Ce recueil de trois scénarios pour L’Appel de Cthulhu reprend la formule de Gateways to Terror : des histoires simples, jouables en une à deux heures, avec beaucoup de renvois de règles à l’usage des débutants[1]. Quatre prétirés sont fournis pour chaque scénario. Les joueurs auront juste un tout petit travail de personnalisation à faire : choisir le nom et le sexe de leur investigateur, répartir une poignée de points de compétences, et en route pour une partie de découverte !
Autrement dit, c’est un produit idéal pour initier des gens pressés… et pour meubler cette soirée où vous auriez dû jouer votre 58e session des Masques de Nyarlathotep, mais où un membre du groupe manque à l’appel (de Cthulhu).
Tout ce que j’ai dit sur Gateways to Terror reste applicable. Trois différences sont toutefois à noter.
La première, de forme, est l’adoption du format « couverture rigide + signet » qui est la norme dans la gamme, plutôt que le choix d’un livret à couverture souple. C’est plus classe sur les étagères et sans doute plus durable.
Second changement, la pagination. Gateways to Terror faisait 88 pages, No Time to Scream dépasse de peu les 100 pages, et cette différence minime se sent dans les scénarios, qui ont un peu plus place pour respirer.
Enfin et surtout, cette fois, les investigateurs jouent contre la montre. S’ils n’arrivent pas élucider le mystère rapidement, la situation s’aggrave. En pratique, la gestion du temps reste au bon vouloir du Gardien des arcanes, même si des conseils sont donnés.
Ces bases posées, place à la revue de détail.
• A Lonely Thread : les investigateurs arrivent à la cabane au fond des bois où leur vieil ami archéologue se retire pour travailler en paix. C’est à peu près exactement le démarrage d’Evil Dead, et ça donne un scénario simple, avec un défi de roleplay marrant au début, un lieu à explorer et une paire de combats plus ou moins désespérés selon le temps qu’ils mettront à se dépêtrer du début. A Lonely Thread est carré, sans fioritures, mais il fait le job.
• Bits & Pieces : Les investigateurs se retrouvent enfermés dans une morgue avec des bouts de barbaque aussi agressifs que sournois. Ils ont la nuit pour tous les liquider, avant que les employés ne reviennent, n’ouvrent les portes et que les morts-vivants n’aillent batifoler dans les rues d’Arkham. Ce petit huis (très) clos est amusant, ne se prend pas trop au sérieux et se prêtera bien à une approche… disons un peu plus pulp et second degré que la moyenne. « Dis-moi petit, tu as déjà vu Reanimator ? »
• Aurora Blue : Ce troisième scénario se déroule dans ce qui est encore le Territoire de l’Alaska, et met en scène des agents du Bureau de la Prohibition chargés de démanteler une distillerie clandestine. Bien sûr, pour avoir échoué au fin fond du congélo de l’Amérique, ce sont tous de « mauvais » éléments aux yeux de leurs supérieurs, autrement des Noirs, des femmes ou les deux. Parviendront-ils à atteindre leurs objectifs avant la tombée de la nuit ? Dotés de prétirés un peu plus denses que les deux précédents, ouvrant sur de petits flash-backs liés à leurs passés, c’est de loin le plus prometteur des trois, tout en restant jouable assez vite. C’est aussi le plus dangereux, avec un monstre que je range dans la case « grosse saloperie à montrer de loin pour faire très peur » (mais vous faites ce que vous voulez autour de la table, hein).
Au bout du compte, No Time to Scream est un bon petit recueil bien adapté à l’initiation. Si vous êtes un papy jouant avec des papys, il est dispensable, sauf si vos petits-enfants sont en âge de découvrir les joies de L’Appel de Cthulhu. Ce n’est pas encore le cas des miens, mais un jour viendra…
Un supplément de 104 pages pour Call of Cthulhu, édité par Chaosium et disponible sur le site de l’éditeur. Prix : de 14,11 € la version pdf à 28,23 € (plus frais de port) pour la version papier.
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