Cette anthologie de Golden Goblin Press, venue en complément de De Horrore Cosmico, propose neuf nouvelles cthulhiennes se
déroulant sous l’empire romain. La combinaison Rome + Lovecraft ne m’étant pas tout à fait étrangère, je me suis précipité dessus dès réception.
Surprise
désagréable : l’objet est mince, 114 pages tout mouillé, ce qui nous vaut
des nouvelles très courtes, de 8 à 15 pages maximum. Même lorsqu’elles sont
ambitieuses, elles manquent de place pour s’installer (à vue de nez, le signage
total des neuf histoires doit être à peine supérieur à celui de Revoir Rome).
• Vulcan’s Forge, de William Meikle, nous
raconte ce trouva une expédition romaine à l’intérieur du Vésuve, juste avant
que Pompéi et Herculanum ne soient engloutis sous des kilomètres cubes de
cendres volcaniques. Elle aurait mérité un peu plus de place, même elle m’a
bien plu pour son effet de perspective, ses héros comprenant de manière logique
mais erronée un décor typiquement lovecraftien.
• Fecunditati Augustae, de Christine
Morgan, change radicalement d’échelle : on passe des derniers jours de
Pompéi à un drame intime dans la famille impériale, qui se joue à trois
personnages. C’est du bon travail, à qui il manque un « je ne sais
quoi » pour être entièrement réussi.
• A Plague of Wounds, de Konstantine
Paradisias, se déroule dans la Judée révoltée. Située dans le prolongement de
nouvelles de Ramsey Campbell ignorées en France, j’ai trouvé qu’elle se
laissait lire, mais ne m’a pas fait faire des bonds de joie.
• Tempus Edax Rerum, de Pete Rawlik,
aborde la problématique des prophéties et des livres sybillins dans la perspective,
à peu près inévitable, de Dans l’Abîme du
temps. Très courte, elle ressemble plus à un synopsis qu’à une histoire
pleinement développée.
• The Unrepeatables, d’Edward M. Erdelac,
mélange basse politique, cultes à mystères et discussions érudites entre Romains,
avant d’y ajouter une dose de cannibalisme, un monstre et une technique
improbable pour le combattre. Elle a un petit quelque chose, mais ne décolle
pas vraiment.
• Magnum Innomiandum, de Penelope Love,
prolonge le « rêve romain » de Lovecraft dans une direction
inattendue. Longue d’une quinzaine de pages, c’est l’histoire la plus réussie
du recueil : une protagoniste qui agit au lieu de subir, une petite
enquête pas mal faite, des considérations politico-sociales adroitement présentées,
et une dose d’horreur bien horrible pour enrober le tout. Il n’y a guère que
les dernières lignes, un peu trop prévisibles, pour gâcher (un peu) la fête.
• Lines in the Sand, de Tom Lynch, nous
parle du Roi en Jaune. Pour le coup, il n’y a pas que la fin qui soit
prévisible : on voit tout arriver à des kilomètres. L’auteur arrive quand
même à installer une ambiance pas désagréable qui rattrape ce qui, sinon,
serait la millième variation sur un thème éculé.
• The Temple of Iald-T’quthoth, de Lee
Clark Zumple, nous ramène à la Judée, au moins dans un premier temps, et
représente quelque chose qui ne pouvait pas manquer d’arriver : une
variation lovecraftienne sur The Strain.
Pas déplaisante, mais plutôt anecdotique.
• The Seven Thunders, de Robert M. Price,
ferme le ban. Que dire d’une nouvelle dont le héros est Appolonius de Tyane, et
qui fait apparaître Jean l’évangéliste à Patmos, un morceau inédit de L’Apocalypse, les premiers chrétiens,
l’empereur Domintien, le fantôme de Néron et
Cthulhu ? Que c’est un poil trop pour 14 pages ?
J’attendais
beaucoup de cette anthologie. J’en sors un peu déçu, regrettant qu’elle n’ait
pas été plus longue et que les nouvelles ne soient pas mieux charpentées. Mais
elle comporte une vraie réussite, Magnum
Innomiandum, au moins trois textes honorables (Vulcan’s Forge, Fecuditati
Augustae et The Seven Thunders)
et aucun vrai ratage. Bilan mitigé, donc, mais pas entièrement négatif. Il n’y
a plus qu’à attendre sereinement la prochaine anthologie de Golden Goblin
Press.
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