Crawle avec les stars !

 Je vais reprendre une citation de Tristan à ma sauce pour vous parler de X-Crawl Classics (XCC), la nouvelle mouture de l'univers de X-Crawl parue assez récemment : D&D fournit un univers pour les campagnes de Donj' telles qu'elles devraient être. X-Crawl Classics fournit un univers pour les campagnes de Donj' telles qu'elles sont. 

Voilà, c'est bon, je peux y aller. A plus. Quoi ? Pose ce fouet, Cédric... ok... je développe.

Porte - Monstre - ... SPONSOR !

Il y a plusieurs millions d'années, c'est-à-dire en 19B.C. ("before covid", soit 2002), un américain utilise D&D3.x pour nourrir un univers déjanté : dans un univers parallèle au nôtre, l'Empereur Ronald I, maître de toute l'Amérique du Nord, est un fan de Donj'. Et comme son Empire abrite des monstres et des elfes et autres trucs emblématiques, et qu'il est aussi fan de l'Empire Romain, et qu'il a besoin de Circenses pour calmer sa population qui manque de Panem, il décide de créer des Jeux. Mais pas n'importe lesquels. Des équipes d'athlètes vont affronter des monstres et des pièges dans des séries de couloirs et de salles spécialement conçues pour ça. Et ce serait télévisé. Le premier événement est un succès, le public adhère tellement que les autres sports, comme le football (américain) ou le basketball, tombent en désuétude. Il n'y en a plus que pour les crawlers, qui amassent gloire et fortune sous la salutation des foules.

Le concept du jeu est à la fois complètement stupide et totalement génial. Il épouse à la perfection tous les travers de D&D pour les justifier. Ainsi, la course à la puissance et au fric est logique, puisque c'est un jeu de téléréalité. Les équipes qui ressemblent au cast du film Freaks ont du sens, puisque c'est des équipes qui n'existent que le temps de l'émission. La montée en compétence par bonds aussi, puisqu'ils s'entraînent comme des athlètes entre deux compétitions. Pareil pour les classes de personnages, qui sont des rôles identifiés vis à vis du sport, comme dans les runs de guildes des MMORPG.

Le jeu, X-Crawl, a connu une brève et discrète carrière sous sa forme d20, principalement parce que le système D&D3.x n'est pas le plus adapté pour un concept plus proche d'éditions précédentes du jeu. On l'a revu apparaître motorisé par Pathfinder 1 (qui n'est autre chose qu'un D&D3.7, au final), mais là aussi c'était pas ouf. Jusqu'à la dernière mouture, XCC, qui tourne sur le moteur maison de Goodman Games, à savoir Dungeon Crawl Classics (DCC). Une sorte d'entre-deux D&D5-OSR, avec des idées un peu farfelues, tels le set de dés polyhédriques nécessaire, et quelques éléments de règles bien vus (comme la nécessité de lancer un dé pour réussir un sort, qui a le mérite de mettre les magos aux même rang que le reste). XCC propose des classes dédiées à son univers, une règle sur les points de Mojo qui représentent et font vivre un vrai "esprit d'équipe", ainsi que des règles sur le sponsoring et la célébrité.

Suite à un foulancement réussi, on se retrouve avec une gamme comportant un livre de base, un écran et une poignée de modules. Chaque module est un "crawl", c'est à dire l'arène locale d'une ville américaine. Mettons "le crawl de Las Vegas" ou "la coupe XCrawl de Tampa, FL".

L'univers a encore été développé (à force, ça prend forme). On a des ligues scolaires (où les enfants font à la fois les crawlers et les monstres, avec des armes en mousse), des ligues amateurs (sans trop de danger), et les ligues pros, où le danger devient réel - et l'argent aussi -, jusqu'à la Coupe de l'Empereur, l'équivalent du Superbowl, avec présence de célébrités, publicités hors de prix, gloires, richesses, amputations, morts en direct, etc. La guilde des aventuriers, celle des mages et celle des "spécialistes" surveille tout ça. Les organisateurs de Crawls gèrent une ménagerie de monstres, apprécient que les candidats épargnent les monstres qui se rendent sans trop les abîmer, et s'occuppent de rameuter le public.

Pourquoi je vous parle de ça avec autant d'enthousiasme ?

A mes yeux, l'intérêt de ce jeu arrive si vous, en tant que MJ, rentrez dans le délire complètement, sortez par l'autre côté du terrier du lapin blanc, et poussez le pottard à 11. Ce qui veut dire qu'il va falloir préparer un peu la partie, à commencer par votre kit de MJ. D'habitude, j'ai des crayons, des dés, une surface blanche pour gribouiller, une carte X (oui), et une enceinte pour passer des musiques d'ambiance. Pour mener "Crawle Avec Les Stars" (le premier scénario du ldb, X-Crawl's Got Talent), j'ai un peu modifié ce kit.

Déjà, la playlist : exit la BO de Conan. A la place, j'ai une playlist contenant Jump (Van Halen), Eye of the Tiger, Freed From Desire, Jump Around, Who Let's The Dogs Out, Baby One More Time, Beat It, Aces High, Cotton Eye Joe, Click Click Boom, Everybody Dance Now, Kernkraft 400, Seven Nation Army et autres grand hits de stade. Je mets pas l'enceinte dans un coin avec un son discret, que non. Elle est sur la table et elle crache le son (il en faut une petite, qui sature vite, pour avoir un vrai effet stade). On ajoute à ça un soundboard avec les jingles à l'orgue, type "Charge". Vous savez, le "TSIN, tsin-tsin-tsin, tsin-tsin-tsin, ... TA-DADADA TA-DAAA!", à lancer aux bons moments.

On a la musique. Mais il manque le public. Une écharpe d'équipe (je recommande celle de Rugby XIII "Les Dragons Catalans", bien intradiégétique) et, surtout, une corne de stade ou une vuvuzela. Les personnages peuvent utiliser leur carac Persona pour interagir avec le public, donc en tant que MJ, vous allez jouer ce public : vous hurlez de joie, vous huez les trucs nuls, et vous faites du bruit (évitez le fumi si vous jouez pas en extérieur).

Il nous faut l'arbitre. J'ai donc un maillot d'arbitre US, à bandes noires et blanches, ainsi qu'un sifflet et un kit de cartons jaunes et rouge. Je siffle (fort) quand il y a faute, ou qu'une salle est terminée. Il peut y avoir faute si un personnage met un coup à un adversaire qui se rend, par exemple. Sortez bien le carton jaune avec coup de sifflet. Les gestes de la main pour les temps morts le font aussi. J'ai un badge autour du cou indiquant mon statut NON-COM, à savoir qu'un arbitre est un non-combattant et tout geste agressif envers un non-com entraîne carton rouge.

kit MJ XCrawl avec maillot d'arbitre, cartons rouges et jaune, sifflet, corne de stade, plus dés et livre de base du jeu

On a désormais l'arbitre et le public. Pour les combats, je fais ma plus belle imitation de Thierry Roland et JM Larqué, plutôt que de décrire le combat à l'ancienne : "Oh, superbe coup d'épée du guerrier ! Il est pas venu pour rien, le gobelin. Il va rentrer chez sa maman pleurer !" "Tout à fait, Thierry, il est pas venu pour rien." Et le présentateur, qui n'oubliera pas de citer les sponsors, les pages de publicité, etc.

Le tout en hurlant dans les oreilles des joueurs. Oui, j'ai eu de la chance au club, y'avait pas de voisins.

Et c'est ça, qui est cool avec ce jeu. Un délire totalement et complètement assumé. Si vos joueurses rentrent dans les délire, iels finiront par développer des stratégies d'équipe, avec éventuellement un cri de guerre et une choré, comme dans un Fort Boyard déjanté. C'est pas le jeu le plus intelligent de votre ludothèque mais je vous garantis que vous allez passer un super moment si vous vous abandonnez au concept.

X-Crawl Classics Complete Collection, un jeu en anglais de Goodman Games, dans les 150€

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