Les Princes vagabonds


Ce n'est pas sur ce blog que nous dirons du mal de Michael Chabon (Les Extraordinaires aventures de Kavalier et Clay et Le Club des policiers yiddish). Ce n'est pas dans ce billet non plus, car Les Princes vagabonds est une petite tuerie littéraire de 200 pages.

Le Caucase, 950. Amran est un hercule d'Abyssinie qui n'est pas manchot quand il s'agit d'abattre sa hache sur l'ennemi. Zelikman est un médecin juif qui aime plus sa jument que son prochain. Ces deux-là vagabondent et vivent de petites truanderies. Quand il croisent la route d'un héritier privé de son trône, ils s'embarquent dans une vaste histoire de vengeance avec de la fourberie, des batailles et des éléphants. Et le tout est servi avec une langue délicieuse écrite au jus de cynisme coupé avec un verbiage juste ce qu'il faut de précieux ridicule. Ainsi le chapitre 15 se nomme-t-il : De la voie tracée par le destin avec les intrusions coutumières de la violence et de la grâce. Tout un programme.

Les duos basés sur des compètes dissemblables, ce n'est pas nouveau : Bouvard et Pécuchet, Rick Hunter et Dee Dee McCall, Benny Hill et Jackie Wright... La liste est longue. Mais cette traversée historique avec un Conan africain et un Solomon Kane qui carbure à la misanthropie au lieu du puritanisme est écrite avec un plaisir évident par Chabon qui s'amuse et se moque en racontant des histoires improbables et rigolardes. D'autant que le texte est accompagné de gravures qui rappellent la belle époque des feuilletons. Ce qui est tout à fait logique puisque ces princes vagabonds ont été édités initialement en feuilleton dans le New York Times Magazine. Chabon voulait y rendre hommage à Dumas et Fritz Leiber, ce qui est fait de fort jolie manière. D'ailleurs, le titre de travail de cette histoire était Jews with swords, c'est dire l'intention moqueuse du monsieur. L'espace de 200 pages, Michael Chabon se transforme en un Pratchett juif. Ah comme cela est bien.

Commentaires

  1. Je l'ai acheté suite à la chronique de Nébal, ta chronique me rappelle que je DOIS le lire.

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  2. Faudra que j'y jette un oeil prochainement.

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  3. Le titre en VO, c'est bien "Gentlemen of the Road"?

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