Criminal


Et Netflix se dit soudain que produire et diffuser des bonnes séries, c'est bien, mais faire des économies d'échelle, c'est encore mieux.

Criminal est le nom d'une nouvelle série qui offre une particularité : le même décor sert pour la production de 4 séries différentes. On a une entrée avec un ascenseur, une montée d'escaliers menant on ne sait où, un couloir donnant sur plusieurs salles dont les deux principales : celle où se déroule l'interrogatoire, et l'autre, attenante, où le reste des enquêteurs suivent la confrontation. On ne sort pas de ce territoire limité : unité de lieu, unité de temps, unité d'action... Une vieille formule. C'est à chaque épisode la même histoire : des flics interrogent un suspect. Et au bout d'une quarantaine de minutes, on a droit à un retournement de situation puis une conclusion. Les enquêtes ne sont pas liées entre elles, si ce n'est que dans chaque version de la série (française, anglaise, allemande et espagnole) on garde la même équipe de policiers, avec toutefois des dynamiques de groupe différentes dans chaque pays. En France, ils ne peuvent pas piffrer leur nouvelle patronne. En Espagne, la boss couche avec un des autre flics. En Angleterre, un des flics peinent à déclarer son amour...

Comme tout est tourné au même endroit (avec sans doute la même équipe technique locale), ce qui change c'est : le scénario, la réalisation et bien évidemment le jeu d'acteur. C'est donc très intéressant de voir comment chaque équipe nationale prend possession des lieux pour raconter des histoires qui entrent toutes dans un même moule mais qui pourtant portent indubitablement une touche locale. Les flics français ne ressemblent vraiment pas à leurs homologues anglais, qui n'ont rien avoir avec leur contrepartie allemande ou espagnole... Et grâce à l'économie réalisée sur les moyens de production, les 4 séries peuvent se permettre d'inviter des acteurs connus pour incarner les suspects. Nathalie Baye en France, David Tennant en Angleterre, l'acteur qui incarnait déjà un flic dans Babylon Berlin en Allemagne...

Bon, les intrigues sont solides, mais j'ai pour le moment à chaque fois venu venir le twist à l'avance. C'est le problème avec ce genre d'histoire : on comprend vite où ils veulent en venir. La fausse piste est grossière, donc on prend le scénario à contre-pied et on trouve rapidement le pourquoi du comment. Reste que c'est très bien joué et bien conçu. Et d'un point de vue rôlistique, ça met l'accent sur un aspect crucial des histoires de flics : le tête-à-tête dans la salle qui pue des pieds avec le grand miroir sans tain. C'est parfois un moment charnière du scénario qu'on expédie d'un jet de Perception vs Baratin alors que c'est un bataille mentale extraordinaire à qui il est mérité de dédier une séance complète tant on peut mentir/bluffer/manipuler... Et quand en plus on joue sur le drama de l'équipe de PJ, ça permet vraiment de rendre cette séquence mémorable. Il y a beaucoup de bonnes choses à aller voler dans cette série que je qualifie de Fort Boyard du polar.

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