciselé de mensonges. Il se perd progressivement, ne franchissant jamais vraiment la limite mais faisant des petits pas qui l'amènent inexorablement vers le côté obscur. Son objectif financier, aussi noble qu'il soit, le pousse a des extrémités de plus en plus dingues et l'oblige à visiter un monde dont il ignore tout. Des junkies crades, des dealers idiots, des boss de cartel foux furieux, un avocat pourri d'office.... Walter et son complice vont de plus en plus loin et se transforment au contact de ses obstacles. Walter n'a plus rien à perdre, tandis que Jesse apprend malgré lui des choses.

La série mélange le drame et la comédie avec une rare efficacité. Il faut dire que l'acteur principal a longtemps joué dans la série Malcom, aussi lors des premiers épisodes de Breaking Bad, il est difficile de ne pas voir dans son personnage maladroit une extension du père complètement dingue de Malcom. Mais il s'affranchie vite de cet héritage et compose rapidement un Walter sublime de véracité. Au final, la série traite autant de la drogue que de l'espace vital qu'un cancereux possède quand son diagnostic devient connu de tous. À travers le personnage de Jesse, c'est également le thème de la canaille un peu paumée en quête d'un modèle paternel à suivre pour prendre un peu de plomb dans le cerveau. Mais étrangement, le rôle du beau-frère agent de la DEA offre également de très beaux moments en abordant la thématique de la violence et du choc post-traumatique.

La série a un petit aspect McGyver par moment, quand Walter utilise ses connaissances théoriques pour fabriquer des trucs particulièrement cools. Je ne veux pas vous spoiler, mais c'est assez dingue ce que l'on peut faire avec un cadavre, une baignoire et suffisamment d'acide... Walter m'a beaucoup fait penser à mes propres études vaguement scientifiques, j'ai eu l'impression de reconnaître en lui plusieurs de mes professeurs. Et ma conclusion après une trentaine d'épisodes, c'est que l'on ne se méfie vraiment pas assez des profs de chimie en phase terminale. Oh non.

Commentaires

  1. Mais où vas-tu chercher des machins comme ça ? Quand vas-tu arrêter avec cette insidieuse contre-propagande ? Tu ne peux pas regarder 24h Chrono, comme tout le monde ?

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  2. moi vu que je passe par là je vous conseille une série qui est vraiment bien en 6 épisodes par saison et surtout redoutablement bien joué.

    http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=7684.html

    voilou

    ça changera de Mac gyver

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  3. @ Philippe
    Le blog "Le monde des séries" m'aident pas mal à faire mon marché. Les séries TV, c'est comme la fantasy : c'est mieux quand d'autres personnes de confiance t'aident à faire le tri entre le bon grain et l'ivraie.

    @Atreyou
    Merci pour le conseil, ça m'a l'air sympathique comme pitch, même si pour moi les Misfits c'est le groupe de rock des méchantes dans "Jem et les hologrammes".

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  4. Anonyme9/8/10

    série à découvrir absolument

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