Quand The Office rencontre un FPS dans un décor façon Les fils de l'homme.
Ça commence par une note de 9/10 sur IMDB et une bande-annonce alléchante :
Donc, les mollusques sont arrivés sur Terre il y a 20 ans. Contre toute attente, leur vaisseau ne s'est pas pointé sur New York ou Paris mais sur Johannesburg. Ils sont parqués dans des ghettos, vivent dans des bidons-villes et mangent du caoutchouc et de la bouffe pour chat. Quand le film débute à la manière d'un documentaire, la multinationale qui gère tout ce merdier a décidé de relocaliser les aliens dans des camps de concentration éloignés de Johannesburg pour changer les problèmes de place. Misère, trafic, éradication d'une race : ça fleure bon la SF sociale.
L'anti-héros qui sert à la narration se nomme Wikus van de Merwe. C'est un personnage digne de The Office, un petit fonctionnaire qui se retrouve sur la ligne de front quand il faut faire appliquer les ordres d'expulsion. Maladroit, raciste, trouillard, on le suit dans une succession de scènes filmées en caméra à l'épaule ou par des caméras de sécurité. L'Afrique du sud comme terre d'asile d'une race d'alien, c'est bien évidemment l'occasion de mettre en scène le rejet, l'incompréhension de l'autre, l'atavisme, la coexistence de deux races... Ça pourrait tout aussi bien être des soldats en train de pacifier l'Irak.
Et puis après cette première demi-heure jouissive, arrive l'influence du First Personal Shooter : le film glisse vers le jeu vidéo avec son arsenal démentiel, des gerbes de sang qui giclent jusque sur la caméra, un robot de combat digne d'un manga... Le discours critique cède la place à une looooongue suite de fusillades. Et l'on comprend alors que le réalisateur avait initialement prévu de filmer une adaptation du jeu vidéo Halo, mais que le projet étant tombé à l'eau, il a recyclé son scénario pour faire de la SF sans franchise. La prépondérance du combat, des armes aliens et des méchants soldats qui font rien qu'à être des brutes s'explique d'elle-même.
Et pour encore plus décevoir le spectateur qui pensait voir un film de SF intelligent, le final n'en est pas un : pas d'explication sur la présence des mollusques, et l'intrigue ne tient pas debout.
En conclusion, District 9 aurait mérité de rester le court-métrage qu'il était à l'origine. Le vernis social est finalement très très mince, c'est avant tout un film d'action déguisé. Et il ne faut jamais oublier que les votes d'IMDB proviennent majoritairement de jeunes gens fans des jeux vidéos qui votent fort quand les effets spéciaux cachent la misère scénaristique. C'est dommage car le passage de Wikus van de Merwe vers l'autre côté du miroir était prometteur. Au lieu de ça, j'ai eu droit à un "Capture the flag".
Attention, spoiler, le reste de ce billet parle explicitement de l'intrigue du film.
Plusieurs trucs m'ont chiffonné :
- les aliens comprennent le language humain et les humains comprennent le language alien. J'ai déjà du mal à être bilingue sur Terre, alors l'idée de comprendre les cliquetis d'un alien me semble... impossible ?
- or donc, les aliens ont des armes de destruction massive mais ne sont pas foutus de les utiliser contre les Nigériens ou des soldats ? Dans les scènes de baston, on les voit qui sont capables de déchiqueter un homme en quelques secondes à mains nues, mais pourtant on arrive à les contraindre facilement.
- donc, ils sont piégés sur Terre, mais il suffit qu'ils récoltent de l'énergie (avec laquelle ils sont venus sur Terre) pour repartir ? Cette énergie, ils l'avaient dès le départ, ils ne l'ont pas perdu, alors pourquoi cet arrêt sur Terre ? Pour faire le plein de bouffe de chat ?
Le film est classé comme le 26e meilleur film de tous les temps sur IMDB au moment où j'écris ces mots (avec 12 000 votants).
L'anti-héros qui sert à la narration se nomme Wikus van de Merwe. C'est un personnage digne de The Office, un petit fonctionnaire qui se retrouve sur la ligne de front quand il faut faire appliquer les ordres d'expulsion. Maladroit, raciste, trouillard, on le suit dans une succession de scènes filmées en caméra à l'épaule ou par des caméras de sécurité. L'Afrique du sud comme terre d'asile d'une race d'alien, c'est bien évidemment l'occasion de mettre en scène le rejet, l'incompréhension de l'autre, l'atavisme, la coexistence de deux races... Ça pourrait tout aussi bien être des soldats en train de pacifier l'Irak.
Et puis après cette première demi-heure jouissive, arrive l'influence du First Personal Shooter : le film glisse vers le jeu vidéo avec son arsenal démentiel, des gerbes de sang qui giclent jusque sur la caméra, un robot de combat digne d'un manga... Le discours critique cède la place à une looooongue suite de fusillades. Et l'on comprend alors que le réalisateur avait initialement prévu de filmer une adaptation du jeu vidéo Halo, mais que le projet étant tombé à l'eau, il a recyclé son scénario pour faire de la SF sans franchise. La prépondérance du combat, des armes aliens et des méchants soldats qui font rien qu'à être des brutes s'explique d'elle-même.
Et pour encore plus décevoir le spectateur qui pensait voir un film de SF intelligent, le final n'en est pas un : pas d'explication sur la présence des mollusques, et l'intrigue ne tient pas debout.
En conclusion, District 9 aurait mérité de rester le court-métrage qu'il était à l'origine. Le vernis social est finalement très très mince, c'est avant tout un film d'action déguisé. Et il ne faut jamais oublier que les votes d'IMDB proviennent majoritairement de jeunes gens fans des jeux vidéos qui votent fort quand les effets spéciaux cachent la misère scénaristique. C'est dommage car le passage de Wikus van de Merwe vers l'autre côté du miroir était prometteur. Au lieu de ça, j'ai eu droit à un "Capture the flag".
Attention, spoiler, le reste de ce billet parle explicitement de l'intrigue du film.
Plusieurs trucs m'ont chiffonné :
- les aliens comprennent le language humain et les humains comprennent le language alien. J'ai déjà du mal à être bilingue sur Terre, alors l'idée de comprendre les cliquetis d'un alien me semble... impossible ?
- or donc, les aliens ont des armes de destruction massive mais ne sont pas foutus de les utiliser contre les Nigériens ou des soldats ? Dans les scènes de baston, on les voit qui sont capables de déchiqueter un homme en quelques secondes à mains nues, mais pourtant on arrive à les contraindre facilement.
- donc, ils sont piégés sur Terre, mais il suffit qu'ils récoltent de l'énergie (avec laquelle ils sont venus sur Terre) pour repartir ? Cette énergie, ils l'avaient dès le départ, ils ne l'ont pas perdu, alors pourquoi cet arrêt sur Terre ? Pour faire le plein de bouffe de chat ?
Le film est classé comme le 26e meilleur film de tous les temps sur IMDB au moment où j'écris ces mots (avec 12 000 votants).
moi qui pensais aller le voir, du coup je suis refroidi et je vais passer mon tour sur celui là (surtout que je cours un peu après le temps en ce moment).
RépondreSupprimerDonc merci pour la critique qui me fera gagner du temps.
Merci d'avoir essuyer les platres et du coup pour le temps que tu viens de me faire gagner !
RépondreSupprimerLe trailer ne m'avait pas donné envie d'en voir plus. Ton avis confirme ce choix, merci.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il me tentait bien celui-là, pour cette première partie que tu évoques. Dur dur de trouver des films SF qui ont du "corps".
RépondreSupprimerCeci dit, quand on aime les armes aliens, les exosquellettes de combat et les escouades de GI's, on en a pour son argent.
RépondreSupprimerRassurez-moi : ce n'est pas du dernier film produit par Tim Burton que l'on parle, si ?
RépondreSupprimerNon, non, c'est le dernier Almodovar.
RépondreSupprimerLa production Burton c'est Numéro 9.
RépondreSupprimerSinon voilà un bon exemple de comment se faire flouer par une bande annonce...
Ah oui, c'est parce qu'il y a "9" dans les deux titres... Ceci dit, je viens de voir que ce truc était une production Peter Jackson. Hum.
RépondreSupprimerDommage, parce que le court-métrage est en effet intéressant, et pour le coup ne parle que de l'aspect social : on comprend bien qu'il s'agit d'une fable.
un peu méchant comme critique.. j'ai vraiment adoré ce film et j'espère vraiment une suite (dans ces fameux 3 ans promis par l'alien) sans parler de l'histoire c'est super bien fait ya desfois ou on se demande si c'est un mec en costume ou de la 3D, ou un peu des 2, assez "réaliste" comme effets spéciaux
RépondreSupprimeret ca montre bien la connerie humaine aussi..
j'espère vivre assez longtemps pour voir des êtres extra-terrestre
Je ne suis pas non plus d'accord avec cette critique...
RépondreSupprimerJ'ai attendu ce film pendant des mois et je n'ai pas du tout été déçue. Et pourtant les films d'action, très peu pour moi!
Je lui ai trouvé une dimension autre que le simple film d'extraterrestres qu'on a déjà traité 50 fois.
Tu pourras lire notre critique sur notre blog si tu le souhaites.
Juste une chose qui me choque dans tes spoilers de fin de post: "or donc, les aliens ont des armes de destruction massive mais ne sont pas foutus de les utiliser contre les Nigériens ou des soldats ? Dans les scènes de baston, on les voit qui sont capables de déchiqueter un homme en quelques secondes à mains nues, mais pourtant on arrive à les contraindre facilement." Et les juifs alors pendant la guerre? Ils étaient bien assez nombreux pour se rebeller et éviter ce qu'ils ont subit non? Le gueto de Varsovie ss dec, pourquoi ils se sont laissé faire comme ça? L'union fait la force non? Il y a malheureusement plein d'autres exemples qui démontent ton argumentation (les indiens, les noirs esclaves...). Ce sont tt simplement des hommes (bon ici des aliens ok ^^) que l'on a détruit psychologiquement, réduit en bouillie leur personnalité et tout potentiel de rébellion.
Pr en revenir à "District 9" pour moi c'est un excellent film à voir! :) Par contre je ne suis pas comme le monsieur du commentaire précédent, je ne veux pas de suite!
Toutes les réponses ne sont pas apportées à toutes les questions qui se posent...
RépondreSupprimerDe là à en faire un film inachevé, le raccourci me semble un peu facile.
Les questions que tu poses sont légitimes, mais un peu d'imagination personnelle, un peu de recul, et un peu de recherche parmi d'autres oeuvres SF, ou même dans l'histoire comme le signale le précédent commentaire, suffiraient à apporter toutes sortes de réponses tout à fait acceptables.
Et imaginer que le scénariste n'a pas ses propres réponses me semble assez réducteur vis à vis de son travail.
La question est plutôt celle de la nécessité ou non, de sa volonté ou non, de nous donner toutes ses réponses, maintenant, ou plus tard, dans une suite ou non, ou de nous laisser face à notre imaginaire !
non ?