Lawrence Block écrit des polars depuis les années 50. Autant dire qu'il maîtrise son sujet. Il a plusieurs séries à son actif (dont un biclassé libraire/cambrioleur, un agent secret insomniaque, un tueur...) mais celle qui nous intéresse aujourd'hui est celle consacré à Matt Scudder.
Matt était flic. Au cours d'une arrestation, il a tué une fillette par accident (une balle a ricoché). Il a aussitôt rendu son badge d'inspecteur et quitté sa femme et ses deux fils pour aller s'enterrer dans la chambre d'un hôtel minable où il cuve son bourbon et sa culpabilité loin des autres. Il n'est pas détective privé (puisqu'il n'a pas de permis) mais il "rend service" à des gens contre de l'argent. Il utilise ses anciens contacts dans la Police, est un peu introduit dans les milieux interlopes... c'est quelqu'un de débrouillard. Son plus gros souci est l'alcool. Il lui arrive de finir à l'hôpital tellement il boit. Aussi, après ses premières enquêtes, il va rejoindre les Alcooliques Anonymes pour se sevrer. Un combat de tous les instants qui hante chacun des bouquins de la série. Pour l'aider à tenir le coup, Matt croise des femmes avec qui ça ne se passe pas toujours bien. Heureusement, il y a Elaine, une prostituée avec qui il est très proche.
À cause d'Artutha, j'ai lu six ou sept romans mettant en scène Matt Scudder dans les derniers mois. Ce qui est remarquable dans le travail de Lawrence Block, ce ne sont ni son sens du suspens ni ses intrigues policières à triple niveau. C'est même tout le contraire. Les enquêtes de Scudder sont simples, crédibles (quand il ne court pas après un tueur en série) et noires. La grande force de l'écriture de Block, c'est dans son approche minutieuse de la narration. Chaque détail de la vie de Scudder est décrit. Combien il a bu de café. A-t-il reçu du courrier. Où se passait sa réunion des AA du jour. C'est un travail pointilleux, pas toujours très sexy à lire, mais qui aide à construire le personnage central. Ainsi, sa lutte contre l'alcool est un marathon dont le lecteur subit chaque pas. Même quand Scudder s'emmerde, le lecteur le sait.
Ce travail d'entotomologue est aride, surtout quand on enchaîne les romans, l'effet de répétition est dévastateur. Mais on aime le sens du détail, si le thème de l'alcoolisme est un truc qui vous chatouille, alors c'est puissant. De plus, l'écriture des romans s'étale entre 1976 et 2004. Autant dire que le petit monde de Scudder change. Le décor urbain de Manhattan évolue, Scudder est obligé de prendre position face à la modernité.
Bref, de la même manière qu'Ed McBain a fait une fresque avec son 87th precinct d'Isola, Lawrence Block fait du pointillisme newyorkais avec sa saga de Matt Scudder. C'est daté, c'est cliché, mais c'est puissant. Surtout que la lutte de Scudder contre l'alcool semble terriblement autobiographique et donc juste.
PS : il existe un film avec Jeff Bridges dans le rôle titre. Le scénario a été adapté par Oliver Stone. Admirez l'affiche qui sent bon les années 80.
Matt était flic. Au cours d'une arrestation, il a tué une fillette par accident (une balle a ricoché). Il a aussitôt rendu son badge d'inspecteur et quitté sa femme et ses deux fils pour aller s'enterrer dans la chambre d'un hôtel minable où il cuve son bourbon et sa culpabilité loin des autres. Il n'est pas détective privé (puisqu'il n'a pas de permis) mais il "rend service" à des gens contre de l'argent. Il utilise ses anciens contacts dans la Police, est un peu introduit dans les milieux interlopes... c'est quelqu'un de débrouillard. Son plus gros souci est l'alcool. Il lui arrive de finir à l'hôpital tellement il boit. Aussi, après ses premières enquêtes, il va rejoindre les Alcooliques Anonymes pour se sevrer. Un combat de tous les instants qui hante chacun des bouquins de la série. Pour l'aider à tenir le coup, Matt croise des femmes avec qui ça ne se passe pas toujours bien. Heureusement, il y a Elaine, une prostituée avec qui il est très proche.
À cause d'Artutha, j'ai lu six ou sept romans mettant en scène Matt Scudder dans les derniers mois. Ce qui est remarquable dans le travail de Lawrence Block, ce ne sont ni son sens du suspens ni ses intrigues policières à triple niveau. C'est même tout le contraire. Les enquêtes de Scudder sont simples, crédibles (quand il ne court pas après un tueur en série) et noires. La grande force de l'écriture de Block, c'est dans son approche minutieuse de la narration. Chaque détail de la vie de Scudder est décrit. Combien il a bu de café. A-t-il reçu du courrier. Où se passait sa réunion des AA du jour. C'est un travail pointilleux, pas toujours très sexy à lire, mais qui aide à construire le personnage central. Ainsi, sa lutte contre l'alcool est un marathon dont le lecteur subit chaque pas. Même quand Scudder s'emmerde, le lecteur le sait.
Ce travail d'entotomologue est aride, surtout quand on enchaîne les romans, l'effet de répétition est dévastateur. Mais on aime le sens du détail, si le thème de l'alcoolisme est un truc qui vous chatouille, alors c'est puissant. De plus, l'écriture des romans s'étale entre 1976 et 2004. Autant dire que le petit monde de Scudder change. Le décor urbain de Manhattan évolue, Scudder est obligé de prendre position face à la modernité.
Bref, de la même manière qu'Ed McBain a fait une fresque avec son 87th precinct d'Isola, Lawrence Block fait du pointillisme newyorkais avec sa saga de Matt Scudder. C'est daté, c'est cliché, mais c'est puissant. Surtout que la lutte de Scudder contre l'alcool semble terriblement autobiographique et donc juste.
PS : il existe un film avec Jeff Bridges dans le rôle titre. Le scénario a été adapté par Oliver Stone. Admirez l'affiche qui sent bon les années 80.
Les péchés des pères
Tuons et créons, c'est l'heure
Au cœur de la mort
Huit millions de façons de mourir
Le blues des alcoolos
Drôles de coups de canif
Un ticket pour la morgue
Une danse aux abattoirs
La balade entre les tombes
Le diable t'attend
Tous les hommes morts
Même les scélérats...
Ils y passeront tous
Trompe la mort
Les fleurs meurent aussi
Tuons et créons, c'est l'heure
Au cœur de la mort
Huit millions de façons de mourir
Le blues des alcoolos
Drôles de coups de canif
Un ticket pour la morgue
Une danse aux abattoirs
La balade entre les tombes
Le diable t'attend
Tous les hommes morts
Même les scélérats...
Ils y passeront tous
Trompe la mort
Les fleurs meurent aussi
Merci de ce retour. Sept tomes depuis la présentation d'Arutha ? C'est plus de l'amour c'est de la rage ;o))
RépondreSupprimerL'avantage, c'est que Block est bien présent chez les bouquinistes, du coup j'ai trouvé une belle pile de Scudder à pas cher.
RépondreSupprimerEt puis certains de ces romans sont courts.
Quel bonheur c'est de voir qu'on a réussi un tant soit peu à intéresser quelqu'un à l'un de ses coups de coeur. On a alors le sentiment que tous les efforts qu'on déploie à faire un blog n'ont pas été vains.
RépondreSupprimerJe confirme que les premiers romans de la série Matt Scudder sont courts et tous se lisent avec une facilité déconcertante. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi fluide (même s'il s'agit de traductions).
Cédric, si le théme de l'alcoolisme te chatouille je ne saurais trop te conseiller, si tu ne la connais pas encore, l'oeuvre de Ken Bruen. Du point de vue de la désespérance, c'est Block puissance 10. Ici, non seulement les intrigues ne présentent qu'un intérêt mineur, mais il n'est pas rare de voir notre détective imbibé se planter misérablement. C'est pas commun, mais alors pas du tout.
J'ai oublié de préciser que je voulais parler de sa série autour de Jack Taylor. Il en existe une autre que je ne connais pas avec les flics Roberts & Brant (R&B) et qui est paraît-il excellente aussi.
J'avais déjà parlé de Denis Lehanne je ne rajouterai donc rien.
Voilà, en tout cas, mes trois coups de coeur polar de 2007-2008.
Le film "8 million ways to die", réalisé par Hal Ashby (1986), n'est pas aussi cruche que son affiche peut le laisser penser.
RépondreSupprimerJeff Bridges est plutôt bon dans le rôle du flic hanté par l'alcool, et Andy Garcia (alors à ses débuts) est un "méchant" tout à fait convaincant.
Mais le film en lui-même manque de solidité, d'un souffle créatif.
Peut on espèrer une traduction de "a stab in the dark" une enquête de Matt Scudder qui pour l'instant n'existe qu'en américain?
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