Je me sentais d'humeur à m'attaquer à un classique. Et K. Dick convenait parfaitement à cette envie car je garde un bon souvenir de mon unique lecteur dickienne : Ubik. Or donc, Le maître du Haut Château se déroule dans un monde où le Japon et l'Allemagne ont gagné la seconde guerre mondiale et se partagent le monde. L'action se déroule dans la région de San Francisco et fait le ping-pong entre différentes intrigues : des artisans qui tentent de se lancer dans le commerce de bijoux, un antiquaire d'art qui rêve de fortune, un japonais qui nage au milieu d'un complot politique, une femme qui enseigne le judo et qui tente d'échapper à sa petite vie... Toutes ces intrigues ont un point commun : elles parlent toutes d'un livre interdit qui décrit une histoire incroyable où l'Allemagne et le Japon auraient perdu la seconde guerre mondiale. Qui pourrait croire à ce genre de balivernes ?
Et bien j'ai presque détesté ma lecture. Rien ne m'a intéressé dans cette histoire. La vie à la petite semaine des artisans américains ou les cas de conscience de l'antiquaire m'ont fait bailler d'ennui. Je n'ai absolument rien compris au complot politique, ni son mode opératoire ni les menaces qu'il faisait peser sur le monde. L'escapade amoureuse de la prof de judo avec le premier venu m'a été insupportable de banalité. Si on ajoute à tout ce bloubiboulga l'obsession de K. Dick pour la divination chinoise et un style littéraire très déplaisant (avec d'interminables discours intérieurs chez certains protagonistes façon "Mon dieu, que va penser Bidule de ce que j'ai dit ?" qui sont censés représenter les difficultés de la psychologie japonaise), on obtient une uchronie au pitch très intéressant mais au traitement loupée. Et que dire du final du livre, tellement anticlimax qu'on se dit "Tout ça pour ça ?".
C'est d'autant plus dommage que les rares moments où l'auteur décrit les conséquences socio-histo-politico-économique de son postulat de départ, c'est intéressant. J'ai pris plaisir à imaginer un Japon qui domine les USA et l'ignominie d'une Allemagne capable d'aller sur Mars et qui écrase l'Afrique sous sa botte. Mais ces bons moments sont noyés par un récit sans enjeux et au style souvent rebutant.
Ce roman a reçu le prix Hugo en 1963 et est considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de Dick. J'en viens donc à la conclusion suivante : je n'aime pas les auteurs paranoïaques qui écrivent sous LSD, délirent sur des mysticismes à base de retours d'acide et prétendent entretenir une correspondance avec des aliens.
L'avis de Philippe
J'avoue que autant j'adore Dick pour la 1e partie de son oeuvre, autant j'ai du mal avec les trucs écrits sur la fin (celui-ci, le Dieu venu du Centaure, la trilogie divine, etc.). Je m'étais cassé les dents il y a pas mal d'années sur le maître du Haut Château, le billet de Cédric ne me donne pas envie de m'y replonger...
C'est d'autant plus dommage que les rares moments où l'auteur décrit les conséquences socio-histo-politico-économique de son postulat de départ, c'est intéressant. J'ai pris plaisir à imaginer un Japon qui domine les USA et l'ignominie d'une Allemagne capable d'aller sur Mars et qui écrase l'Afrique sous sa botte. Mais ces bons moments sont noyés par un récit sans enjeux et au style souvent rebutant.
Ce roman a reçu le prix Hugo en 1963 et est considéré comme l'un des chefs d'oeuvre de Dick. J'en viens donc à la conclusion suivante : je n'aime pas les auteurs paranoïaques qui écrivent sous LSD, délirent sur des mysticismes à base de retours d'acide et prétendent entretenir une correspondance avec des aliens.
L'avis de Philippe
J'avoue que autant j'adore Dick pour la 1e partie de son oeuvre, autant j'ai du mal avec les trucs écrits sur la fin (celui-ci, le Dieu venu du Centaure, la trilogie divine, etc.). Je m'étais cassé les dents il y a pas mal d'années sur le maître du Haut Château, le billet de Cédric ne me donne pas envie de m'y replonger...
Celui-ci et "Le Dieu venu du Centaure" ne sont pas des Dick tardifs, mais datent du début des années 1960, sa période de plus forte production.
RépondreSupprimerEt il est très bien.
Comme tout Dick (ou presque).
Je vous ai à l'oeil, hérétiques !
> Comme tout Dick (ou presque).
RépondreSupprimerAh mais je suis tout à fait d'accord, Dick Rivers, c'est génial.
D'accord aussi avec Cedric. Ca m'a prodigieusement gonflé. Une uchronie qui m'a vraiment plu, en revanche, c'est "Fatherland" de Robert Harris.
RépondreSupprimerJ'opine, Fatherland était une bonne uchronie.
RépondreSupprimerGromovar : TAKATAKATAKATAKATAKATAK.
RépondreSupprimerVenez pas dire que j'vous avais pas prév'nus ! ;)
Tout est dit dans l'article de sieur Cédric :
RépondreSupprimerPitch accrocheur, les conséquences mondiales, technologiques et politiques de la victoire de l'Allemagne et du Japon très intéressantes mais l'histoire est, somme toute, très banale et le dénouement plus que décevant.
En effet "Tout ça pour ça"
@ Gromovar : Merci pour le conseil sur Fatherland
@ Tous : que pensez-vous de "Rêve de Fer" de Norman Spinrad ?
Joyeuses fêtes
Uglah
J'adore Spinrad.
RépondreSupprimer"Rêve de fer", c'est une chouette mauvaise blague, jubilatoire et salutaire comme toutes les bonnes mauvaises blagues, mais un peu longuette, pour le coup.
RépondreSupprimerPour lire des mauvaises blagues moins longuettes, lire plutôt de Spinrad "les années fléeaux" qui regroupent plusieurs novellas.
RépondreSupprimerDe Spinrad, j'aurais tendance à conseiller En Direct et Jack Barron, mais c'est hors sujet.
RépondreSupprimerPar contre, j'ai moi aussi détesté ma lecture du Haut Chateau, comme j'ai détesté ce que j'ai pu lire de Dick (alors qu'étrangement j'aime souvent les adaptations ciné de ses livres).
Même la dernière, avec Nicolas Cage ? (Next)
RépondreSupprimerBen ouais. Un film débile mais qui passe bien, avec un chouette effet visuel. Ca pète pas loin, mais je soupçonne Cage de s'amuser à faire du nanar assumé (oui, j'ai aimé Ghost Rider en tant que nanar assumé).
RépondreSupprimerouep perso j'ai même pas pu le terminer le bouquin tellement c'est de la *****
RépondreSupprimerJ'ai regardé Next, suite au commentaire de Philippe et Loris. Je n'ai pas du tout accroché à l'idée de la bombe atomique et je n'avais jamais vu une fin de film botter autant en touche (zou, vous ne saurez pas le fin mot de l'histoire). La nouvelle de Dick raconte quoi par rapport au film ?
RépondreSupprimerAh ben j'avions ben dit que c'était un nanar, hein. Assumé et suave comme une vodka tagada, mais pas bon pour autant, tout comme la dite vodka tagada.
RépondreSupprimerMoi perso j'ai pas aimé Next, et les effets visuels ne valent pas les 2h que l'on peut passer sur le film. Je n'ai jamais été féru de nanars, un mauvais film est un mauvais film.
RépondreSupprimerQuant à la nouvelle, je pense qu'elle n'a en commun avec le film que le pitch de base, mais il faudrait que je vérifie.
Ah, je viens de le lire... Pour ma part j'ai plutot apprécié les dialogues intérieurs et la vie des antiquaires, mais en partie parce que j'avais l'impression que cela allait amener a quelque chose. Malheureusement comme on le constate, ca ne mène a rien (ou a quelque chose que je ne comprend pas au choix). Du coup le soufflet retombe a plat. C'est dommage car c'était tout plein de bonnes idées...
RépondreSupprimerJe suis d'accord sur l'uchronie : intéressante, mais développée uniquement par le biais de personnages singuliers: on aurait voulu en savoir plus, même si le monde présenté comporte deux puissances antagonistes Japon / Allemagne ( anciens alliés) comme les 2 blocs de la guerre froide ( USA / URSS).
RépondreSupprimerPar contre , j'attendais à chaque chapitre le retournement de situation qui nous aurait propulsé dans l'envers du décors, façon Ubick.
Cet évènement n'arrive que dans les dernières pages et de façon très peu convainquante. Frustrant !