Un psaume pour les recyclés sauvages, par Becky Chambers.

 

 

Je précise que j'ai lu ce bouquin en VO (et j'en profite pour ajouter que je trouve le titre en Français très pauvre, même si je n'ai pas dans l'immédiat de meilleure proposition de traduction pour Psalm for the Wild-Built.) Je ne connaissais pas Chambers, mais j'avais périphériquement entendu parler de ce livre dont les thématiques me titillaient. A juste titre, il est assez magique, il faut dire. 

En très résumé, dans le monde de Froeur Dex, moine de thé, l'humanité a frôlé la catastrophe jusqu'à l'éveil des robots, qui ont demandé à être libérés de leur servitude. Les robots sont partis dans la nature sauvage, et l'humanité a du se réinventer. Et y est parvenue. Mais depuis, aucune nouvelle des robots, et par respect pour leur choix d'exode et d'isolement, on ne cherche pas à en savoir plus. 

Dex, iel, ne s'épanouit pas complètement dans son rôle social qui consiste à écouter les doléances de ceux qui font la queue devant sa caravane itinérante et de leur préparer le bon thé qui leur permettra de se détendre et de retrouver l'énergie pour affronter le quotidien. Iel souhaite entendre le chant des criquets, disparus depuis la fin de l'ère industrielle, mais peut-être encore vivants dans les zones les plus sauvages. Et c'est en sortant des sentiers battus qu'iel fait la rencontre d'Omphale, un robot qui veut en apprendre plus sur les humains.

Je vois déjà à des kilomètres les critiques bien nauséabondes sur un bouquin "woke" où l'avenir est "bisounours" et "inclusif", sur l'usage de l'écriture inclusive pour décrire un personnage non binaire (le "iel" en Français est un "they" en Anglais), etc.

Pour ma part, j'ai lu ça comme une œuvre de science-fiction, une fable comme il y en a tant, mais celle-ci allant dans une direction finalement peu explorée dans la SF ces dernières décennies: une utopie qui s'assume. Une utopie écologique, inclusive et bienveillante, indéniablement. Naïve ? Sans doute. Mais ni plus, ni moins que les Voyages de Gulliver, avec lesquels je trouve que ce Psaume a une vraie filiation.

J'ai été transporté par ce bouquin que j'ai trouvé merveilleux au sens premier du terme, mais qui fait également réfléchir. Et oui, j'ai été perturbé tout le long par l'usage de ce "they" (iel), qui est pourtant ici parfaitement justifié : nous n'avons aucun article dans nos langues (Anglais et Français) pour décrire une personne (ou en Français un objet) non genré. Et j'ai trouvé ça super intéressant d'être secoué dans mes certitudes linguistiques puisque la narration le justifie.

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