Bridge of birds



C'est Philippe qui m'a conseillé Bridge of birds (La magnificence des oiseaux en VF) car je me plaignais auprès de lui de la mollesse des enquêtes du juge Ti. Il m'a donc indiqué ce livre qui est un peu au juge Ti ce que Cohen le barbare est à Conan.

Dans une Chine antique qui n'a jamais existé, un paisible village est frappé d'une terrible fatalité quand ses enfants tombent tous empoisonnés par un mystérieux mal. Un paysan de ce village, Number Ten Ox, est aussitôt envoyé à la capitale avec de l'argent pour engager quelqu'un qui saura identifier ce mal et trouver une cure adéquate afin de sauver les enfants. Number Ten Ox va finalement tomber sur maître Li, un centenaire alcoolique bourré de ressource et de sagesse douteuse. Et les deux hommes vont se lancer dans une véritable quête remplie d'humour et de facéties.

Le récit est avant tout ironique. L'auteur, Barry Hughart, 76 ans aux prunes, se moque avec talent de la sagesse ancestrale chinoise et de sa mythologie. Les élucubrations de ses deux héros sont tissées d’invraisemblance, de mauvaise foi et de cupidité. Chaque obstacle est l'occasion de démontrer pas tant la sagesse de maître Li que sa duplicité bienveillante. J'ai beaucoup pensé au Cugel de Jack Vance au cours de ma lecture car j'ai retrouvé ce don pour se mettre dans les emmerdes les plus incroyables et cette manière tout aussi surprenante de s'en sortir par un tour de passe-passe éhonté. C'est une écriture délicieusement rigolarde qui arrive en même temps à garder en permanence une forme de poésie. Un vrai paradoxe ambulant. Du coup, je le dis comme je le pense, Barry Hughart est un près-pratchettien.

Mon seul reproche tient peut être à l'étrangeté de l'histoire au premier abord. J'ai mis du temps avant de comprendre où l'auteur voulait en venir, j'ai eu pendant un long moment l'impression que tout ça m'échappait totalement. Mais j'ai tant ri que je me suis accroché pour finalement saisir l'intrigue centrale à pleine main. Et c'est une très belle histoire traditionnelle, qui plus est.

La bonne nouvelle, c'est qu'il y a deux autres titres dans cette série (The Story of the Stone et Eight Skilled Gentlemen). Youpi yop. La mauvaise nouvelle, c'est qu'à la base, l'auteur avait prévu d'en écrire 7. Sauf que son éditeur était incompétent. Du genre à ne pas dire à son auteur quand son livre gagnait des prix (et il en gagné, le bougre). Alors Barry Hughart a cessé d'écrire les aventures de maître Li et de Number Ten Ox. Et c'est bien dommage.

Commentaires

  1. Une des premières publications de la collection Lunes d'Encres chez Denoël.

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  2. +1 ! J kif tro ce bouk1 !

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  3. Il vient de faire un bond vers le dessus de ma PAL.

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  4. Number Ten Ox? Déjà avec un nom de personnage pareil, ça promet.

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  5. Anonyme17/9/10

    number ten ox : boeuf numéro 10. Ca promet, en effet !

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  6. Anonyme17/9/10

    Number Ten Ox: très chinois comme humour. Dans le classique chinois "Au bord de l'eau", un personnage particulièrement gaffeur et maladroit (surtout quand il a bu) se prénomme "Sagesse profonde".

    Joël Champetier

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  7. A propos du caractère détourné de l'intrigue centrale : chacune des aventures de Maitre Li et de Boeuf numéro dix étant basée sur une légende ou un roman relativement célèbre, le fait de l'attaquer de manière détournée permet de conserver un peu de suspense aux yeux du lecteur instruit... soit ça, soit alors oui Barry Huggart a une conception aussi personnelle que jouissive de l'exercice que représente la narration.

    Vous êtes sûrement déjà tombé dessus mais la version originale avant retouches du premier roman est dispo sur le net :
    http://www.barryhughart.org/bobdraft/chapter1.html

    (il me semblait qu'elle avait été enlevée en prévision de l'édition 2008 des chroniques de maitre Li et Boeuf numéro dix chez Subterranean, mais finalement ça semble toujours en ligne... heureusement)

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  8. Merci pour ces précisions, Ialda.

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  9. Anonyme22/2/14

    "se moque avec talent de la sagesse ancestrale chinoise et de sa mythologie" et il y a matière à, au vu de l'intrigue :) J'ai passé un bon moment mais les répétitions dans l'enchainement des aventures ont failli avoir raison de moi.

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