Heroes of Red Hook


Ce projet de Golden Goblin Press m’a assez intrigué pour que je lui consacre quelques dollars lors de l'inévitable Kickstarter. La lecture de ce pdf de 258 pages m’a pris cinq mois, ce qui n’est pas très bon signe, même en tenant compte de ma répugnance à m’abîmer les yeux sur des écrans alors que je peux le faire sur du papier.

Et puis… c’est un recueil de nouvelles d’horreur avec des Choses À Dire, et que dès qu’il est question de Choses À Dire, j’avoue que j’ai tendance à peiner. D’autant que la Chose Qui Est Dite ne devrait même pas être sujette à débat : si Lovecraft lui-même écrivait il y a bientôt un siècle pour un public blanc et masculin, il va de soi que dans un univers lovecraftien, tout le monde
1) peut être un héros et
2) peut être un méchant,
et ce sans distinction de race, de sexe ou d’orientation sexuelle.

Comme apparemment, ces idées simples ne vont pas de soi aux États-Unis[1], Oscar Rios a voulu enfoncer le clou avec cette anthologie. La démarche, parfaitement raisonnable, est éminemment sympathique. Hélas, les bonnes intentions ne suffisent pas toujours et le lecteur, à qui on a vendu un recueil d’histoires d’horreur, s’emmerde plus souvent qu’à son tour, simplement parce que la plupart de ces nouvelles ne fonctionnent pas. C’est un problème récurrent dans toutes les anthologies lovecraftiennes où les auteurs sont cantonnés en dessous d’une certaine longueur, mais je le trouve particulièrement sensible ici. Une douzaine ou une quinzaine de pages ne suffisent pas à poser l’ambiance, à donner de l’épaisseur aux personnages et à raconter quelque chose d’intéressant, alors on se contente de succès partiels, autrement dit de demi-échecs.

Par ailleurs, le problème du protagoniste reste intact. Les personnages lovecraftiens n’avaient pas beaucoup d’épaisseur, ceux de ses épigones sont souvent encore plus schématiques. Du coup, à quoi bon élargir la palette des couleurs et des préférences sexuelles ? Les héros restent un ensemble de traits unidimensionnels, qui cheminent vers l’horreur finale du même pas que tous leurs devanciers – certes, leurs traits sont un peu différents de l’habituel universitaire de la Nouvelle-Angleterre, mais rares sont les auteurs qui arrivent à nous faire éprouver de l’empathie pour leur création.

Enfin, cette anthologie offre un petit paragraphe « micro ouvert » à la fin de chaque nouvelle, pour que l’auteur puisse s’adresser directement à nous. C’est une bonne idée, mais le résultat révèle un clivage. Certains se contentent de parler de leur histoire, d’autres Prennent Position sur le monde dans lequel ils vivent. Or, d’une manière générale, plus la Prise de Position est marquée, plus la nouvelle ressemble à un prétexte pour exposer une thèse, ce qui n’aide pas à en faire de bonnes histoires d’horreur – oui, j’insiste, parce que ça reste la pierre angulaire du projet. Est-ce que j’aurais acheté un recueil de nouvelles de littérature blanche sur le thème du racisme, avec les mêmes auteurs ? Peut-être, mais ce n’est pas ce qu’on m’a vendu, et ce n’est pas qu’Oscar Rios voulait publier.

La nouvelle d’origine, Horreur à Red Hook, ne figure pas dans l’anthologie, est c’est un peu dommage, parce qu’elle aurait pu servir de mètre étalon à toutes les autres. Je l’ai relue pour l’occasion. Plus percutante que dans mon souvenir, elle est intéressante par son côté « maillon entre les histoires macabres et les récits du Mythe ». Pour le reste, c’est du Lovecraft période new-yorkaise, rédigée par un auteur gravement dépressif, possiblement suicidaire et qui ressentait le besoin de trouver un exutoire à un mal-être XXL. En résumé : Red Hook est un quartier mal famé de New York, où prospère une faune d’immigrants aussi suspects que basanés, Syriens, Kurdes et Yézidis[2]. Un culte antique qui pratique des sacrifices d’enfants se dissimule parmi eux, sous la houlette d’un sinistre érudit d’origine hollandaise. Le détective Patrick Malone tente d’y mettre bon ordre, et il va le payer très cher.

Ceci posé, les nouvelles.

• A True Telling of the Terror That Came to Red Hook, de William Meikle, est une réécriture de la nouvelle de Lovecraft. Stylistiquement, elle est plate comme une limande – après la prose travaillée et retravaillée de Lovecraft, elle ressemble à une rédaction appliquée, sujet-verbe-complément. Narrativement, elle exploite avec intelligence le côté « narrateur peu fiable » de Malone. En revanche, c’est amusant de voir Malone dépeint comme un flic blanc, donc raciste, forcément raciste, alors que dans les années 20, les Irlandais étaient encore perçus comme des sous-hommes catholiques par les « vrais » Américains. Certes, être discriminé n’empêche pas de discriminer à son tour, mais il y avait matière à réfléchir sur la manière dont les préjugés évoluent avec le temps.
Quant à la note où l’auteur explique qu’Horror a Red Hook est une « parabole chrétienne », elle m’inspire un certain scepticisme. Le Lovecraft du début des années 20 était déjà athée, il a puisé ses méchants dans la mythologie babylonienne...

• Ivan and the Hurting Doll, de Mercedes M. Yardley, est un conte de fées russe… ou plus exactement russo-américain, puisque son héros est un immigré qui a laissé le vieux pays derrière lui. Cette gentille petite histoire est une variation sur le thème des bons génies. Elle se laisse lire très agréablement, mais même les microscopes les puissants ne lui trouveront rien de lovecraftien. Je l’ai quand même bien aimée, par son côté gentiment mélancolique et à la modestie de l’auteur, qui explique avoir juste voulu raconter une histoire. Si ça avait été la préoccupation d’un peu plus de monde, ce recueil aurait gagné en lisibilité.

• A Gentleman of Darkness, de W.H. Pugmire, se déroule à Red Hook, prend appui sur la correspondance de Lovecraft et a un protagoniste féminin et non-blanc… mais son rôle est à peine sexué, et notre héroïne pourrait tout aussi bien être un mâle blanc. Pugmire est excellent pour installer une ambiance. Hélas, il s’arrête là, ou presque, et avec seulement six pages, sa nouvelle est la plus courte du recueil. Cela ne l’empêche pas de contenir davantage de bonnes idées que les deux précédentes réunies.
Pugmire consacre sa note d’auteur à citer la correspondance de Lovecraft et à expliquer la genèse de l’histoire, ce qui est toujours bienvenu.

• Hungry Ghosts, de Cody Goodfellow, est une bonne petite histoire pulp, qui se déroule dans le Chinatown de San Francisco quelques années après le grand tremblement de terre de 1906. Le narrateur, un Occidental, sert d’assistant à un magicien chinois caricatural à souhait, qui enquête sur des événements étranges. On est plus proche de John Carpenter que de Lovecraft, mais c’est carré, rigolo, et nous présente une raison… inattendue pour bricoler l’espace-temps.
L’auteur consacre son paragraphe de libre expression à condamner le vilain passé raciste qui a martyrisé les immigrés chinois. Au bout du compte, Américains des années 1920 et Américains des années 2010 partagent la même bonne conscience inébranlable, ancrée dans la certitude de leur supériorité, les premiers sur le reste du monde, les seconds sur le reste du monde et sur leurs ancêtres[3].

• Tell me no Lies, de Sam Stone se déroule à la Nouvelle-Orléans, avec une héroïne lesbienne qui cherche à découvrir qui a tué sa bien-aimée. Elle n’a pas grand-chose de révolutionnaire, mais elle se laisse lire. « Sans prétention » la résume assez bien. « Banale » également, hélas. Pas désagréable sur le moment, mais déjà oubliée un mois après l’avoir lue.
Dans sa note finale, l’auteur nous informe qu’il « méprise l’intolérance sous toutes ses formes ». C’est très honorable mais bizarrement, ça me fait penser aux déclarations de haine aux tyrans des années 1790, ou aux professions de foi socialistes des auteurs de SF française des années 1970.

• O Friend of Companion of Night, de Vincent Kovar, démarre également à La Nouvelle-Orléans. L’héroïne quitte la ville et part chercher son frère à Seattle, une ville où les non-blancs ne sont pas forcément les bienvenus, surtout si en plus, ils aiment la littérature et ont des mœurs non conventionnelles. Tout ça baigne dans un fond racial et sexuel pas trop mal rendu, même s’il est appliqué de manière un peu pesante, et ressemble à un petit scénario de jeu de rôle. L’ensemble est gâché par une fin heureuse franchement artificielle, avec supplément de gentils Indiens.
Dans sa note finale, M. Kovar prend la peine de nous informer qu’il est un « cis-gendered white male », ce qui est un moyen comme un autre de se présenter.

• Across a River of Stars, de Scott R. Jones, nous parle de deux soldats amérindiens sur le front français, en 1918. L’auteur mêle passé et présent pour converger vers une scène d’horreur sympathique, mais trop brève. Il fait un boulot correct, même si à la lecture, je ne me suis pas spécialement senti empoigné. Les personnages principaux sont soignés, en revanche tous les autres, Américains ou Français, sont des stéréotypes taillés à la hache et présentés sans bienveillance.
L’auteur nous explique qu’il a voulu parler du génocide culturel et des souffrances ultérieures du peuple Cree de manière respectueuse, mais qu’il n’est pas sûr d’y être arrivé, d’ailleurs son texte le met encore mal à l’aise. Je ne partage pas son malaise.

• Old Time Religion, de Paula R. Stiles, se déroule dans un trou perdu et met en scène un « Dunwich » de Caroline du Nord où tout n’est pas ce qu’il paraît. Sans être passionnante, cette bonne histoire d’ambiance tranche un peu avec ce qui précède. Je n’en ferai pas des folies, mais elle se laisse lire. (Là encore, l’auteur réussit sur l’un des points du cahier des charges – l’ambiance – et peine sur la narration…)
La note d’intention se concentre sur les sources historiques et mythologiques de la nouvelle, ce qui est aussi un soulagement.

• Men and Women, d’Oscar Rios, nous raconte les exploits d’un couple d’investigateurs légèrement trop ambitieux pour leur bien (« oh mince, les sectateurs sont deux fois plus nombreux et vachement plus avancés qu’on ne pensait, on fait quoi ? » « on ne change pas le plan »). Le style colle au propos, les personnages sont humains et amoureux, et on ne tarde pas à les trouver sympathiques. Au bout du compte, tout est bien qui finit bien malgré Shub-Niggurath, ses pompes et ses œuvres… la seule chose un peu regrettable est qu’on voit venir la chute d’assez loin. Mais bon, personne n’est parfait.
Quant à la note d’intention, elle présente en termes nets et simples un choix auquel je n’ai rien à redire. Oui, ça m’arrive.

• The Eye of Infinity, de Sam Gafford, mélange Gangs of New York et La guerre des boutons dans le Lower East Side, avec la bande des petits Juifs contre les petits Italiens. Histoire d’être raccord avec le thème, Gafford y rajoute des enfants disparus et un culte de « rich white men » qui les kidnappent-pour-les-sacrifier. On sent bien l’effort pour créer une narration inspirée des pulps, avec leurs gamins détectives. Hélas, la forme ne rattrape pas un fond déjà vu mille fois, malgré quelques moments où l’on se dit que peut-être, ça va enfin démarrer (et une surprise finale qui m’a laissé complètement froid).
Comme dans la plupart des histoires chiantes, l’auteur explique qu’il a voulu venger des gens – en l’occurrence les immigrés – des outrages perpétrés contre eux par le vilain Lovecraft[4]. Les uns et l’autre s’en foutent, ils sont morts depuis des décennies, mais si ça peut l’aider à se sentir bien…

• Lords of Karma, de Glynn Owen Barras et Julia Quartaroli, nous raconte l’histoire de Lily, une jeune femme convertie à l’hindouisme qui souffre d’une amnésie inexplicable et de rêves au cours desquels elle rédige l’histoire de son époque pour d’indistincts Seigneurs du Karma. C’est bon, vous voyez le topo ? Passons à la suite.
En revanche, l’auteur nous explique la genèse de sa protagoniste sans en faire des caisses sur les minorités religieuses, ce qui est un soulagement.

• A Ghastly, Detestable Pallor, de Penelope Love, est grande partie responsable du retard de ce billet. D’habitude, j’aime bien ce qu’elle fait, mais là, je n’ai juste pas pu, j’ai lâché l’histoire à la moitié et il m’a fallu des semaines pour la reprendre. Les aventures de cette courageuse immigrée italienne anarchiste, aux prises avec un culte raciste qui a zombifié sa famille, ne sont pas pires que le reste du recueil, elles sont même mieux écrites que la moyenne. Mais les grands méchants sont tellement, tellement grand-guignolesques qu’ils font rire, pas peur – à leur décharge, quand vous vous appelez « Essential Order of Primordial Whiteness » et que votre savant fou surjoue l’Allemand d’extrême-droite, il est difficile d’échapper au ridicule.
La note d’intention se contente de lister les briques qui ont composé son histoire, et si elles sont toutes intéressantes, il y avait sans doute moyen de mieux les exploiter…

• Crossing the Line, de Tom Lynch, nous parle de la difficulté d’être un métis américano-chinois dans le Chinatown des années 20, plein de racistes antipathiques de part et d’autre, plus les racketteurs des tongs, sans parler des voisins qui invoquent des trucs pas clairs dans leur temple « bouddhiste ». C’est livré avec un vieux magicien chinois, une épée chinoise en acier de Damas qui coupe des têtes d’un seul coup d’un seul (et l’auteur précise qu’elles rebondissent deux fois à l’atterrissage, c’est dire si l’acier chinois de Damas est coupant). Bref, une petite histoire orientée action plutôt qu’horreur, lisible, mais sans beaucoup d’intérêt.
La note d’auteur mentionne que même aujourd’hui, il est toujours difficile d’être Eurasien aux États-Unis, ce que je crois volontiers.

• The Guilt of Nikki Cotton, de Pete Rawlik, s’intéresse au sort d’une jeune Noire du Sud que les hasards de la vie conduisent à Red Hook, où elle est engagée comme infirmière dans un théâtre qui fait aussi clinique pour victimes de la maladie du sommeil. L’ensemble sème des petits cailloux cthulhiens tout en cultivant une (relative) ambiguïté, et s’achève sur une fin logique et lovecraftienne. Son principal problème est qu’à un moment donné, l’héroïne cesse de se comporter comme un humain raisonnable pour devenir Lara Croft et aller cramer des zombies, alors qu’elle pouvait fuir…
Dans sa note finale, Rawlik remarque que Lovecraft-le-xénophobe ne pouvait pas avoir raison, que Red Hook ne pouvait pas être peuplé uniquement de jeunes gens louches et d’immigrés à l’air malfaisant, et que c’est pour ça qu’il y a un introduit un personnage positif[5]. C’est sans doute là que réside l’un des malentendus qui plombent cette anthologie : en bon écrivain, Lovecraft décrivait une « réalité » qui servait son projet esthétique. Après, on peut discuter de la validité dudit projet et épiloguer sur des névroses qui le sous-tendaient, ce sont d’autres questions[6]. Mais partir du principe que Lovecraft croyait décrire la réalité et qu’il faut la décrire « mieux » que lui ressemble bougrement à un contresens.

• Brickwalk Mollies, de Christine Morgan, se passe dans un bas-fond new-yorkais des années 20, met en scène un investigateur, une pute et une marchande de cigarettes à la sauvette, sans oublier un culte et l’ombre de Jack l’Éventreur. Et joie, c’est une bonne histoire ! Sur le fond, elle n’a rien d’extraordinaire, mais sur la forme, elle est écrite plutôt que rédigée. Christine Morgan fait même l’effort de changer de point de vue selon les moments, avec deux narrateurs à la première personne et une narration impersonnelle à d’autres moments… Sans être un chef-d’œuvre, elle domine l’anthologie d’assez loin – et laisse une ou deux questions sans réponses de manière assez perverse. Comme quoi, en insistant…
La note d’intention se contente très classiquement de nous parler de ce qui a motivé l’auteur.

• The Backward Man, de Tim Waggoner, met en scène un héros autiste qui compte compulsivement ce qui l’entoure, un trait qui va lui être utile pour affronter le terrible Homme à l’envers. Ce n’est pas l’histoire du siècle, mais le personnage principal est sympathique, le méchant effrayant juste ce qu’il faut, et tout ça ne s’éternise pas (ou se laisse assez bien lire pour que ça ne paraisse pas trop long, ce qui revient au même). Ça se passe à Red Hook dans les années 20, mais elle pourrait être située n’importe quand et n’importe où ailleurs sans que cela change quoi que ce soit.
Quant à l’auteur, il explique que son inspiration pour cette nouvelle lui est venue le jour où, en deux occasions différentes, il a croisé deux hommes qui marchaient à l’envers, ce qui n’est effectivement pas banal.

• Beyond the Black Arcade, d’Edgar M. Erdelac, fauche le bayou du raid sur le culte de Cthulhu à Lovecraft, emprunte un rejeton de Tsathoggua à Clark Ashton Smith et pique des monstres ailés à Robert Howard. Le centre de la scène est occupé par un personnage réel, Zora Neale Hurston, une « folkloriste » noire travaillant pour une mécène blanche. Les rapports entre les deux sont intéressants, légèrement grinçants, et dépourvus de misérabilisme. L’histoire elle-même ? Ben, y a un bayou, il y rôde des trucs, et puis il y a un anneau qui donne des pouvoirs[7], un vieux sorcier, plein de serpents, un Indien à la recherche de son fils enlevé par des monstres. Vous secouez tout ça très fort et vous avez une petite nouvelle sympathique.
En bonus, l’auteur consacre sa note à nous présenter un peu plus Zora Neale Hurston, qui semble avoir été un sacré personnage…

• Shadows upon the Matanzas, de Lee Clark Zumpe se passe en Floride, où un jeune journaliste cubano-américain, vétéran de la Grande Guerre, part la recherche d’un tueur en série qui sévit entre Saint Augustine et Tampa. L’égorgeur de prostituées de service offre des organes pour ressusciter Atahualpa, le dernier empereur inca qui 1) repose comme chacun sait en Floride, 2) était un serviteur de Nyarlathotep et 3) se repaît de sacrifices humains comme un vulgaire Aztèque. Je sais ce que ça coûte d’efforts pour écrire, ne serait-ce qu’une nouvelle, et mon respect infini pour les auteurs s’ajoute à des dispositions généralement bienveillantes. Mais là, je craque. Les yeux exorbités et la bave aux lèvres, je vais beugler « C’est de la meeerde ! » comme le premier Jean-Pierre Coffe venu. En plus d’être bavarde et pas intéressante, elle est assez mal écrite pour que même en anglais, ça me pique les yeux.
En revanche, bon point, l’auteur explique pourquoi il a choisi son décor, sans en faire des caisses.

À un certain niveau, c’est bien que ce livre existe. À un autre, il aurait quand même été préférable qu’il soit meilleur. Rares sont les nouvelles qui tirent leur épingle du jeu. A Gentleman of Darkness, Men and Women, Brickwalk Mollies et Beyond the Black Arcade sont réussies, dans des genres assez différents, mais aucune n’est pas vraiment marquante. Tout le reste est médiocre, même si rien n’est vraiment désastreux, à part peut-être Shadows upon the Matanzas. Au bout du compte, si l’acheter est un acte militant, le lire d’un bout à l’autre est un exploit.

PS : le Kickstarter a engendré un deuxième recueil, composé de trois « novellas » d’une trentaine de pages. Il s’appelle Beyond Red Hook et propose des textes d’Edgar M. Erdelac, de Sam Gafford et de Mercedes Yardley. Je vais laisser passer quelques mois avant de me plonger dedans. Il y a des limites à l’endurance humaine.

(Une anthologie de Golden Goblin Press, 29,95 $ en version papier. Si vous souhaitez l’acheter, c’est par ici)


[1] Et sans doute pas que là-bas.
[2] Au temps pour le Lovecraft omniscient : il se mélange les pinceaux entre Kurdes et Yézidis, comme pratiquement tous les auteurs de pulps de son époque. L’erreur a perduré, d’ailleurs, on retrouve encore des Yézidis adorateurs de Satan dans les années 80, chez Masterton.
[3] Oui, c’est un stéréotype. Oui, les stéréotypes, c’est mal. Mais je vous parle d’une nouvelle où les Chinois sont obligatoirement vieux et sages ou jeunes, pauvres et travailleurs, hein.
[4] Lequel vilain Lovecraft avait épousé une immigrée juive russe arrivée à New York à l’âge de huit ans. Est-ce que ce qu’à vécu Sonia Greene rentre dans la case « outrages » ?
[5] Il aurait dû dire un autre personnage positif, Malone étant le premier.
[6] On pourrait par exemple se demander pourquoi Lovecraft dure depuis presque un siècle, alors que cette anthologie ne contient rien qui paraisse taillé pour passer le cap de 2020.
[7] Mais est tristement dépourvu de runes elfiques.

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