Je suis à la pointe de l'actualité littéraire avec ce roman publié à l'origine en 1912. Le mystérieux docteur Fu Manchu est signé par Sax Rhomer. Cette édition est bien évidemment en lice pour le prix de la couverture la plus moche de l'année, dans la catégorie "l'infographiste a conçu le montage pendant sa pause déjeuner".
Or donc, le Péril Jaune menace le monde. Le terrible, le cruel, le fourbissime docteur Fu Manchu, génie du crime chinois, est à Londres et assassine des honnêtes gens pour faire avancer son plan machiavélique : faire trébucher l'Occident. Heureusement, le bon docteur Petrie et l'agent secret Nayland Smith sont là pour s'opposer à l'ignoble docteur et déjouer ses pièges. Nos deux héros courent de partout et font feu de tout bois pour affronter les plans retors du terrible Fu Manchu.
Bon, il faut de l'indulgence pour s'attaquer à ce roman d'action du temps passé. Le docteur Petrie, qui narre les aventures, fait immanquablement penser à Watson, mais son copain l'agent secret n'a rien d'un Holmes. Fu Manchu multiplie les assassinats, les coups de pute et les intrigues, tant est si bien que s'en est risible d'imbécilité à force d'accumulation. Mais c'est charmant, on finit par accepter tout ça comme allant de soi. C'est du grand-guignol qui avance le pied au plancher (enfin, à la vitesse d'une Ford T), sans prendre le temps d'expliquer tout le pourquoi du comment toute cette histoire a lieu. Les fumeries d'opium, les chausses-trappes, les poisons exotiques, les femmes à la sensualité trouble sont autant d'accessoires ou de décor de cinéma qui servent à camper des situations horribles ou mystérieuses et faire en sorte que le lecteur tourne la page suivante. Et ça marche, si on baisse volontairement sa garde de lecteur moderne.
La description du maléfique Fu Manchu, le Moriarty de Cathay, trouve une résonance dans notre modernité si effrayée par ce monde chinois qui nous fascine et nous effraie à la fois. À l'heure des espions chinois, du lait à la mélamine, des droits de l'homme, du Tibet et du communisme capitaliste, ce roman vient titiller notre sinophobie latente. Car oui, dans Fu Manchu, les Chinois sont tous fourbes, traitres et vils. C'est intrinsèque à leur sang. Ça fleure bon le racisme de l'époque, comme un Tintin au Congo. Mais bon, Fu Manchu est sorti du cadre des romans de Sax Rohmer pour incarner l'idéal de l'ennemi insaisissable. Plus fort que tous les méchants de James Bond réunis. Fantomas ressemble à un Schtroumpf à côté. Et il faut avouer que cette image d'Épinal de la fourberie asiatique est assez jouissive.
Rohmer a étiré la sauce sur une grosse douzaine de romans. Je ne pense pas lire toute la saga, mais la suite Les créatures du docteur Fu Manchu est déjà dans ma PAL.
L'ironie suprême est que Sax Rhomer est mort en 1959 de la grippe... asiatique.
Or donc, le Péril Jaune menace le monde. Le terrible, le cruel, le fourbissime docteur Fu Manchu, génie du crime chinois, est à Londres et assassine des honnêtes gens pour faire avancer son plan machiavélique : faire trébucher l'Occident. Heureusement, le bon docteur Petrie et l'agent secret Nayland Smith sont là pour s'opposer à l'ignoble docteur et déjouer ses pièges. Nos deux héros courent de partout et font feu de tout bois pour affronter les plans retors du terrible Fu Manchu.
Bon, il faut de l'indulgence pour s'attaquer à ce roman d'action du temps passé. Le docteur Petrie, qui narre les aventures, fait immanquablement penser à Watson, mais son copain l'agent secret n'a rien d'un Holmes. Fu Manchu multiplie les assassinats, les coups de pute et les intrigues, tant est si bien que s'en est risible d'imbécilité à force d'accumulation. Mais c'est charmant, on finit par accepter tout ça comme allant de soi. C'est du grand-guignol qui avance le pied au plancher (enfin, à la vitesse d'une Ford T), sans prendre le temps d'expliquer tout le pourquoi du comment toute cette histoire a lieu. Les fumeries d'opium, les chausses-trappes, les poisons exotiques, les femmes à la sensualité trouble sont autant d'accessoires ou de décor de cinéma qui servent à camper des situations horribles ou mystérieuses et faire en sorte que le lecteur tourne la page suivante. Et ça marche, si on baisse volontairement sa garde de lecteur moderne.
La description du maléfique Fu Manchu, le Moriarty de Cathay, trouve une résonance dans notre modernité si effrayée par ce monde chinois qui nous fascine et nous effraie à la fois. À l'heure des espions chinois, du lait à la mélamine, des droits de l'homme, du Tibet et du communisme capitaliste, ce roman vient titiller notre sinophobie latente. Car oui, dans Fu Manchu, les Chinois sont tous fourbes, traitres et vils. C'est intrinsèque à leur sang. Ça fleure bon le racisme de l'époque, comme un Tintin au Congo. Mais bon, Fu Manchu est sorti du cadre des romans de Sax Rohmer pour incarner l'idéal de l'ennemi insaisissable. Plus fort que tous les méchants de James Bond réunis. Fantomas ressemble à un Schtroumpf à côté. Et il faut avouer que cette image d'Épinal de la fourberie asiatique est assez jouissive.
Rohmer a étiré la sauce sur une grosse douzaine de romans. Je ne pense pas lire toute la saga, mais la suite Les créatures du docteur Fu Manchu est déjà dans ma PAL.
L'ironie suprême est que Sax Rhomer est mort en 1959 de la grippe... asiatique.
Je l'avais lu voici très longtemps et j'en garde le même souvenir que toi. Rigolo, frénétique, grand guignol. Pas évident à lire de nos jours.
RépondreSupprimerJe l'ai terminé la semaine dernière.
RépondreSupprimerJ'ai souffert. Pas de rythme, des trous béants dans l'intrigue, un style qui devient très vite lourdingue...
Et pourtant que de bonnes idées à reprendre, de descriptions à utiliser !
Bref, un bon outil, mais pas un bon livre.
Effectivement, le narrateur est assez lassant entre ses élans amoureux pour une esclave nubile et ses effets de manche à répétition.
RépondreSupprimerMaintenant, du rythme, je trouve qu'il y en a : les complots s'enchainent, les menaces s'accumulent... on ne peut pas reprocher au livre qu'il ne se passe rien.
J'ai beaucoup pensé à Murdoch, le méchant dans McGyver, qui s'en sort toujours et qui revient la semaine suivante avec un plan encore plus diabolique. Fu Manchu a eu une longue descendance de fils spirituel.
Effectivement un grand classique du Grand Guignol. Si tenté que le lecteur se laisse volontiers aller et accepte de jouer le jeu, ça coule comme du petit lait et fait passé un bon moment.
RépondreSupprimerBon, j'ai lu le second tome. C'est un clone du premier, ça n'apporte rien du tout. Même mystère, mêmes effets de narration, mêmes rebondissements. On sent que l'auteur va se parodier lui-même pendant des volumes entiers.
RépondreSupprimerJe conseille donc de se limiter au premier tome qui est archétypal à souhait.